INTERVIEW

Tony Pinville, co-fondateur d’Heuritech : "L'IA ne va pas remplacer les designers."

Publié le

22 juillet 2023

Véritable machine à fantasmes, l'intelligence artificielle fascine autant qu’elle interroge, notamment dans le monde de la mode, où son engouement auprès des marques ne cesse de grandir. Pour décoder ce sujet au cœur des débats actuels, nous donnons rendez-vous à Tony Pinville, spécialisé en IA et co-fondateur d’Heuritech. Créée en 2013 avec Charles Ollion, cette entreprise anticipe les tendances grâce à ses algorithmes de deep learning et à sa technologie de reconnaissance d'images. Lauréat du prix de l'innovation du groupe LVMH, Heuritech compte parmi ses clients des maisons prestigieuses telles que Dior, Louis Vuitton, et Moncler. Nous le retrouvons en fin d'après-midi, dans le bureau de sa start-up nichée dans le quartier du Marais. Passionné, ce jeune quadra à la décontraction contagieuse revient sur son parcours atypique, l’impact et le rôle crucial de l’intelligence artificielle dans l’industrie du luxe.

Tony Pinville ©Vincent Lappartient

On s’était croisés lors d’un dîner organisé par des créateurs de mode il y a quelques années. Je me souviens que vous m’aviez intrigué car vous étiez venu avec un sac à dos comme les entrepreneurs de la Silicon Valley…

Vous vous êtes sûrement dit : "Ah, il ne doit sûrement pas venir de la mode, vu son sac !" [Rires] Et je l’ai toujours (en le désignant sous son bureau). C'est drôle car mon sac à dos a été révélateur dans un sens: il y a cinq ans, Heuritech était perçu comme une entreprise de tech dans la mode, mais il nous manquait justement cette expertise fashion.

Nous allons y revenir. Parlons de tech justement. Aujourd’hui, l'intelligence artificielle est un sujet d’actualité majeur. On n’a jamais autant parlé de data ou d’algorithme. Comment expliquez-vous cet engouement actuel pour cette technologie ?

Il y a eu un renouveau ces derniers mois. Mais, l'intelligence artificielle a connu des hauts et des bas. En résumé, elle existe depuis 1955. Mais, elle a connu des hauts et des bas À cette époque, elle était très en vogue. Les chercheurs pensaient pouvoir créer en quelques années une IA plus puissante que le cerveau humain. Très vite, ils sont réalisé que cela n'était pas possible technologiquement parlant et, à la fin des années 1960, l'IA est devenue totalement has been. Puis, il y a eu un renouveau de l’IA, à l’aube des années 1980. Tout le monde commençait à en parler, surtout dans le domaine professionnel. Dans les années 1990, l’IA connait à nouveau un hiver. Et, au début des années 2010, de nouvelles technologies font leur apparition, comme le deep learning. On s’est rendu compte, dans le domaine de la recherche, que l'IA allait réellement changer les choses.


Vous avez évoqué le deep learning mais qu’est-ce que c’est concrètement ?

En résumé, le deep learning est une approche qui s'inspire du cerveau humain. Elle est basée sur l’utilisation des réseaux de neurones artificiels pour réaliser différentes tâches, telles que la reconnaissance de textes ou d’images, comme par exemple, reconnaître facilement des chats et des chiens. Avec l'arrivée du deep learning, il y a eu un avant et un après dans la recherche. On a eu des performances exceptionnelles qui étaient impossibles à réaliser auparavant. Dès lors, on a compris qu'il allait réellement se passer quelque chose d’important, qui serait ensuite appliqué dans le monde de l'entreprise. Google et Facebook l’avaient aussi compris. Ils ont énormément investi pour utiliser cette technologie.

Pour en revenir au tournant de l’IA…

Comme je l'expliquais, depuis 2010, il y a eu un énorme boom en recherche. Mais depuis 2016, l’IA est devenue très tendance en entreprise. Ensuite, vient la question de son utilisation concrète qui demande toujours un peu plus de temps. Il y a eu d’importants changements qui ont contribué à ce que même le grand public s’approprie l’IA. Grâce à des applications comme ChatGPT, les gens peuvent l’utiliser directement et commencent à concevoir ce qu'est l’IA. C’est pourquoi elle est devenue encore plus populaire depuis quelques mois. Même ma voisine de 80 ans m'en a récemment parlé [Rires], ce qui m'a fait réaliser qu'il y avait un véritable changement.


"Être réfractaire à l’IA, c’est se priver de nombreuses évolutions et améliorations, et de toute façon, à un moment donné, cela deviendra inévitable."


Et vous Tony, comment avez-vous atterri dans le monde de la tech ?

Je pense que mon sac en dit long sur mon parcours. [Rires] J’ai presque 25 ans d'expérience dans ce domaine. Pendant une dizaine d’années, j’ai été développeur d'applications informatiques dans la finance de marché. Mais j'adore le challenge, je suis très curieux et j'ai toujours été passionné par l'intelligence artificielle de manière globale. Je pensais qu’il serait intéressant de faire de la recherche dans ce secteur et de réaliser une thèse sur l’IA pour vraiment comprendre ce que cela implique. Finalement, j’ai pu intégrer un laboratoire de recherche grâce à ma rencontre avec un directeur de thèse qui a accepté de me financer. C’était un défi très complexe, compte tenu de mon parcours atypique, mais tout aussi très intéressant.

Vous avez donc relevé ce défi : passer du monde de la finance à celui de la recherche dans la tech. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant cette expérience ?

J'ai rencontré des personnes exceptionnelles dans la recherche. Par rapport au monde de la finance, les chercheurs sont incroyablement humbles, car ils sont conscients des limites de leur savoir. Ce qui est remarquable, car beaucoup de personnes ont l'impression de tout connaître. En réalité, lorsque l'on pense tout connaître, c'est souvent le signe que l'on ne connait rien. Et c'est là toute la beauté de la recherche. Quand j’ai commencé ma thèse, j'avais l'impression de connaître certaines choses, mais lorsque je l’ai terminé, la seule chose que j'ai apprise, c'est que je ne sais vraiment rien ! À la fin, on est juste confronté à l'immensité du savoir et on réalise qu'il nous reste encore beaucoup à apprendre.

Tony Pinville ©Vincent Lappartient

Et Heuritech dans tout ça.... Comment avez-vous eu l’idée de créer cette entreprise ?

Dans la recherche, on se concentre principalement sur l’aspect théorique, sans rien de concret derrière et ça reste un processus assez solitaire alors que j'aime construire des projets en équipe. C’est une question de challenge. Nous avons pensé, avec mon associé Charles Ollion, qu'il serait intéressant d'exploiter notre expertise et les connaissances que nous avions acquises pendant nos thèses pour réaliser des projets plus concrets. Nous avons donc décidé d'utiliser l'intelligence artificielle dans le secteur des entreprises. Ce qui est passionnant en informatique et quand on mélange l’IA : c'est que l'on peut tout faire. On peut résoudre la plupart des problèmes et travailler sur des sujets variés. Nous avons donc exploré différents secteurs pour identifier celui qui pourrait avoir le plus de valeur. Nous avons notamment travaillé avec le secteur financier, sur des grands projets informatiques de Big Data avec la Poste, ainsi que dans l'agriculture en utilisant notre technologie actuelle de reconnaissance d’images pour repérer les mauvaises herbes dans les champs de maïs. De fil en aiguille, nous avons testé de nombreuses idées et nous avons eu une rencontre fortuite avec l’équipe de Louis Vuitton lors de leur hackathon. C’est un événement sur plusieurs jours où des entreprises de tous les secteurs invitent des start-ups à résoudre des problématiques spécifiques à leur domaine. Cela permet de voir s'il y a des opportunités de collaboration.

"L'IA ne va pas remplacer les designers, mais elle leur permettra de se focaliser sur des tâches plus intéressantes."

C’est donc ainsi que vous avez été amené à concilier la tech et la mode ?

C'est ainsi que nous avons connu l’équipe de Louis Vuitton. Je n'avais pas participé au hackathon, mais je faisais partie du jury qui évaluait les start-ups. Je connaissais la marque comme tout le monde, mais pas celui du secteur du luxe. En discutant avec leur équipe, j’ai réalisé qu’il y avait de réels enjeux à mieux comprendre leurs clients, car les réseaux sociaux avaient changé la donne sur l'évolution des tendances de marché. Nous pouvions réellement apporter de la valeur ajoutée en synthétisant toutes les informations de leurs réseaux sociaux. Cependant, à cette époque, on ne se comprenait pas, et ce même si les membres de l'équipe de Louis Vuitton travaillaient du côté tech. J'avais un peu saisi leurs enjeux, mais lorsque j'essayais de les expliquer, je m'exprimais avec un jargon qui n’était pas très “mode”. C'était intéressant, je me suis dit : “Ok, on tient le bon filon, on peut vraiment apporter de la valeur.” C'est à ce moment-là que nous avions décidé de nous spécialiser et de nous focaliser sur ce secteur afin de transformer notre technologie de reconnaissance d'images d’IA en produit capable de répondre à des problématiques concrètes de métier.
Cette rencontre avec Louis Vuitton a été déterminante dans votre décision de vous spécialiser dans le luxe et la mode, ou aviez-vous d’autres raisons de miser sur cette industrie ?

Je me suis intéressé également à la mode, car c'est l'un des domaines français où nous sommes reconnus mondialement. Quand je vivais aux États-Unis, j'étais surpris de voir que ce pays était sous-estimé, même des entreprises internationales comme Carrefour ne signifient rien pour eux. En revanche, le luxe est l'un des rares secteurs où la France est considérée comme un leader. De nombreuses entreprises recherchent des informations expertes sur la mode et font appel à des start-ups françaises ou européennes. Donc, j’ai jugé judicieux d’en faire un atout en associant notre expertise en intelligence artificielle à une industrie où la France est perçue comme un référent.

Tony Pinville ©Vincent Lappartient

En plus du prix de l’innovation du groupe LVMH que votre start-up avait remporté en 2017, cette collaboration avec ce géant du luxe a-t-elle été un tremplin pour vous ?

Avant de gagner cette récompense, je n’avais pas conscience de l'impact mondial qu'un tel prix pouvait avoir. Le simple fait de serrer la main de Bernard Arnault lui confère une certaine magie. Aux États-Unis, par exemple, les gens nous ont félicités, alors que nous avions déjà remporté d'autres distinctions. Cependant, ce prix LVMH, avec la présence de Bernard Arnault lui-même, et même de Jack Ma, le fondateur d'Alibaba, nous a réellement donné une visibilité internationale, ce qui est très difficile à obtenir. Après, c'est toujours pareil : grâce à un important projet avec La Poste qui nous a permis de gagner en légitimité, nous avons pu réaliser celui avec Louis Vuitton, ce qui nous a ouvert les portes pour travailler avec Dior, ainsi que d'autres marques du luxe.

"Grâce aux données que nous collectons, nous sommes capables d'anticiper les tendances jusqu'à un an à l'avance."

Aujourd’hui, quelle est la vocation d’Heuritech ?

Notre objectif principal est d’aider les marques de luxe à produire mieux et de réduire les invendus. Grâce aux données que nous collectons, nous sommes capables d'anticiper les tendances jusqu'à un an à l'avance, dans différentes régions. L'enjeu est de fournir des informations exploitables et utilisables à des moments-clés. Nous pouvons donc donner des intuitions avant même la création d’une collection, ainsi que des informations aux merchandisers pour qu'ils ajustent les quantités en fonction des régions, des pays et des évolutions du marché.

Et comment votre entreprise arrive-t-elle précisément à prédire les tendances ? Comment fonctionne votre logiciel ?
Les matières premières que nous exploitons sont toutes les données disponibles sur Internet, sur les réseaux sociaux tels qu'Instagram, TikTok, Weibo etc… Ces plateformes fournissent une énorme quantité d'informations, qui nous permet d'avoir accès à un échantillon représentatif de personnes, en fonction des pays. Notre objectif est d’avoir une vision d'ensemble du marché. Ainsi, nous collectons plus d'un milliard d'images chaque année. Nous analysons donc le contenu des images pour repérer directement qui porte quoi. Prenons l’exemple d’un t-shirt. Nous examinons chaque détail : la couleur, le type de col, la texture, et l'ensemble, en utilisant une granularité très fine pour identifier tous les éléments pertinents dans la mode. C'est pourquoi nous avons recruté des experts de ce secteur issus d'écoles comme l'Institut Français de la Mode (IFM) ou des maisons de luxe. Cela nous a permis de définir tous les attributs de la mode qui ont un sens pour ce domaine. Notre but est d'être extrêmement précis. Pour ce faire, nous collectons ces données et avons développé des outils d'intelligence artificielle capables de reconnaître automatiquement ces éléments sur n'importe quelle image.

"J’ai compris ce qu'est un défilé, parce que de l'extérieur, on a l'impression que c'est quelque chose d'un peu ésotérique, où l’on voit des vêtements qui ne semblent pas être portables !"

Vous travaillez depuis quelques années dans le domaine de la mode et du luxe. Qu'avez-vous appris de cet univers auquel vous n’étiez pas du tout familier ?

J'ai évidemment découvert le côté artistique de cet univers. J’ai compris ce qu'est un défilé, parce que de l'extérieur, on a l'impression que c'est quelque chose d'un peu ésotérique, où l’on voit des vêtements qui ne semblent pas être portables ! Mais j’ai surtout réalisé que c'est une mise en avant exacerbée de certains éléments qui, bien sûr, ne seront pas directement portés, mais qui seront intégrés plus tard dans une collection définissant l'ADN de la marque. Il y a donc cet aspect véritablement artistique, qui peut être difficilement compréhensible pour ceux qui ne connaissent pas bien ce domaine, et cela vaut pour tous les sujets. Tout paraît plus simple au départ. On se dit que la mode se résume simplement à faire un t-shirt avec une certaine élégance, une longueur et une couleur spécifique, etc... Mais dès que l'on creuse le sujet, on réalise que tout est plus complexe. On comprend les subtilités, ce qui fait l'identité d'une marque, ainsi que la diversité des métiers au sein du secteur de la mode. Tout cela est impossible à deviner de l'extérieur. Mais, moi, c’est précisément ce que j'aime : explorer, sortir de ma zone de confort, comprendre cet univers et ses spécificités.
En parlant de créativité, l'intelligence artificielle suscite beaucoup de craintes et d’interrogations à ce sujet. Que répondez-vous aux critiques redoutant que l'intelligence artificielle finisse par tuer la création ?

Je considère que l'IA, ainsi que tout ce qui est lié à la data, est un outil d'aide à la décision. Il ne prend pas de décision. Sauf si vous décidez de le suivre sans réfléchir, cela risque effectivement de tuer la création. Tout dépend de la façon dont on utilise cet outil. S’il est bien utilisé, cela peut même être un moyen de renforcer votre créativité, car vous pouvez confirmer vos intuitions. Il y a des marques qui n'ont pas osé se lancer sur certains des sujets par peur de ne pas avoir le marché. Nous, nous donnons uniquement l’état actuel et l’évolution du marché. À partir de cela, si vous êtes une marque de mode : soit vous suivez la tendance, soit, au contraire, si vous êtes plutôt avant-gardiste, et vous allez à l’encontre de ce qui est indiquée sur le marché, car vous êtes en amont des tendances. Votre positionnement étant différent, vous proposerez quelque chose d’un peu plus niche qui se démarquera des autres offres afin de ne pas être noyé dans la masse. Ça dépend de l’ADN de la marque et de la manière dont elle s’approprie cette information. Et c’est là où nous réalisons un travail important pour aider les différentes équipes à comprendre comment utiliser la data pour prendre de meilleures décisions, et ce même au-delà de notre solution. Il y a tout un travail à faire. D'ailleurs, nous donnons également des cours à l'IFM pour montrer ce type d'outils.

Tony Pinville © Vincent Lappartient

Et comment ces étudiants perçoivent-ils cet outil ? Est-ce une question de génération ?

Je crois que c’est un changement de génération. C’est intéressant, car ces étudiants qui aspirent à être designer, n’ont justement aucune appréhension envers cet outil. Ils le considèrent davantage comme un moyen d'être plus efficaces dans leur travail et se l’approprient sans se sentir bridés. S'ils ont accès à l'outil, ils l'utiliseront de manière intelligente, pour confirmer leurs intuitions. Enfin, il est normal d'avoir des appréhensions face à quelque chose de nouveau qui change la façon de travailler, et cela est vrai dans tous les secteurs. Prenons l'exemple de l'arrivée du train, les gens disaient que l'homme n'était pas fait pour aller aussi vite et que l’on allait tous mourir en se déplaçant à 50 Km/H. Toute innovation fait peur au départ, mais toute innovation peut aussi être mal utilisée. C'est le cas pour tout ce qui concerne l’IA et les données, la créativité risque d’être limitée si l’on suit aveuglément la data.

"C’est hallucinant que des entreprises se retrouvent avec 300 milliards de dollars de vêtements invendus à l'échelle mondiale chaque année."

Cependant, ces peurs sont-elles vraiment infondées ? L’IA ne va-t-elle pas finir par détruire des emplois ?

Pour moi, de nombreux métiers vont évoluer pour devenir plus efficaces dans tous les secteurs, mais finalement assez peu vont disparaître. L’intelligence artificielle ne va pas remplacer les designers, mais elle leur permettra de se focaliser sur des tâches plus intéressantes. L'IA va améliorer toutes les tâches répétitives où l'humain n'apporte pas de valeur ajoutée, dans tous les domaines, notamment celui de la mode. Cependant, il ne s’agit pas d'équipe spécifique dédiée à l'IA et à la data de cet univers, mais plutôt des stylistes formés à l'utilisation de ces outils pour être plus efficaces. C'est pourquoi, nous donnons des cours à des professionnels, qui ne sont pas dans la tech mais qui travaillent dans des équipes de marketing ou de merchandising, pour leur montrer ce que sont ces technologies, comment cela va changer leur métier, et comment ils pourront mieux travailler grâce à ces outils. Être réfractaire à l’IA, c’est se priver de nombreuses évolutions et améliorations, mais à un moment donné, cela deviendra inévitable.

Pensez-vous que l’intelligence artificielle jouera un rôle majeur dans la mode ? Est-ce l'avenir de cette industrie ?

Pour moi, la question n'est pas de savoir si l’intelligence artificielle est l'avenir de la mode, mais plutôt de reconnaître qu’elle sera présente un peu partout et permettra d'être plus efficace sur certains sujets, notamment sur les problématiques d'invendus en ce qui nous concerne. C’est hallucinant que chaque année, des entreprises se retrouvent avec 300 milliards de dollars de vêtements invendus à l'échelle mondiale, ce qui est un problème majeur dans l’industrie de la mode. C'est précisément là que l’IA a un rôle important à jouer.

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