STYLE
Publié le
1er octobre 2025
Lauréat du prestigieux prix LVMH 2025, le designer japonais Soshi Otsuki insuffle depuis dix ans une vision très précise de la mode masculine. Entre une rigueur quasi militaire, un héritage nippon assumé et une élégance naturelle, il apparaît aujourd’hui comme un ovni parmi les créateurs de sa génération.
Le 3 septembre dernier, l’auditorium de la Fondation Louis Vuitton avait des allures de rentrée des classes. Sous les regards experts de Delphine Arnault et Bernard Arnault, mais aussi de Jonathan Anderson, Sarah Burton, Nicolas Ghesquière, Pharrell Williams, Nigo, Phoebe Philo, Silvia Venturini et Stella McCartney (rien que ça), huit jeunes créateurs ont présenté deux silhouettes chacun pour l’édition 2025 du prestigieux prix. "Le prix LVMH célèbre le talent, la créativité et la résilience. Il ne reconnaît pas seulement l'excellence. Car le vrai succès est une histoire de courage, de consistance. À tous-tes les finalistes : votre vision nous inspire". C'est avec ces mots que l’actrice indienne Deepika Padukone a introduit le grand gagnant : Soshi Otsuki, un créateur japonais âgé de 35 ans et fondateur de son propre label Soshiotsuki.
Né en 1990 à Chiba au Japon, le designer a suivi une formation exigeante au Bunka Fashion College et à l’école privée coconogacco. A tout juste 25 ans, il fonde son propre label et se fait vivement remarquer dès l’année suivante en atteignant les demi-finales du prix LVMH. Dix ans plus tard, sa persévérance est enfin récompensée par la distinction suprême. Avec une dotation de 400 000 euros et un mentorat assuré par les équipes du groupe, Soshi Otsuki a désormais toutes les cartes en main pour s’imposer comme l’un des créateurs les plus prometteurs de sa génération. Depuis ses débuts, il bâtit une mode masculine centrée sur l’art du tailleur, qu’il revisite avec une obsession pour la rigueur et le raffinement. Ses inspirations se lisent entre les plis de ses costumes, avec notamment Giorgio Armani, maître des silhouettes tout en fluidité, et Hedi Slimane, qui, chez Dior, s’est distingué avec une esthétique longiligne et élancée.
Parmi ces influences, Soshi Otsuki trouve sa propre voie en se nourrissant de l’héritage des traditions japonaises. Comme Rei Kawakubo ou Yohji Yamamoto dans les années 1980, il réinterprète les codes occidentaux avec un regard venu d’ailleurs, en apportant une sensibilité nouvelle au tailoring. Chaque pièce devient ainsi un terrain d’expérimentation où l’élégance se conjugue à la discipline, comme dans sa collection printemps-été 2025, inspirée par les employés de la bubble era japonaise (1986-1991). Fine cravate, poignets mousquetaires, épaules arrondies, boutonnage croisé, pantalons larges… Le designer expose sa propre version de ce que serait le vestiaire d’un dandy moderne. Loin de l’exubérance tapageuse du loud luxury, Soshi Otsuki propose un tailoring discret, précis, presque architectural, qui assurerait confiance et élégance à celui qui le porte.
À l’instar de Nigo chez Kenzo, il redonne également une place à l’identité japonaise dans une mode internationale souvent dominée par l’Europe. Avec son prix LVMH, Soshi Otsuki s’offre désormais une visibilité mondiale et un véritable tremplin pour transformer sa vision en influence durable. La vision d’une mode qui ne cherche pas à choquer mais à durer, et qui pourrait bien redéfinir les codes de la silhouette masculine actuelle.