INTERVIEW
Publié le
6 octobre 2025
Comment déclarer sa flamme au cinéma quand on a grandi dedans, et que tout semble connu, balisé ? Pour S-quive, Clara McGregor rembobine : premiers rôles, premières productions, et surtout, cette halte lyonnaise à l’occasion de Filmoramax où elle s’invite côté jury. Rencontre.
Vous êtes membre du jury pour le festival Filmoramax. Vous ressentez de la pression ?
Non, pas quand on fait partie du jury. C’est plutôt quand on présente un film qu’il y a de la pression. Pour moi c’est vraiment un plaisir de pouvoir rencontrer des personnes créatives, regarder des beaux films et en parler. J’aime vraiment être jury pour ça.
Quels critères prenez-vous en compte pour départager les films en compétition ?
Je crois que l’histoire reste l’élément le plus important. J’aime souvent être surprise par la manière dont les réalisateurs choisissent de la raconter. Il y a tellement d’aspects qui doivent marcher ensemble pour faire un beau film, alors j'essaie de tout regarder : la lumière, le dialogue, les... Comment dit-on “the performance” ? La performance, le décor, les habits, il y a énormément de choses.
Comment votre expérience d’actrice influence votre regard de juré ?
En tant qu’actrice, j’adore les films et les histoires. Je sais ce que c’est d’être sur un plateau et toutes les difficultés que cela implique. Je produis aussi, donc je connais un peu le métier des deux côtés.
"Pour pouvoir faire de beaux films, il faut voir des beaux films, et les voir tous."
Pensez-vous que les festivals comme Filmoramax, c'est-à-dire accessible et populaire, jouent un rôle essentiel dans la découverte de nouveaux talents ?
Bien sûr. C’est important d’avoir des festivals accessibles, où le public peut participer et voir des beaux films, parce que ceux-ci sont difficiles à trouver sinon. Alors pour ces jeunes réalisateurs, avoir un festival, une plateforme pour créer, que ce soit des petits films ou des gros films, ça fait vraiment la différence.
Qu’est-ce-que ces festivals vous apportent en tant qu’artiste ?
À chaque fois que je fais des festivals de ce genre, je découvre beaucoup à propos de moi-même, mais aussi des autres. Pour pouvoir faire de beaux films, il faut voir des beaux films, et les voir tous, donc c’est une expérience très enrichissante.
"Je suis tombée folle amoureuse du monde du cinéma grâce à mes parents."
Vos deux parents sont dans le monde du cinéma. Est-ce que cela a rendu votre choix de carrière plus évident ou au contraire plus intimidant ?
Ma mère est cheffe déco et mon père acteur, donc à travers eux j’ai vraiment pu découvrir le monde du cinéma. J’ai eu énormément de chance de grandir en allant sur les plateaux et de vraiment voir comment ça marchait. Je suis tombée folle amoureuse du monde du cinéma grâce à eux. C’est comme ça que tout a commencé.
Avez-vous toujours su que vous vouliez être actrice ou il y a eu un moment précis qui a déclenché cette envie ?
Quand j’étais jeune, je faisais beaucoup de théâtre à l’école, j’adorais ça. Puis, après notre déménagement à Los Angeles, vers mes 12 ans, je me suis dit soudainement : “Non, moi, je veux être photographe, je veux être DP [directeur de la photographie], derrière la caméra.” Alors j’ai commencé à étudier la photographie, et j’aime toujours autant en faire. Mais c’est aussi à cette période que j’ai commencé à suivre des cours de comédie, en dehors de l’université. C’est seulement après que j’ai décidé d’étudier le cinéma, l’histoire, la sémiotique et la théorie, tout en continuant à prendre des cours de comédie à côté.
Si vous n'aviez pas été actrice, quel métier auriez-vous choisi ?
Ma grand-mère me dit toujours que j’aurais pu être avocate. Mais je crois que j’aurais quand même fait quelque chose dans le monde du cinéma ou de la photographie, probablement.
Si vous pouviez revivre un tournage ou un rôle ?
J’ai fait un film qui s’appelle Bleeding Love, que j’ai produit et tourné avec mon père. C’était le premier film que j’ai réalisé avec ma compagnie de production, Deux Entertainment, et ça a vraiment été une belle expérience. J’ai aussi adoré travailler avec Ryan Murphy sur American Horror Story, ça c’était incroyable. Quand on va sur ses plateaux, on sent vraiment qu’on est dans ce monde.
"Le monde du cinéma n’existerait pas sans les films indépendants."
Vous êtes à la fois productrice et actrice, lequel vous passionne le plus ?
Les deux me passionnent beaucoup, mais je suis actrice avant tout, c’est ma vraie passion. J’adore aussi pouvoir travailler sur un projet du début à la fin, mais ça, c’est plutôt possible en tant que productrice. Alors les deux, mais je crois que c’est surtout être actrice.
Quel est votre rôle de rêve ?
Ce qui est beau en tant qu’actrice, c’est qu’on peut jouer tellement de rôles et de personnages différents. Ce qui m’intéresse énormément, c’est de pouvoir vraiment explorer tous ces personnages. J’aimerais aussi beaucoup faire un film d’action. J’ai toujours adoré les films avec Matt Damon, surtout The Bourne Trilogy.
Le cinéma indépendant a-t-il encore la force de rivaliser avec les blockbusters et les plateformes, ou doit-il évoluer autrement ?
Non, je n’ai pas envie qu’il évolue autrement, j’adore les films indépendants. Quand on voit qu’il y en a qui ont énormément d’impact, que beaucoup de gens vont les voir et en parle, ça prouve que le monde du cinéma n’existerait pas sans eux. Alors il est vraiment important de continuer à les soutenir et à aller les voir. Les grands blockbusters sont géniaux aussi, mais je crois vraiment qu’on a besoin des films indépendants. Il faut de tout.
Qu’est-ce que vous esquivez dans le cinéma ?
Les films d’horreur me font un peu peur. J’aime beaucoup les faire, les produire et y jouer, mais j’ai trop peur de les regarder, surtout seule à la maison, je ne peux pas.