ARTS

Anatomie de l'impuissance par Thomas Lévy-Lasne

Publié le

18 mars 2024

Jusqu’au 11 mai prochain, Thomas Lévy-Lasne présente sa deuxième exposition baptisée "L’impuissance" à la galerie Les Filles du Calvaire (Paris IIIe). L’artiste revient cette fois dans le nouvel espace avec la thématique qu’il privilégie et qu’il nomme "la fin du banal". A travers des peintures et dessins représentant notre monde contemporain, le peintre sensibilise le public à l’enjeu majeur de notre siècle : la crise climatique.

Thomas Lévy-Lasne, Le mur de Lens, 2023Huile sur toile, 120 x 120 cm

L’impuissance. Le nom de l’exposition n’est pas anodin, le peintre à travers la connotation sexuelle veut choquer. Cependant, il est question ici d’impuissance politique et existentielle. L’impuissance se traduit également comme le désir de limiter la dévastation, l’accaparement et l’emprise de l’homme sur la nature. A la galerie Les Filles du Calvaire, les œuvres, majoritairement des peintures à l’huile, troublent le spectateur. Au premier abord, l’hyperréalisme joue d’ambiguïté avec la photographie. Thomas Lévy-Lasne livre des instantanés de vie dont le rendu est extrêmement détaillé. Il nous offre ici le résultat d’une recherche esthétique adaptée au temps de la dérive climatique, désanthropocentré et sensible à la perte tragique de ce qui est encore là. Dans la majorité des œuvres, la nature est omniprésente. Elle semble même se frayer une place dans le décor urbain avec l’œuvre Plante saxicole en petit format. L’artiste utilise, ici, une technique inventée : des gravures tirées à partir de dessin numérique sur iPad, permettant une finesse de trait inédite.

Thomas Lévy-Lasne, Dans la serre, 2020-23, Huile sur toile, 150 x 200 cm

Parmi les œuvres à retenir figure Le mur de Lens couvert de tags amoureux comme autant de traces publiques d’une existence étroite. Dans la serre, grand format, que l’artiste a mis deux ans à élaborer, une foule en pleine contre productivité fait la queue dans un jardin artificiel. Le traitement pictural du fourmillement des plantes est aussi précis que celui des humains. Enfin, La plage d’Hyères, un coucher de soleil sur la mer que contemple une poubelle plastique laisse songeur. Autre sujet, la série des "Distanciels", composé de portraits réalisés au fusain inspirés des visages rétroéclairés sur Zoom pendant le confinement

Thomas Lévy-Lasne, Plante saxicole, 2022Huile sur toile, 25 x 25 cm

Thomas Lévy-Lasne est diplômé des Beaux-Arts de Paris et ancien pensionnaire de la Villa Médicis (Rome). Aujourd’hui, l’artiste vit et travaille à Saint-Ouen. Il y a quatre ans, le peintre dévoilait au grand public sa première exposition, "L’asphyxie", à la galerie Les Filles du Calvaire. L’artiste tente de convaincre le public, une fois encore, en opérant une mise en visibilité des habitudes culturelles de l’homme dans sa relation avec son milieu. Ce qui intéresse l’artiste est la confrontation physique au tableau. "Je recherche un effet de réel, une présence", souligne-t-il.  Après cette deuxième tentative Thomas Lévy-Lasne relève un défi collectif majeur : la prise de conscience des visiteurs de l’urgence de notre vulnérabilité.

Thomas Lévy-Lasne, La plage d'Hyères, 2023Huile sur toile, 130 x 195 cm

"L’impuissance" à la galerie Les Filles du Calvaire (Paris IIIe) jusqu'au 11 mai prochain.

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