CINÉMA
Alors que le troisième opus des aventures d’Hubert Bonisseur de la Bath, OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire, sort en salles ce mercredi 4 août, S-quive revient sur le succès des deux premiers volets, qui incarnaient déjà le renouveau d’une certaine idée de la comédie à la française.
"Comment est votre blanquette ?", "J’aime me beurrer la biscotte", "Une dictature, c’est quand les gens sont communistes, qu’ils ont froid, avec des chapeaux gris et des chaussures à éclair"... Vous avez probablement entendu l’une de ces répliques, devenues cultes, du plus célèbre agent secret de France. Né de l’imaginaire de l’écrivain Jean Bruce en 1949, qui en fait le personnage principal de près de 90 romans, OSS 117 est adapté au cinéma dès la fin des années 1950 par Jean Sacha, avant qu’André Hunebelle ne prenne la relève la décennie suivante.
Si les cinq films réalisés par Hunebelle connaissent un succès relatif, bien que nourri par les sorties, à la même époque, des premiers James Bond, l’arrivée de Michel Hazanavicius et de Jean Dujardin aux manettes 40 ans plus tard change considérablement le destin de la franchise. OSS 117 : Le Caire, nid d’espions voit le jour en 2006, suivi en 2009 par Rio ne répond plus. Pour les deux volets, les spectateurs sont au rendez-vous : le premier en réunit 2.3 millions, le second, 2.5 millions.
Comment expliquer la réussite à la fois critique et publique de cet agent gaffeur et volontiers rétrograde ? Le ton, déjà : là où les productions d’Hunebelle relevaient du film d’espionnage au sens classique du terme, Hazanavicius aborde le personnage d’OSS 117 et ses travers sous l'angle de la parodie (même si l’intéressé préfère parler de “comédie de détournement”). Avec une idée en tête : montrer le ridicule d’une époque désormais a priori révolue.
L’humour des films d’Hazanavicius se fonde ainsi sur le contraste entre ce héros sexiste et raciste et les changements politiques et sociaux du monde dans lequel il évolue : la fin de l’empire colonial dans Le Caire, nid d’espions, l’essor d’un nouveau courant féministe dans Rio ne répond plus. Les deux opus dévoilent ainsi, non sans ironie, la misogynie et le nationalisme déjà présents dans le personnage inventé par Jean Bruce.
Pour interpréter ce rôle plus complexe qu’il n’y paraît, Jean Dujardin use de la plasticité de son visage, à base de sourcils circonflexes et de sourires niais. Ses mimiques évoquent aussi aisément la présomption, l’innocence ou la bêtise crasse. Ses regards de braise rencontrent ainsi souvent la consternation de ses prétendantes, et ses soi-disant idées de génie se révèlent trop simplistes pour ses partenaires d’affaires. Autant d’arguments qui font espérer le meilleur pour la suite de la saga.
"OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire" dans les salles dès aujourd'hui.
Plus d'articles