PHOTOGRAPHIE

Peter Knapp, une signature protéiforme

Publié le

3 décembre 2022

Photographe, graphiste, peintre, cinéaste et vidéaste. Reconnu pour ses compétences pluridisciplinaires, l’ex célèbre directeur artistique du magazine Elle, Peter Knapp, présente un ensemble de ses œuvres inédites à la galerie Maeght (Paris VIIe) jusqu’au 15 décembre prochain. Retour sur le parcours d’un concepteur d’éditoriaux à la renommée internationale.

Portrait de Peter Knapp

Une vision artistique ancrée dans l’époque. C’est en 1959 que Peter Knapp commence à travailler pour le magazine Elle, dirigé par Hélène Gordon-Lazareff. L’éditorial féminin incontournable qui a nourri l’imaginaire et le quotidien de plusieurs générations de femmes, dont il devient le directeur artistique le 1 janvier 1960 et ce jusqu’en 1966, lui ouvre un champ créatif où il pourra exprimer tout son art. Son univers lui confère une renommée internationale, puisqu'il renouvelle la mise en pages, la typographie et la photographie. S’il revient à la rédaction pour trois ans à la demande de Daisy de Galard en 1974, il s’adonne, entre-temps, à réinventer des maquettes de plusieurs titres : Terre Sauvage ou pour le groupe Hachette, entre autres. Reconnu pour ses compétences protéiformes, il s’épanouit dans différentes sphères comme la peinture, le cinéma ou la vidéo également. Des qualités que souhaite mettre en avant la galerie Maeght où des travaux exclusifs de ce passionné de l’image sont exposés  jusqu’au 15 décembre prochain.

Pat Cleveland et Donna Jordan, 1972. Cibachrome, 45 x 30,5 cm ©Galerie Maeght, Peter Knapp

L’ancien chargé de cours d’arts graphiques à l’école d’Art et Publicité de Paris dans la deuxième moitié des années 1950, passé enseignant de conception d’image et de photographie à l’ESAG (ancienne Académie Jullian) de 1983 à 1996, puis maître de conférence sur la conception de magazines à Sciences Po Paris, semble avoir endossé tous les rôles artistiques liés à l’imagerie et à l’élaboration déditoriaux. Photographe de mode pour Elle à partir des années 1960, aux côtés de ses pairs Guy Bourdin ou Jeanloup Sieff ; pour le Sunday Times magazine et plusieurs éditions de Vogue, il entre dans le cercle des pontes de l’époque avec plusieurs expositions dont "Cinq photographes de mode" présentée à Cologne en 1966 qui réunit Helmut Newton, Oliviero Toscani ou David Bailey… Pendant dix ans, il travaille autour de l’infini, du ciel, du bleu et de l’espace. Il fait partie du mouvement Sky art et réalise des images archivées au M.I.T à Boston. Les ciels de Peter Knapp présentent d’infimes différences de tonalités et s’offrent à diverses interprétations. Il valorise un minimalisme assumé : "Si je déclenche l’appareil méthodiquement, j’échappe à un choix esthétique personnel. Il y a un processus de simplification qui se met en marche et qui est vraisemblablement la base de ma méthode. J’ai une tendance innée à supprimer la perspective, le volume, dans chaque image". Développées dans les années 1970, ces suppressions radicales sont un rappel de son héritage du Bauhaus. "J’ai l’impression qu’en photographiant un ciel, je garde quelque chose d’une réalité spécifique d’un jour, d’un moment, d’un bleu qui reflète le mystère (de l’infini)", ajoute-t-il.

©Galerie Maeght, Peter Knapp

S’il expose pour la première fois ses peintures à la galerie Palette à Zurich en 1957, Peter knapp se lance dans le grand format à Paris sous les conseils de l’artiste Barnett Newmann qu’il rencontre à New York. Jusqu’en 1965, Il participe à plusieurs expositions collectives, notamment "Black Horses" dans les musées de Linz, Stockholm, New Delhi, Tokyo et Lausanne.

Aéroglyphe III, Zermatt, 1983. Cibachrome, 114 x 70 cm ©Galerie Maeght, Peter Knapp

Parce qu’entre photographie statique et vidéo, il n’y a qu’un pas… Il achète une Bolex Paillard 16mm en 1964 et filme en séquences très courtes quelques secondes des mannequins en mouvement et en tire des images. Il modifie les défilés en mélangeant mannequins vivants et projection de détails. Dans le même esprit, il anime les pièces de théâtre de Max Frisch et Eugène Ionesco mises en scène par Jean-Marie Serreau. De 1972 à 1974, Jean-Pierre Elkabach lui confie la réalisation d’un magazine culturel hebdomadaire sur la deuxième chaîne nationale française. Des rôles aussi fondamentaux qu’enrichissants pour celui qui a revisité les lignes éditoriales et appréhender les goûts d’une époque.

Cardin pour le Sunday Times, 1967. photographie argentique , 30 x 30 cm ©Galerie Maeght, Peter Knapp

Les œuvres inédites de Peter Knapp à découvrir à la galerie Maeght (Paris VIIe) jusqu’au 15 décembre prochain.

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