INTERVIEW

Miel de montagne : “L’innocence fait souvent la force des premiers albums.”

Publié le

26 novembre 2025

Miel de Montagne revient avec une édition deluxe de son album Ouin Ouin, c’est Ouin Ouin Ouin, cinq titres supplémentaires, imaginés cet été, avec le plein de collaborations.

Miel de Montagne ©DR

Miel de Montagne est un homme qui paraît, à la ville, fidèle à son style musical. Il est décontracté, avec le sourire, attablé dans un café parisien à la nuit tombée, les mains camouflées dans ses poches. Dans cette ambiance, l’artiste s’est confié à S-quive au sujet de ses nouveaux projets, de comment il allait et comment il voyait la suite. Heureux d'être à nouveau en tournée, il sera les 26-27-28-29 mai 2026 à La Maroquinerie à Paris, et heureux de pouvoir proposer à ses fans, dont il est fan en retour, une édition Deluxe de son album, Ouin Ouin. Le supplément s'appelle Ouin Ouin Ouin, 5 titres et des collaborations avec Kazy Lambist, Girl Ultra et Blasé, supplément dont il confie être fier, plein de partage cette fois-ci, à l’instar d’un album créé en solitaire. Rencontre.

Depuis la sortie de l’album, et maintenant cette version deluxe, comment ça va ? Est-ce que tout s’est bien passé, ou il y a eu quelques moments ouin ouin ?

C’était cool et fou ! Je sortais d’une période calme, donc j’étais à fond et c’est la première fois que je fais un album aussi rapidement. Dans la foulée, c'était l’Olympia, puis cet été j’étais sur des nouveaux morceaux pour le deluxe, en même temps, j’étais en tournée des festivals. C’était dur de jongler, j’aime bien être focus, switcher mon cerveau ça peut m'amener de l’anxiété. Cet été, c'était ça, mais là je suis re-hyper bien en tournée.

Vous n’avez pas de préférences entre la tournée et l’écriture ?

Non, dans les deux cas, je me sens bien. Je crois que c’est le mélange des deux qui peut parfois me stresser.

“Il y avait un vrai besoin de faire cet album, c’est comme ça que je bosse.”

Vous décrivez souvent votre album, et particulièrement vos morceaux, comme des créations spontanées, simples. Alors à l’inverse, est-ce qu’il y a eu au moins une chose compliquée ?

Je crois qu’il n’y avait pas vraiment de galère ! Par moment, forcément, ça accroche un peu, mais ça fait partie du travail et il faut dépasser ça. Et puis quand c'était le cas, je travaillais avec un Québécois, Jérémy Lachance. Il a apporté la force, le soutien, une distance aussi, plus rapidement que si j’étais tout seul. C'était plus avant que j'enclenche la création, j’avais moins envie de faire de la musique pendant une certaine période.

Pourquoi vous n’aviez pas envie de faire de musique ?

J’étais hyper focus sur l’amour, sur les relations. Ayant vécu des ruptures, je me suis dit :  “OK, j’ai envie d’en refaire”. J’avais vécu assez de choses et j’avais envie de rentrer dans cette phase créative. Avant non, pas forcément. C'était spontané, il y avait un vrai besoin de le faire cet album, c’est comme ça que je bosse.

Aujourd’hui, avec un peu de recul, quand vous réécoutez votre album, vous ressentez quoi ? De la fierté ? L’envie d’en refaire un autre pour dire encore plein d’autres choses ? Ou vous modifierez des choses ?

Musicalement, j’avais envie de me rapprocher de quelque chose de plus léger, comme mon premier album. Je voulais mettre la musique en avant, je pensais à la musique avant les paroles.  En live, c'est génial du coup. En ce qui concerne ce que je raconte, ce sont des chagrins d’amour, des périodes un peu tristes, mais c’était tellement bien ! Quelle que soit l’émotion, tant qu’elle est forte, j’adore la vivre. C’est là où je me sens le plus vivant. Je suis passé par des périodes tristes, mais j’étais heureux de les vivre.

“J’ai appris à un peu plus assumer ma voix.”

Dans cette version deluxe, il y a trois collaborations et deux titres exclusifs. Comment les avez-vous pensés ?

Ce sont des morceaux que j’avais hésité à mettre dans l’album. Un album que j’ai fait un peu tout seul, pendant trois mois, donc j’avais vraiment envie de faire des sessions, de m’ouvrir un peu. Je me sentais moins timide, je me suis dit : “Vas-y, go je peux partager un peu mon intimité musicale avec des gens”. J’ai vraiment fait trois collabs abouties, ce n'est pas toujours le cas.

Ces collabs, c'était des amis à vous ? Des rencontres pro ?

C’était des rencontres, pas des potes, mais on a tous matché humainement et je pense que c’est pour ça que les morceaux sont cools. Par exemple Mariana - Girl Ultra - était de passage à Paris, on n’avait rien en commun au début, à part peut-être la façon dont on voit les choses et la musique. On s’est découvert en travaillant ensemble, et le morceau est né en quelques heures. Blasé, lui, était un artiste que j’adorais, donc là, j’ai un peu bousculé les choses en lui demandant de faire un projet ensemble. Pareil, humainement, musicalement, ça a matché, même chose avec Kasy Lambist.

Vous avez appris quoi de ces collaborations ?

J’ai appris à un peu plus assumer ma voix, être un peu plus à l’aise avec ce que je fais, à me rendre compte de mes forces, de mes faiblesses. Quand tu es tout seul, tu as tendance à être négatif, alors qu’avec quelqu’un, tu te rends compte qu’il y a des points ou tu es meilleur, et inversement. Ça m'a fait du bien d'observer ça.

Vous allez en faire d’autres j’imagine ?

Je pense que ça sera toujours bénéfique d’en faire. Après c’est énergivore, tu dois faire des compromis et tu dois aussi discuter beaucoup.

“L’innocence fait souvent la force des premiers albums.”

Est-ce que ça devient plus simple avec le temps de poser des sons, des mots, sur les moments que vous vivez ? Ou au contraire, c’est toujours complètement différent ?

Il y a deux choses. Arrive un temps où tu te rends compte des phases où tu es inspiré, et un problème en découle : être moins émerveillé, à l’instar des débuts où tu ne prenais pas conscience de ce que tu faisais. L’innocence fait souvent la force des premiers albums. Donc je cauchemarde : “Comment retrouver cette espèce de naïveté des premiers instants ?”. J’ai la vie d’un gars de 18 ans, j’aime trop être dans ce mood-là : innocent. Et je pense que ce n’est pas que je ne veux pas grandir, c’est juste que je me crée des SAS pour retrouver cette nostalgie.

Et vous la retrouvez souvent ?

Oui et j’arrive à contrôler mes émotions, je peux vraiment savourer, alors qu’à 20 ans, tu te fais submerger. J’essaie de créer des SAS pour les faire réapparaître. Quand ça marche, c’est trop ouf ! On ne demande pas la même chose à 30 ans qu’à 18 ans, même si toi, t’as envie de rester à 18 et faire la révolution. Je veux toujours faire la révolution, je me demande juste où sont les gens ? J’ai la réponse, ils ne sont pas partis. C’est juste qu’il faut les trouver.

Vous êtes en tournée en ce moment… Déjà en train d’écrire les histoires de votre prochain album ?

Je note des idées en tournée, parce que quand je me retrouve tout seul, parfois je suis dans une énergie de flemme, alors je préfère partir d’une base, la feuille blanche, c’est trop dur. Il faut de la matière. Donc, plus j’ai de matière, plus j’ai de morceaux.

Est-ce que ça vous embête, de devoir expliquer vos morceaux, alors que c’est très personnel et pas toujours explicable ? Ou prenez-vous plaisir à le faire ?

J’aime bien expliquer, c’est cool de faire une analyse, simplement parce que je ne le fais pas seul. Même si j’aime bien vivre spontanément, il y a des morceaux que je sors, je ne comprends même pas pourquoi j’ai fait ça. Et quatre ans plus tard, j’y trouve un sens, et souvent ça me parle plus.

“Je fais de la musique, je ne suis pas un influenceur.”

L’Olympia, c’était comment ? Un peu fou ?

C’est un des plus beaux moments du projet ! J’étais trop content, j'étais tellement bien ce soir-là que ça fait du bien d’y repenser. Mon public est trop bien ! Je suis fan de mes fans. Et à chaque fois, je me dis : “Pourquoi les gens ne sont pas comme ça dans la rue.” Je les remercie tous.

Qu’est-ce qu’il faudrait esquiver en tant que musicien ?

J’aimerais trop esquiver les réseaux sociaux, je suis un boomer. Je ne suis pas née avec ça. J’ai eu une enfance sans téléphone, sans rien, à la campagne. Pour moi, c’est l’anti-art : ça me compare, ça m’angoisse, ça me pollue. Je me fais happer et je suis trop sensible aux addictions. Une semaine sans téléphone en montagne m’a fait un bien de malade : j’ai vécu mille fois plus de vraies émotions, et puis à la base, je fais de la musique, je ne suis pas un influenceur.

"Ouin Ouin Ouin", Miel de Montage, disponible partout.

No items found.
No items found.
No items found.

Plus d'articles