MUSIQUE

Mais qu’est-ce qui fait jouer la musique celtique ?

Publié le

16 août 2021

Alors que le Festival interceltique de Lorient, qui s’est achevé ce dimanche 15 août, fête ses 50 années d’existence, retour sur les raisons de la longévité de ces traditions instrumentales multi-centenaires.

Des chansons pop-rock contemporaines reprises au son des violons, des uilleann pipes et des accordéons ; du chant breton puisé dans le bluegrass et les musiques urbaines et électroniques ; de la musique transe nourrie à la trompette orientale, au forro brésilien et aux percussions indiennes. Il suffit de lire la programmation du Festival interceltique de Lorient édition 2021 pour s’en apercevoir : la musique celtique recourt à des instruments très différents, qui s’inspirent eux-mêmes de cultures variées. Où se trouvent leurs points de convergence ? Y en a-t-il encore seulement ?

Une histoire collective

Car si l’on parle aujourd’hui d’une musique celtique, c’est sur la base des liens linguistiques qui unissent le Pays de Galles, la Cornouaille britannique et la Bretagne armoricaine depuis le Ve siècle. Porté par cette unité culturelle quelquefois idéalisée entre pays celtiques, le festival gallois de l’Eisteddfod accueille pour la première fois en 1838 une délégation bretonne, dont le poète Théodore Hersart de La Villemarqué.

C’est le début de l’interceltisme musical. En 1867, le premier congrès celtique international se tient à Saint-Brieuc, où le harpiste gallois Thomas Gruffydd marque durablement les esprits. Les festivals interceltiques deviennent dès lors de plus en plus fréquents au XXe siècle, et sont organisés pour l’essentiel en Bretagne. Celui de Riec-sur-Belon (Finistère) en 1927, réunit ainsi des délégations d’Irlande, du Pays de Galles et d’Ecosse.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la fédération des bagadoù ar sonerien (groupes de sonneurs), basée sur le modèle des pipe-bands écossais, voit le jour en Bretagne. Elle est suivie en 1950 par la fédération Kendalc’h, axée sur la diffusion et l'enseignement des danses bretonnes. Au même moment, en Irlande, est créée l’association des musiciens nationaux Comhaltas Ceoltoiri Eireann et son festival consacré à la musique traditionnelle, le Fleadh Cheoil na Héireann. Ces initiatives ne font que renforcer cet interceltisme revendiqué depuis déjà plus d’un siècle.

A partir de la décennie 1970, poussée par la création du Festival Interceltique de Lorient, la musique celtique s’impose comme une catégorie commerciale à part entière, même si à l’international on lui préfère le terme générique de musique new age. Comment se caractérise-t-elle ? L’interprète et musicien Alan Stivell cite, entre autres, le recours à des gammes défectives, des intervalles non-tempérés, des cycles rythmiques complexes et superposés. Autant de critères qui font de cette musique un champ artistique vaste, qui regroupe surtout des réalités issues de régions voisines et culturellement proches.

La musique celtique n’a cessé de se mouvoir dans des formes nouvelles à travers les époques, au point que l’on puisse parfois douter de sa cohérence. Mais ne nous y trompons pas : la volonté de vivre ensemble de ces peuples - et pas uniquement quand il s’agit de boire une Guinness en écoutant de la cornemuse - confère à la culture celtique en général, et à sa musique en particulier, toute sa pertinence et son authenticité.

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