MUSIQUE
Avec "Je sais plus quoi dire", Kalika signe un retour aussi fulgurant que nécessaire. Dans ce nouveau titre, elle explore les méandres de la dissociation, ce trouble psychique encore trop peu visibilisé, qu'elle vit et transforme en matière artistique. Entre confession intime et cri générationnel, l’artiste met en musique le malaise d'une époque, et rappelle que la santé mentale est aussi une affaire de conscience collective. À l'approche de son Olympia prévu le 6 décembre 2026, elle s'impose plus que jamais comme une voix percutante et profondément engagée.
Depuis ses débuts, Kalika s'est imposée comme une figure à part dans le paysage musical français. Ni tout à fait pop, ni totalement électro, elle navigue entre les genres avec une liberté rare, refusant les étiquettes et les carcans. Ce qui frappe, au-delà de ses productions sonores, c'est sa parole - crue, directe, sans fard. Elle ne chante pas pour séduire, elle chante pour dire. Dire ce qui ne va pas, ce qui fait mal, ce qui dérange. Dans "Je sais plus quoi dire", elle met des mots sur une sensation que beaucoup vivent sans pouvoir l'expliquer : celle de se sentir détaché de soi-même, comme spectateur de sa propre vie. "Le temps s'écoule sans moi", lance-t-elle, comme une confession exprimée au monde. Une phrase simple, mais vertigineuse, qui résume l'expérience de la dissociation. Ce mécanisme de défense psychique, souvent lié à des traumatismes, peut se traduire par une perte de repères, une impression de flotter hors de son corps, ou une déconnexion émotionnelle. Kalika ne cherche pas à en faire un concept abstrait : elle le raconte avec ses mots, son vécu, ses failles. Et c'est là que sa musique devient politique - parce qu'elle donne une voix à ce qui est souvent tu.
Dans un monde saturé d'informations, de crises et de simulacres, "Je sais plus quoi dire" résonne comme un aveu partagé. Kalika y exprime son malaise face au déni ambiant, à l'indifférence généralisée, à la perte de repères collectifs. Elle ne propose pas de solution miracle, mais elle tend un miroir. Et dans ce miroir, on voit une jeunesse qui vacille, qui cherche, qui crie - parfois sans bruit. Son souhait pour son prochain projet est clair : visibiliser la dissociation, en parler, l'expliquer. Non pas pour s'en faire porte-parole, mais pour ouvrir un espace de compréhension. Elle veut que le public sache d'où vient ce phénomène, pourquoi il survient, et comment il affecte ceux qui le vivent. C'est une démarche rare dans l'industrie musicale, où la vulnérabilité est souvent maquillée, esthétisée, mise à distance. Kalika, elle, l'expose. Et ce faisant, elle crée du lien. Ce lien, elle le tisse aussi avec ses auditeurs, qui trouvent dans ses textes une forme de résonance intime. Car si Kalika parle d'elle, elle parle aussi de nous. De cette génération qui grandit dans l'incertitude, qui cherche des repères dans un monde en mutation, qui tente de survivre à l'accélération permanente. "Je sais plus quoi dire" n'est pas seulement une chanson : c'est un manifeste, un appel à ralentir, à ressentir, à se reconnecter.
L'annonce de son concert à l'Olympia, prévu pour le 6 décembre 2026, vient sceller ce retour. Plus qu'un événement musical, ce sera sans doute un moment de communion, de partage, de catharsis. Car Kalika ne monte pas sur scène pour divertir : elle y monte pour exister pleinement, pour faire exister les autres avec elle. Son énergie brute, sa présence magnétique, sa capacité à dire l'indicible font d'elle une artiste à part — une de celles qui ne cherchent pas à plaire, mais à toucher. Sur scène, elle transforme ses douleurs en force, ses silences en cris, ses vertiges en danse. Elle crée un espace où l'on peut être soi, sans masque, sans honte. Et dans ce geste, il y a une forme de résistance. Résistance à l'oubli, à l'invisibilisation, à la solitude. Dans un paysage musical souvent formaté, Kalika rappelle que l'art peut encore être un lieu de lutte. Elle ne prétend pas guérir, mais elle ouvre des brèches. Et dans ces brèches, il y a de la lumière.
Ce retour n'est pas seulement artistique : il est profondément politique. En choisissant de parler de dissociation, Kalika s'inscrit dans une démarche de sensibilisation, de pédagogie, de transmission. Elle refuse le silence, refuse la honte, refuse l'invisibilité. Elle transforme son vécu en outil de compréhension, et sa musique en vecteur d'empathie. Dans un monde où la santé mentale reste encore un tabou, surtout chez les jeunes, son engagement est précieux. Elle ne se contente pas de dénoncer : elle explique, elle partage, elle tend la main. Et c'est peut-être là, dans cette générosité, que réside sa plus grande force.
Kalika sera à l’Olympia le 6 décembre 2026.