INTERVIEW

Patrick Watson : “‘Uh Oh’, c’est cette façon d’accepter la fatalité avec un peu de sourire."

Publié le

29 septembre 2025

Une contemplation de la vie faite de "Uh Oh" ! L’expression québécoise, difficile à cerner pour les francophones, mais qui en dit pourtant long sur l’esprit jovial de l’auteur-compositeur-interprète Patrick Watson. Son nouvel album, composé de 11 titres et dévoilé vendredi dernier, célèbre des rencontres artistiques avec de nouveaux visages féminins ancrés sur la scène musicale comme Charlotte Cardin, November Ultra, MARO ou Solann. Avant de partir en Tournée, l’artiste et compositeur de musique de film s’est confié à S-quive sur les coulisses de son album, ses nombreuses collaborations et son besoin absolu de liberté créative.

Patrick Watson ©DR

Patrick, si vous deviez vous présenter en quelques mots…

Mon nom, c’est Patrick Watson. Je suis chanteur, compositeur, producteur et musicien. Je ne suis pas chanteur de pop mais je pense que j’ai un style no age assez doux… C’est difficile de trouver les mots ! [Rires] Pour moi, la musique, c’est la paix. C’est là que j’habite ! [Rires]

Vous sortez votre nouvel album le 26 septembre prochain. Que raconte cette exclamation : "Uh Oh" ?

C’est une expression que l’on dit face à une situation, disons maladroite ou dramatique ! Ça peut être quelqu’un qui va faire tomber un verre par terre, on pourra dire : "Uh Oh !" ou alors si on a un accident de voiture auquel on ne pouvait échapper, on dira aussi : "Uh Oh !". La situation est tellement intense qu’on ne peut rien faire pour la rattraper. C’est une façon d’accepter la fatalité avec un peu de sourire : "C’est la vie, quoi !". On a l’impression, notamment depuis le Covid, que chaque jour, tu ouvres le journal, et tu te dis : "Uh Oh…". Je me disais que ce serait bien d’avoir un nom d’album avec un peu d’humour pour relativiser un peu. Je trouvais que c’était un bon titre pour essayer de trouver une place dans toute cette folie.

Et ce dessin sur la pochette ?

L’idée, c’était de s’inspirer de Où est Charlie ? On a trouvé joli de ne mettre que deux personnages. Le graphique de Uh Oh est simple et je suis souvent très bien entouré par les artistes.  

"Paris est la ville du monde où je préfère jouer au piano."

Vous avez collaboré avec Solann sur le titre "Ça va" qui valorise l’art de vivre parisien. Paris est une ville qui vous inspire ?

Paris est la ville du monde où je préfère jouer au piano. Deux de mes pianistes préférés viennent d’ici : Claude Debussy et Erik Satie, c’est peut-être pour ça. Il y a une nostalgie parisienne qui rencontre assez bien le piano. Par exemple, s’il y a un pays où je n’arrive pas à en jouer, c’est l’Irlande. Je crois qu’il ne fonctionne pas très bien avec le paysage. Souvent, dans les concerts à Paris, je fais des petits morceaux de piano solo. "Ça va" est une chanson aux racines très françaises mais cela vient du fait que la première fois que j’ai vu Solann chanter sur Instagram, je savais que l’art de chanter en français n’est pas donné à tout le monde. C’est un langage très difficile au niveau de la diction avec la quantité de mots dont on a besoin pour raconter quelque chose. Dire "Je t’aime" dans une chanson en français, cela veut dire aussi recontextualiser et argumenter pour ouvrir le cœur des Français. C’est très différent de l’anglais. Solann est très douée dans ce style de chanson et elle a trouvé une véritable façon de la raconter. Écrire les paroles avec elle, c’était vraiment facile car elle est à l’aise avec cette langue et j’adore les couleurs que nous avons trouvées. Il y a beaucoup de petites nuances auxquelles elle a contribué pour valoriser la beauté de la langue française. J’adore aussi Solann car elle a du chien et c’est très charmant.

Il y a aussi Charlotte Cardin, et November Ultra, entre autres, qui figurent sur l’album. Comment se sont déroulées ces rencontres et ces collaborations ?

J’ai toujours été fasciné par le fait que dans le hip-hop, il y ai des duos où des artistes au style dissemblables puissent raconter deux histoires complètement différentes sur le même titre. Je trouvais qu’on ne faisait jamais ça dans les autres styles de musique donc j’étais très intéressé de trouver ce type d’invité. La chanson "Silencio" avec Nova (November Ultra), c’est exactement ça. Nous avons tous les deux perdu nos voix de façon différente. Elle a écrit le texte avec sa personnalité et moi, la mienne, nous chantons ensemble nos deux histoires, et au milieu, on se retrouve. J’aimais bien l’idée de chanter avec les autres mais avec leur vision et leurs mots à eux. Avec Martha (Martha Wainwright) sur "House on Fire", je n’étais pas très d’accord avec les paroles au début, parfois il y a deux vérités qui peuvent exister et c’est difficile de trouver la paix dans les deux. Pour Martha, il n’y en avait qu’une, c'était la sienne, et "Fuck you!" [Rires] Au final, même si on partage certaines paroles, elle ne raconte pas la même histoire que la mienne. Avec Charlotte Cardin, cela fait plusieurs années que l’on se connait. La première fois que je l’ai rencontrée, je pensais qu’elle serait un peu diva et compliquée, et finalement, elle est super drôle et joyeuse, elle travaille en famille. Son père a plein de références des années 1970 comme Genesis. On a travaillé ensemble sur la chanson "Next to You" sur son album qu’on a pris beaucoup de plaisir à faire. La voix de Charlotte fait preuve d’une acrobatie exceptionnelle ! Sur "Gordon in the Willows", je voulais qu’elle montre cette voix qui n’existe pas ailleurs.

Vous avez dit que "Chaque artiste sur ce disque a des pouvoirs magiques différents" … Que voulez-vous dire ?

Oui c’est vrai ! Par exemple, quand c’est ton anniversaire, ça peut être gênant si tu as beaucoup de cadeaux et donc beaucoup d’amour d’un coup, ce n’est parfois pas si simple à recevoir. Charlotte peut recevoir d’immenses cadeaux, elle n’a aucun problème pour accepter ça, et tout le monde autour d’elle peut ressentir ce plaisir d’offrir. Cela génère beaucoup de générosité, il y a beaucoup d’élégance. November Ultra, dès qu’elle chante, tout le monde s’arrête et on est dans un film de Pagnol. Chaque personne qui rencontre MARO pour la première fois, ressent cette énergie particulière. Klô Pelgag, c’est toutes les qualités des québécois en une personne ! La Force, ça fait 15 ans qu’on chante ensemble, c’est comme ma sœur, et c’est une superbe personne à l’écoute de l’autre.

"J’aime la musique qui me transporte hors de ma vie."

Vous êtes aussi compositeur de musique de films. Quelles sont celles qui font partie de la playlist de votre vie ?

J’aime la musique qui me transporte hors de ma vie. Je pense peut-être à certaines trames sonores comme celle de Blade Runner, j’adore aussi Jonny Greenwood. Dans une vibes amoureuse, je pense à des films chinois, j’aime aussi beaucoup la BO du film Donnie Darko. Dans ma jeunesse, il y avait la musique du film The Piano que tout le monde jouait. J’oublie parfois à quel point les musiques de ce film m’ont changé profondément.

Qu’est-ce que vous esquivez dans la musique ?

J’écris environs un morceau par jour. J’ai besoin d’être inspiré par différents styles et souvent, il faut un an et demi, voire deux ans, pour qu’il devienne évident pour soi et pour ne pas avoir l’impression de s’en emparer. Je pense que c’est important pour être honnête avec soi-même.

Patrick Watson ©Nick Helderman

Vous partez en tournée. Que réservez-vous à votre public ?

Je voulais faire un show en trio avec La Force et les invités pour jouer de quatre façons différentes les morceaux de l’album. Dans certaines salles, cela permettrait une certaine tension et je voulais le faire au Zénith avec des arrangements très doux, très toniques ou médium. Ce qui compte, c’est ce côté très sincère et avec les musiciens très bons qui m’accompagnent, ils seraient capables de le faire selon les salles où on se produit, ce qui donnerait quelque chose d’unique. Ce serait une expérience musicale intéressante pour faire plein de propositions artistiques.

Que peut-on vous souhaiter ?

A moi ? I don’t know ! [Rires] Je me souhaite de toujours faire de la musique et de garder cette liberté à travers une longue et endurante carrière, et ce plaisir du public. Le monde est parfois terrible et faire de la musique est une façon de survivre ! [Rires]

"Uh Oh", de Patrick Watson, disponible partout.

Les dates de la Tournée de Patrick Watson ici :

5 octobre – East Las Vegas, NV – RiSE Festival
28 octobre - Toulouse, France – Bikini
29 octobre - Bordeaux, France - Rocher de Palmer
31 octobre  - Nantes, France – Stereolux
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1er novembre - Rouen, France – Le 106
2 novembre - Lausanne, Suisse– Théâtre de Beaulieu
4 novembre - Paris, France – Zenith La Villette
5 novembre - Lyon, France – Transbordeur
7 novembre - Londres, Royaume-Uni – Troxy
10 novembre - Nijmegen, Pays-Bas - De Vereeniging
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11 novembre - Brussels, Belgique – BOZAR
COMPLET
12 novembre - Amsterdam, Pays-Bas – Carre Theatre
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