100 ans plus tard, les tirailleurs (enfin) mis à l’honneur

Thématique très peu traitée, voire oubliée, la mémoire des tirailleurs sénégalais — ces soldats des territoires coloniaux d’Afrique noire au combat lors de la première guerre mondiale — semble enfin se dessiner. Jusque-là très effacée, la question pourtant primordiale des identités des soldats français et coloniaux est reprise par le réalisateur Mathieu Vadepied dans son film "Tirailleurs", co-produit par Omar Sy, et présenté à Cannes en mai dernier.

Plus habitué des comédies, Omar Sy affiche, cette fois-ci, un air grave qui dénote. L’acteur partage l’affiche avec le talentueux Alassane Diong, particulièrement captivant dans son premier rôle d’envergure. Personnage vulnérable en pleine construction identitaire, le jeune Thierno se voit capturé de force, lui qui sera, plus tard, l’un des seuls tirailleurs à maîtriser le français. Poussé par son instinct paternel, Bakary s'enrôlera, quant à lui, volontairement pour rejoindre les tranchées de Verdun, avec pour unique ambition l’évasion de son fils, du régiment français auquel il appartient. Dans leur forte interprétation en peul — langue pratiquée par certains peuples d’Afrique de l’Ouest —, les deux acteurs retracent une réalité cinglante rarement mise en lumière, pourtant nécessaire à la compréhension des mémoires collectives de la première guerre mondiale.

Récemment projeté à Verdun, puis à Dakar (Sénégal), "Tirailleurs" se destine à rassembler deux territoires tristement reliés par l’histoire, avec la perte de plus de 31 000 soldats coloniaux entre 1914 et 1918. "Pour continuer de renforcer ces liens, le film sera projeté dans tous les pays francophones d’Afrique de l’Ouest, avec la volonté qu’il y ait une reconnaissance de ces histoires, et pour modifier les regards et les ressentis", a conclu Mathieu Vadepied lors de l’avant-première du film.

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En salles aujourd’hui, "Tirailleurs" réalisé par Mathieu Vadepied.