"Omar la Fraise", une audacieuse bromance franco-algérienne

Omar, alias Omar la Fraise, joué par un Reda Kateb pimpant et affuté, est un bandit à la renommée qui dépasse les frontières. Après de graves méfaits commis en France et vingt ans de prison sur le dos, il est contraint de rester dans son pays d’origine. L’Algérie, historiquement proche de la France, est dépeinte à travers de magnifiques décors ensoleillés longeant les eaux bleues de la Méditerranée mais pas que. On découvre les ruelles et les cités cachées de sa capitale Alger, gangrénée par la pauvreté mais aussi une jeunesse au sourire paradoxalement violent et innocent.

L’amitié, sanctuarisée par Benoît Magimel et Reda Kateb

Omar est accompagné de son fidèle acolyte de longue date, Roger, campé par Benoît Magimel, qui nous gratifie d’une performance XXL. Il s’acclimate avec brio à la chaude et souvent brûlante culture orientale. Sa tendre protection pour Omar et son accent un chouïa excessif, mais chic, font de Roger un personnage attachant et drôle.

Pour les deux malfrats, censés profiter des sirocos du Sahara, des marchés ambulants et des musiques typiquement maghrébine, le naturel revient vite au galop. Entre soirées dans des cabarets, trafics de drogues patrons de jeunes mercenaires sans pitié, Omar et Roger s’immergent dans des règlements de comptes sanglants. Une routine de gangsters parfaitement illustrée avec un lexique de rue pour le moins cocasse, mais un brin excessif.

L’amour, un pas vers le droit chemin

Si son job de gérant au sein d’une usine de gâteaux orientaux le passionne nullement, c’est tout de même ici qu’Omar rencontre Samia, — interprétée par l’excellente Meriem Amiar —, une employée généreuse au caractère bien trempée qui ne le laisse pas indifférent. Si les "zhommes" avec un "z" tentent de faire preuve d’audace et de courage, pour Samia ces derniers aiment bien "jouer les vicomtes mais les comptes sont bien souvent vides" ! Une réplique qui prend tout son sens. La villa, certes au bord de la mer mais sans eaux dans la piscine et sans meubles, est à l’image du duo : charismatique et maladroit.

Au-delà de l’univers caïd, Omar la Fraise expose une Algérie émancipée, en proie de liberté mais aussi une franche amitié et une histoire d’amour pudique et sincère. Un scénario tout en sobriété, humilité et simplicité.

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"Omar la Fraise" en salle depuis le 24 mai dernier.