MUSIQUE
Publié le
26 novembre 2022
A quelques pas de la Maroquinerie, le studio d'enregistrement niché rue Boyer (Paris XXe), vient d’ouvrir ses portes. Hors du temps, ce lieu créatif à l’esprit vintage conçu par l’architecte et acousticien américain John Storyk, à l’origine de la conception du studio new-yorkais Electric Lady de son ami Jimi Hendrix, répond au projet ambitieux lancé par deux passionnés de musique : Victor Lévy-Lasne et Maxime Le Guil. Le duo créateur de Mix with the Masters — plateforme d’échange sur la production musicale — renoue avec l’atmosphère des studios mythiques de la seconde moitié du XXe siècle, à l’acoustique et à l’ambiance mûrement peaufinées.
Ils sont deux. Deux amis. Deux passionnés de musique. Rencontrés dans les années 2000 à l’École Centrale de Lyon, le duo français formé par Victor Lévy-Lasne et Maxime Le Guil a récemment ouvert son studio d’enregistrement, rue Boyer (Paris XXe). La concrétisation d’une ambition artistique de longue date pour les fondateurs de Mix with the Masters — un projet lancé en 2010 pour inviter producteurs, mixeurs et autres professionnels de la production musicale à partager leur expérience lors masterclass ou de séminaires immersifs organisé au cœur d’un domaine provençal —. "Les studios de musique étaient à l’époque les seuls espaces pour se former, découvrir des techniques et nourrir son inspiration. Les places y étaient donc très chères. En 2010, nous avions les idées claires sur le concept mais l’imaginions comme un événement ponctuel. Nous l’avons malgré tout brandé de manière très professionnelle avec l’espoir de répéter l’expérience si le résultat s’avérait positif", expliquent-ils.
Forts du succès de leur concept et guidés par l’envie de donner la parole à de plus en plus de personnes de l’ombre qui font la musique, plus jeunes ou moins accessibles ou basés Outre-Atlantique, les deux amis investissent le champ numérique en 2015 avec une plateforme de contenus sur laquelle les abonnés peuvent échanger entre eux. "Même avec peu de contenus, nous avons tout de suite enregistré beaucoup d’abonnés. En quelques années, ce volet en ligne est même devenu prépondérant dans notre activité. Aujourd’hui, nous disposons d’une véritable équipe de post-production nous permettant de publier l’équivalent d’un documentaire d’1h30 toutes les 2 semaines. La plateforme en ligne invite à découvrir nos séminaires et permet à certaines personnes ne pouvant s’offrir le luxe de venir en France de pouvoir apprendre depuis chez eux partout dans le monde", se ravit Victor Lévy-Lasne.
Épris de nostalgie pour la qualité d’un son révolu ou par l’envie de redonner toutes ses lettres de noblesse à la puissance de la production musicale, les deux acolytes décident de créer un nouvel espace physique accueillant à la fois un lieu d’enregistrement et les bureaux de Mix with the Masters afin d’y développer l’activité de production vidéo jusqu’ici abritée à la Gaîté Lyrique. Le lieu est choisi, rue Boyer (Paris XXe), à quelques mètres de la salle de spectacle la Maroquinerie. "Les meilleurs albums de l’histoire ont été enregistrés dans des studios conçus entre les années 1950 et 2000 et présentant des conditions exceptionnelles. Chaque élément, de la recherche acoustique à l’ambiance était mûrement étudié. Les caractéristiques intrinsèques d’un lieu ont beaucoup plus d’impact sur le produit final que la qualité du matériel", résume Maxime Le Guil.
Au côté du designer américain John Storyk, architecte du studio Electric Lady de son ami Jimi Hendrix, mais aussi d’autres grandes figures de la musique comme les producteurs Timbaland, Pharrell Williams ou Paul Epworth. "Forts de notre positionnement haut de gamme, nous souhaitions envoyer un signal fort en réinvestissant dans la production musicale et en concevant un studio exceptionnel avec un niveau d’exigence élevé et sans le moindre compromis sur la qualité", soulignent les créateurs du lieu. Autour de détails minutieusement choisis — une électricité ultra-filtrée depuis des installations situées dans la cave, un câblage qui provient de la société japonaise Mogami, une référence en la matière ou un technicien travaillant aujourd’hui pour le groupe Radiohead, après un passage par la BBC —, l’architecte de légende propose un retour à l’essence vintage et ce qu’il faisait dans les années 1970 mais aussi des nouveautés contemporaines avec la fibre optique et une lumière naturelle pour une atmosphère unique et hors du temps.
En avril dernier, soit six mois avant l’ouverture prévue, le duo est contacté par Jack Antonoff, chanteur du groupe de rock Bleachers, producteur de nombreux albums de grands artistes internationaux comme Lana Del Rey, Taylor Swift ou Saint-Vincent et lauréat 2022 du Grammy du meilleur producteur. "Jack Antonoff nous a appelés pour nous informer qu’il était de passage à Paris pour quelques mois et nous demander si nous pouvions lui recommander un studio. Les travaux n’étaient pas tout à fait terminés mais nous avons saisi cette occasion unique et lui avons proposé́ de venir dès le lendemain", expliquent les deux associés. Enchanté par l’endroit, l’invité prestigieux y prend ses quartiers une semaine plus tard et ce durant un mois. Une première session qui marque déjà le début de l’histoire du studio très prometteur.