INTERVIEW

Jey Brownie : "Je me considère avant tout comme un chanteur qui a les capacités pour rapper."

Publié le

25 mai 2024

Le 7 juin prochain, l’album Mélodie Céleste de Jey Brownie sera dans les bacs. À tout juste 25 ans, un Colors et plusieurs scènes, l’artiste d’origine congolaise donne le ton avec, à l’intérieur, 15 titres et des featurings avec Dinos, Zamdane, Lujipeka ou encore The Doug. Lui, qui avait sorti Faits Divers, en février 2023, et dont le morceau "GTB" avait eu un franc succès, se renouvelle. Pour l’occasion, S-quive est allé à sa rencontre dans le 17e arrondissement de Paris.

Jey Brownie ©LEBLANSHADY

Votre nouvel album arrive le 7 juin. C’est votre deuxième album et votre troisième projet, en quelques mots comment le décririez-vous ?

Je le décrirais comme étant artistique, mélancolique et qualitatif.

Quelles ont été vos inspirations, vos influences et références pour ce projet ?

Je m’inspire d'énormément de choses. J’écoute beaucoup de musique, je suis un fan numéro 1 de Michael Jackson. À part lui, j’écoute The Weeknd, Julio Iglesias, et des artistes de chez moi comme Fally Ipupa et Koffi Olomidé. Sinon, pour mes projets, je m’inspire de la nature, quand je marche dans la rue j’observe comment les gens vivent, les galères que certaines personnes peuvent rencontrer… Puis, j’essaye de mettre tout ça sur papier pour pouvoir l’exploiter en chanson. Dans ce projet, on retrouve beaucoup de choses personnelles, chaque chanson représente un mood particulier de ce que je vivais au moment où je l’ai écrit.

Avec cet album, vous prenez du grade, il y a des featurings avec des noms du rap comme Dinos, comment avez-vous travaillé avec eux ?

Pour Dinos, je souhaitais qu’il ramène son univers musical dans le mien. C’est quelqu’un que je trouve très fort lyriquement, j’aime sa vision des choses. Zamdane, c’est pareil, il est beaucoup dans la mélancolie, et je voulais voir ce que notre mélange d’univers allait donner. Sur la scène française, aujourd’hui, The Doug est l’un de mes artistes préférés, figure-toi. Je pense que dans les années à venir, il sera un des artistes les plus forts de la variété française. J’aime la simplicité qu’il a dans ses textes, on dirait qu’il parle à un ami quand il écrit. Au-delà de la musique, c’est un bon ami. Il a cette façon de raconter une histoire, quelque chose de très vulnérable et ça dégage des émotions. Avec Lujipeka, le courant est très bien passé aussi, c’est un super gars. Tous les artistes que j’ai fait venir sur ce projet sont ceux avec qui j’ai une attache assez particulière, concernant leur style de musique et ce qu’ils peuvent apporter. Dans mon projet précédent, il y avait beaucoup de rappeurs très écoutés : Freeze Corleone, Guy de Bezbar, Tiakola. Pour cet album, j’avais envie de voir d’autres talents qui correspondaient à ce que je ressentais sur le moment.

"Dinos est un poète, alors j’ai dû encore plus élever mon niveau d’écriture pour arriver à ce que je voulais atteindre."

Avez-vous une anecdote à nous raconter ?

Ce n’est pas vraiment une anecdote mais avec Dinos, on s’est tout de suite bien entendus, c’est une personne remplie de conseils, sur la vie, sur la musique, il m’a beaucoup aidé quand on a travaillé ensemble. Dinos est un poète, alors j’ai dû encore plus élever mon niveau d’écriture pour arriver à ce que je voulais atteindre. On s’accompagnait dans les morceaux, il me disait : “Ça, ça passe bien”, “Là c’est mieux comme ça”.

Avez-vous aussi travaillé avec Flem sur ce projet ?  Est-ce que vous avez changé de méthodes de travail, d’entourage ?

J’ai travaillé avec lui sur "Hypnotic". Il m’a envoyé une production que j’aimais et je suis directement allé au studio pour enregistrer dessus. Il fallait que je le mette sur le projet, c’était important pour moi qu’il y ait un fil conducteur entre Faits Divers et Mélodie Céleste. Ne pas placer un seul son avec lui, c'était inimaginable. Pour cet album, c’était une autre façon de travailler, j’ai élaboré le plan seul alors que dans le précédent, les idées venaient de nous deux et surtout de lui, car c’est un ingénieur du son. Il m'enregistrait, alors il fallait se caler sur son planning. Sur Mélodie Céleste, j’avais un libre arbitre complet, le choix des morceaux, à quoi la tracklist allait ressembler... Lui et moi, on savait que Faits Divers était une parenthèse et que l’on n’allait pas toujours travailler ensemble, on voulait juste faire une expérience.

Votre titre "GTB" a eu beaucoup de succès l’été dernier et en très peu de temps vous-avez réussi à vous faire une place sur la scène R’n’B, vous avez même sorti un Colors. Comment vivez-vous le succès et la reconnaissance de votre travail ?

Je le vis très bien, avec beaucoup de recul ! Il y a un dicton américain qui dit : “Quand tout se passe bien dans ta vie, surveille le diable”, et je m’y fie beaucoup. Ce n’est pas que je ne suis pas heureux de ce qui se passe, je suis très content et reconnaissant mais je sais qu’il me reste beaucoup de choses à faire et à prouver, et j'espère sincèrement que Mélodie Céleste sera remarqué par le public. C’est aux auditeurs d’estimer si le travail a été fait ou pas.

En octobre 2023, vous avez donné un concert à la Maroquinerie, qu’est-ce que ça fait ?!

C’était un de mes premiers concerts à Paris. Le fait de pouvoir se dire que dans la ville où j’habite et où je me promène tous les jours, j’ai pu remplir une salle et que les gens sont venus pour moi, c’est incroyable. Je me suis dit : “Wow, le travail a bien été fait”.

"Je me considère avant tout comme un chanteur qui a les capacités pour rapper."

Vous avez une voix qui se prête très bien au chant, comment avez-vous eu l’idée de mêler chant et rap ?

Quand j’ai commencé à faire de la musique, je faisais de la Trap Soul, j’étais beaucoup inspiré par Bryson Tyler, un artiste qui mélangeait le rap et le chant. Faits Divers m’a encouragé à pousser encore davantage cette vibe, d’autant plus que j’étais avec Flem qui est dans le rap. Je me considère avant tout comme un chanteur qui a les capacités pour rapper. Ça ne veut pas dire pour autant que je suis rappeur.

D’où vous est venu le chant ?

Je suis né comme ça, avec une belle voix ! [Rires] J’ai aussi été choriste très jeune, ça m’a appris à travailler et à apprivoiser ma voix.

Jey Brownie ©LEBLANSHADY

Pour vous, la musique est un moyen de faire passer un message, des émotions ou au contraire, est-ce un défouloir pour exprimer ce que vous ressentez ?

Je trouve que c’est les deux. Quand les gens ne vont pas bien, ils écrivent dans leur journal intime, nous les artistes, quand on a envie de se défouler et d’enlever un poids de nos épaules, la musique nous aide. Mais bien évidemment, la musique peut aussi servir à prendre position et défendre quelque chose. Quand j’écris, je suis mon instinct, si je sens qu’il faut que je parle de politique ou encore d’un sujet personnel, je le fais. En général, je ne suis pas quelqu’un qui se plaint beaucoup, je ne m’ouvre pas facilement. J’encaisse, je garde les choses pour moi, et justement la musique m’aide à pouvoir me libérer de ça. Il y a des phrases que je peux écrire et chanter mais que je ne pourrai jamais dire en face. Ce qui est paradoxal, c’est que je ne suis pas embarrassé à l’idée que ce que je ressente devienne universel. Je suis assez proche de mon public et ça ne me dérange pas qu’il puisse connaître ma vision des choses et de la vie.

"Quand les gens ne croyaient pas en moi, je restais positif et confiant."

On va rentrer dans votre parcours…Vous-êtes originaire de Kinshasa au Congo, quand vous étiez là-bas petit, vous rêviez de quoi ?

Quand j’étais petit, je rêvais d’être quelqu’un dans la société. Je rêvais d’être un grand monsieur, comme mon papa. C’était mon exemple, car mon père au Congo, c’est quelqu'un. Alors, je me fixais des objectifs, je me disais : “Il faut qu’à 16 ans, je devienne une star”. Là, j’en ai 25 mais c’est quand même arrivé.

Avoir une famille de musiciens (un père qui était le guitariste de Koffi Olomidé), c’est ça qui vous a donné envie de vous lancer dans la musique ?

Bien sûr, voir mon frère et mon père faire de la guitare à la maison, m’a influencé, mais je pense que la musique était en moi, il fallait juste que je me décide à me lancer. Quand j’étais au lycée par exemple, j'écrivais des paroles en anglais puis je les chantais devant ma professeure d’anglais, et elle m’aidait et me corrigeait.

Dans la vie de tous les jours, ou même dans le monde de la musique, qu’esquivez-vous ?

J’esquive les mauvaises ondes, les personnes très négatives, qui te tirent vers le bas. Si je suis arrivé là où j’en suis aujourd’hui, c’est grâce à Dieu, grâce à mon travail, et grâce au fait que j’ai toujours cru en moi. Quand les gens ne croyaient pas en moi, je restais positif et confiant.

"Mélodie Céleste" de Jey Brownie sera disponible le 7 juin prochain.

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