INTERVIEW
Publié le
11 juin 2025
Très attendue pour cette édition We Love Green 2025, Miki a provoqué un véritable bain de foule devant la scène du Think Tank. Piquée aux belles vibrations et piquante à souhait, la jeune artiste aux fulgurances hyper pop très brutes a bousculé, une nouvelle fois, à coup de "cartoon sex", "échec et mat" ou "miki cowboy", titres phares de son EP, Graou. Pour S-quive, la scorpion ascendant scorpion se livre sur ses derniers mois intenses, son écriture sans concessions et ses influences, de 070 Shake à Steve Lacy.
Vous allez bientôt monter sur scène, qu’est-ce que représente le festival We Love Green pour vous ?
Ça représente beaucoup parce que c’est un festival où je viens depuis l’âge de 16-17 ans alors que je n’habitais même pas à Paris à l’époque. Je faisais vraiment la route pour venir. Il y a toujours eu des line-up de fou ici donc en faire partie aujourd’hui, c’est assez surréaliste, je suis hyper fière.
Comment avez-vous vécu ces derniers mois où vous avez eu beaucoup de visibilité ?
C’est passé tellement vite ! J’ai enchaîné, je ne me suis pas trop rendu compte, et ça m’a aidé à foncer et à ne pas trop remettre tout en question. C’est vrai que c’était fou de voir la réaction des gens, la différence dans leur attitude, depuis les premières parties, jusqu’au jour ils achetent leurs tickets pour venir me voir. Ça donne du sens à ce qu’on fait.
Vous avez des paroles très crues. Dans "cartoon sex" avec : "J’ai un prof de tennis qui m’a touché là où fallait pas" ou "miki cowboy" et "J’me touche en pensant à Vincent Macaigne" … Comment vous viennent ces fulgurances ?
[Rires] Franchement, il y a quelque chose où ce n’est pas moi qui décide. C’est de l’écriture très rapide. C’est comme si c’était une sorte de spermatozoïde qui rentre dans l’ovule et hop, c’est fait, on ne peut plus rien faire ! Les mots et la musique se choisissent entre eux !
Est-ce qu’il y a aussi cette envie de bousculer ou de choquer ?
Quand j’écris, je n’ai pas l’impression de dire des trucs de dingue ! J’ai toujours peur de dire des choses trop lambda mais les gens me disent : "T’es malade, tu te rends compte de ce que tu dis là ?" ! Je dis des choses tellement pires dans mes carnets que je pense que c’est vraiment la version minimisée de ça. Ça ne me parait pas fou parce que c’est vraiment ce que je pense. Je suis sûre qu’au fond, les gens pensent des choses comme ça et ça fait du bien d’avoir, en face de soi, quelqu’un qui le dit à ta place.
Les personnes du signe du scorpion sont souvent fières de dire qu’elles le sont…
Complètement…
Vous êtes scorpion ascendant scorpion, c’est un des titres de votre EP Graou, qu’est-ce que ça signifie pour vous ?
Les scorpions sont des gens qui ont des couilles. Ils n’ont pas honte d’avoir mauvais caractère et de défendre les choses en quoi ils croient. Ils sont aussi très passionnels avec beaucoup d’amour à donner. C’est un signe dans lequel je me retrouve beaucoup et ça me donne de la force de me dire que je fais partie de ce signe-là. Il y a quelque chose de combattant et je donne de l’amour avec des pics aussi. Mon entourage m’appelle "Miki Pic" parce que j’en lâche toujours de façon très taquine.
Vous vous intéressez donc à l’astrologie…
Oui mais pas tant que ça, je connais surtout les signes des gens qui m’entourent. J’ai un niveau très amateur ! [Rires]
"Quand je prends moins conscience de mon corps et de mon physique, ça me libère."
Vous parlez aussi d’amour dans vos chansons, vous vous fiez aux signes dans ce domaine ?
Si j’ai un crush et que quelqu’un me dit que c’est un Poisson ou un Verseau, je vais être beaucoup plus chaud que si c’est un Lion ou un Bélier… Poisson, je sais que c’est fait pour moi et les Verseaux ont quelque chose de mystérieux. Je sais que je les veux plus que, eux, me veulent et que je n’arriverai jamais à les avoir !
"Parfois j’me sens comme un garçon, ça m’fait du bien, j’ai l’impression" ("cartoon sex"). On sent que ces paroles, c’est vraiment vous. Même côté style, il y a quelque chose d’assez masculin. Quelles sont les marques qui vous inspirent ?
Franchement, Decathlon ! Je me sens vraiment bien dans les tenues de sport parce que j’aime le côté pratique. Pour moi, les fringues qui allient confort et style, c’est le graal. Ils ont une vision que j’aime beaucoup ! Au lycée, j’étais très lolita mais j’aime bien quand je ne mets pas de maquillage, en mode loose, parce que je retrouve ce côté où je m’appartiens. Quand je prends moins conscience de mon corps et de mon physique, ça me libère.
Vous filmez brut aussi. Est-ce que c’est marqueur d’une génération plus décomplexée ?
Je ne sais pas si cette génération est très décomplexée. Elle est très connectée aux vidéos, aux avatars, à des personnages qui n’existent pas avec Internet donc il y a un fossé entre la réalité et ce qu’on voit sur la Toile. Justement, casser ça, c’est aussi la manière de dire que je me suffis.
Qu’est-ce que vous esquivez dans la musique ?
J’esquive les mots "Insomnie" ou "Fatigué" ! [Rires] Ça me soule quand j’entends ça dans des chansons, j’ai envie d’écouter autre chose ! Ça me fatigue d’entendre des gens dure qu’ils sont fatigués ! J’esquive aussi de tomber dans un rapport qui serait loin de la vérité avec ma propre musique et de quelque chose de personnel. Il faut que je sente que ça vient de chez moi et tant mieux si ça ressemble à de la musique. Ça doit être spontané.
Quelles seraient vos collaborations de rêve ?
Squarepusher, Steve Lacy, 070 Shake.
A part ça, que peut-on vous souhaiter ?
Steve Lacy, Squarepusher et 070 Shake. C’est tout ! [Rires]
"Graou", disponible partout.