LIFESTYLE
Imaginez franchir le seuil d'un hôtel et vous retrouver soudain propulsé dans un tourbillon artistique, où chaque pas vous plonge plus profondément dans l'univers de la Belle Époque revisitée. Au Miss Fuller, à deux pas de l'Arc de Triomphe, le simple fait de rejoindre votre chambre devient une performance sensorielle.

Dès que vous poussez la porte du 11, avenue Mac-Mahon, le voyage dans le temps démarre. Un vitrail monumental de Jacques Gruber (1870-1936) représentant le signe du Verseau vous accueille, annonçant l'expérience qui vous attend. La lumière traverse le verre texturé, projetant des reflets colorés qui dansent sur les murs. Vous êtes en 1894 et en 2025 à la fois. Levez les yeux : une magnifique verrière en corbeille inonde le rez-de-chaussée d'une lumière zénithale puisée dans la cour intérieure. Sous cette cathédrale de verre, le bar lounge vous invite à une première halte. Mais ce n'est pas un bar ordinaire.
Installez-vous confortablement. Levez les yeux vers la verrière. Vous voilà à bord d'une barque, contemplant un panorama forestier qui se transforme au fil de votre regard : bourgeons printaniers, feuillages luxuriants de l'été, couleurs flamboyantes de l'automne, branches enneigées de l'hiver. L'artiste Raphaëlle Peria a gratté la matière pour révéler le cœur du papier, créant une fresque délicate où la nature devient spectacle vivant. Autour de vous, des plumes de faïence précieuses habillent les murs. Votre cocktail ? Il a été créé par le mixologue en s'inspirant des œuvres des artistes qui ont investi l'hôtel. Chaque gorgée raconte une histoire, celle de spiritueux venus du monde entier, parce que l'Art nouveau s'est épanoui partout, de Paris à Vienne, de Barcelone à Bruxelles.

L'ascenseur s'élève. À chaque étage, une surprise. Vous ne choisissez pas simplement une chambre au Miss Fuller, vous choisissez dans quel univers artistique vous voulez plonger pour la nuit. Au 1er étage, Camille Chastang vous fait jouer avec vos sens. Le couloir est sombre, graphique, parsemé de camés végétaux réalisés à la main. Vous tournez la poignée de votre chambre et... explosion de couleurs ! Des fleurs luxuriantes grimpent sur les murs, évoquant les robes virevoltantes de Loïe Fuller lors de ses danses serpentines. Vous êtes dans un jardin secret, un écrin de soies et de lumières. Au 2e étage, Fabrice Cazenave vous berce vers le sommeil. La nature se fait nocturne dans le couloir, dessinée au fusain végétal sur textile décoloré. Dans votre chambre, le graphite habille les murs. Regardez de plus près : la verveine et la camomille ont été révélées par effacement de la matière. Ces plantes apaisantes semblent flotter dans un rêve éveillé. Vous sentez déjà vos paupières s'alourdir.

Au 3e étage, Chloé Dugit-Gros vous invite à un jeu graphique. Vos pieds foulent une moquette où les coups de pinceaux dialoguent avec la géométrie des murs. Approchez-vous : la répétition des fleurs et des formes vous pousse à découvrir chaque détail, comme si vous lisiez un poème visuel où chaque vers révèle un nouveau motif. Enfin, Camille Fischer vous embarque pour l'ailleurs. L'artiste joue du positif et du négatif, du recto et du verso. L'évasion devient exotique : une nature foisonnante grimpe jusqu'au plafond. Allongé dans votre lit, vous contemplez ce jardin luxuriant qui semble pousser au-dessus de vous. Vous n'êtes plus à Paris, vous êtes partout et nulle part.

Mais l'expérience ne s'arrête pas aux murs. Chaque meuble a été choisi comme une note dans une symphonie Art nouveau. Vos doigts glissent sur les volutes métalliques de la table, hommage à Hector Guimard et ses entrées de métro parisiennes. Vous vous appuyez contre la tête de lit en cannage de cuir, dont les courbes rappellent l'ébéniste Louis Majorelle. Au-dessus de la table, une suspension de verre coloré à franges diffuse une lumière chaude, clin d'œil au maître verrier Émile Gallé. Même la console épouse les formes rondes et naturelles chères à l'orfèvre René Lalique. Vous êtes entouré d'histoire, mais tout est si confortable, si actuel, que vous oubliez que ces formes ont plus d'un siècle. Si vous optez pour l'une des quatre suites duplex du 5e étage, l'expérience atteint son apogée. Depuis votre balcon, l'Arc de Triomphe se dresse, majestueux. Les toits de Paris s'étendent à perte de vue. Vous êtes dans un écrin Art nouveau suspendu au-dessus de la capitale, témoin privilégié de la ville qui a vu naître ce mouvement artistique. Même dans la salle de bains, l'Art nouveau vous suit. La faïence verte évoque les œuvres de métallurgie de l'époque, tandis que le zellige blanc apporte une touche de modernité. Le lavabo en faïence blanche, robuste et indémodable, dialogue avec une robinetterie rétro. Dans certaines suites, la baignoire vous invite à jouer les prolongations, retrouvant ce moment de la toilette qui était un véritable art de vivre au XIXe siècle.

Avant de profiter de la douceur de la chambre, dégustez les mets raffinés du restaurant Le Serpentine. Petites tartelettes de thon rouge, bouchées de Saint-Jacques et Rosace à la ricotta en guise d’amuse-bouche réjouissent votre palais. S’en suit l’agneau des Pyrénées cuit sur l’os, accompagné d’une déclinaison d’artichaut, de citron confit, de jus au Moscato d’Asti et de poudre de sumac en guise de délicat plat principal. Mention spéciale pour le yaourt grec au miel cœur de prune d’une légèreté remarquable.

Le lendemain matin, descendez prendre votre petit-déjeuner entre 7h et 11h. De nouveau sous la verrière investie par Raphaëlle Peria, vous dégustez des produits soigneusement sourcés tandis que les saisons défilent au-dessus de votre tête. C'est le printemps dans votre assiette et l'hiver au plafond. Ou l'inverse. Le temps n'a plus vraiment de sens ici au milieu des viennoiseries gourmandes, des confitures de saisons et autres plats salés ultra protéinés.

Au Miss Fuller, vous n'êtes pas un simple client. Vous êtes un voyageur temporel, un collectionneur d'émotions artistiques, un héritier de Miss Loïe Fuller qui hypnotisait les foules avec sa danse de lumière et de soie. Vous êtes celui qui comprend que dormir peut être bien plus qu'une nécessité : une expérience esthétique totale. Une parenthèse hors du temps.
Miss Fuller
11, avenue Mac-Mahon, Paris XVIIe