ARTS

"Knock on Wood" : les graffitis-gravures de Lek & Sowat

Publié le

15 avril 2024

Le duo de street-artistes Lek & Sowat présente son travail en atelier à Marseille, au sein de la galerie Escobar, du 20 avril au 14 mai prochain. Avec le solo show "Knock on Wood", les deux graffeurs préférés des grandes institutions s’attaquent à une nouvelle matière : le bois.

Lek & Sowat ©Maya Angelsen

"Nous avons choisi d’explorer un nouveau support pour l’occasion, à savoir le bois, matériau que nous n’avions que peu exploré jusqu’à présent". "Knock on Wood", comme l’explique l’artiste Sowat, est placé sous le signe du renouvellement, de la prise de risque, mais aussi de la chance. Le titre du solo show n’est pas choisi au hasard : pour que leur nouveau projet séduise le public marseillais, les artistes… "touchent du bois", au sens propre et figuré !

Des dessins en mille et un morceaux

Lek & Sowat placent le recouvrement par couches successives et la destruction au cœur de leur pratique, qu’ils les subissent lorsqu’ils travaillent en extérieur, ou qu’ils les mettent en scène, comme c’est le cas dans leurs travaux en atelier. Avec "Knock on Wood", l’idée reste la même, mais les artistes expérimentent cette fois-ci le dessin sur du bois, renouvelant par la même occasion leur technique de travail à 4 mains. Une énergie créatrice inépuisable !

Pour cette série d’œuvres, le duo a suivi un rituel bien particulier. Les deux artistes ont d’abord traité les panneaux de bois pour en faire ressortir les nœuds, comme autant de motifs naturels abstraits. Puis Lek les a recouverts de dessins inspirés par l’esthétique pixel. Une fois l’œuvre créée, l’idée est de la recouvrir totalement de peinture blanche, puis de calligraphies exécutées par Sowat. Par un jeu de scotchs, collés puis retirés au fur et à mesure du processus de création, la couche initiale réapparaît à la fin sous forme d’éclats… Le premier dessin refait alors surface, brisé en mille et un morceaux. Un processus de création qui met la destruction partielle, et l’esthétique du fragment, au cœur d’une démarche artistique orchestrée avec précision.

Lek & Sowat

Cette même idée de recouvrement était déjà à l’œuvre dans l’installation éphémère "Arcade on Fire" à l’Opéra de Lyon. Pour l’occasion, Lek & Sowat avaient orné les parois vitrées du lieu de leurs calligraphies. Tels des vitraux contemporains, elles déployaient leurs graffitis comme de précieuses écritures venues de temps ancestraux. Avec "Knock on Wood", le recouvrement intègre le processus de création lui-même. Une série d’œuvres complexes, comme construites en profondeur, strate après strate…

Knock knock… who’s there ?

C’est en 2009, lors d’une exposition collective, que Frédéric Malek, alias Lek, rencontre Mathieu Kendrick, alias Sowat. Depuis, les deux graffeurs forment un duo d’inséparables. Leur carrière décolle en 2012, lorsque le Palais de Tokyo s’intéresse à leur projet "Mausolée", une résidence clandestine d’une cinquantaine d’artistes dans un supermarché abandonné. De leurs performances dans les issues de secours du bâtiment, naîtra le "Lasco Project", soutenu par le musée parisien. Ils y revisitent les fresques de Lascaux façon street-art, dans les sous-sols du Palais de Tokyo.

Lek & Sowat, Glass Ceiling, Piscine Molitor, Paris 2023, ©Nico Giquel

Dès lors, Lek & Sowat multiplient les collaborations à l’étranger et en France, avec des artistes aussi variés que le poète Beat John Giorno, les stylistes Agnès b. et Jean-Charles de Castelbajac, ou encore les graffeurs Mode 2 et JonOne. De leur collaboration avec Jacques Villeglé, peintre précurseur de l’art urbain, naît le projet "Tracés Directs", la première œuvre de graffiti à entrer dans la collection permanente du Centre Pompidou en 2014. De la bombe aérosol à la peinture sur verre, en passant par la photographie et le mapping (œuvre numérique sur un bâtiment), les deux artistes ont soif de nouveaux savoir-faire.

En 2022, le passage du travail dans la rue, au travail entre les quatre murs d’un atelier à Paris, a été l’occasion d’une profonde remise en question, tant ce nouveau cadre de création les menait vers de nouveaux territoires. "Nous avons cherché, lors de cette transition, à explorer de nouveaux médiums, supports et techniques", explique Sowat. "Knock on Wood" n’échappe pas à cette règle. Les deux artistes semblent explorer le monde de l’art comme une friche ou un terrain vague, où n’importe qui peut entrer car il n’appartient à personne en propre…

"Knock on Wood" à la galerie Escobar, à Marseille, du 20 avril au 14 mai prochain.

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