INTERVIEW

Jean-Michel Attal : "J’ai commencé à collectionner il y a plus de quarante ans, et j’ai toujours eu ce désir de créer un lieu."

Publié le

11 juin 2025

Ancien notaire d’affaires et collectionneur passionné depuis plus de quarante ans, Jean-Michel Attal réalise un rêve de longue date avec l’ouverture du LAC – Loukoums & Art Contemporain. Installé dans le XIIIᵉ arrondissement de Paris, ce lieu aussi majestueux qu’intime où gravitent des œuvres de Lee Ufan ou Miriam Cahn — entre autres —, mêle expositions, performances, poésie et transmission. Pensé comme un espace vivant, ouvert au public comme aux artistes, le LAC incarne un désir profond de partage.

Jean-Michel Attal ©Nicolo Revelli-Beaumont

Vous avez inauguré fin 2024 le LAC (Loukoums & Art Contemporain) dans le XIIIᵉ arrondissement de Paris. Quelle a été votre motivation derrière la création de cet espace dédié à l'art contemporain ?
J’ai commencé à collectionner il y a plus de quarante ans, et j’ai toujours eu ce désir de créer un lieu. Un espace à la fois intime et ouvert, dans lequel je pourrais montrer des œuvres de ma collection, exposer de jeunes artistes, organiser des conférences, des concerts, des lectures de poésie… et aussi accueillir des collégiens et des lycéens. Après mon départ à la retraite, j’ai enfin pu me consacrer pleinement à ce projet.

"À l’avenir, je souhaite que le LAC reste un espace vivant, accessible, exigeant mais généreux."

Le nom "Loukoums & Art Contemporain" est intrigant pour ceux qui ne vous connaissent pas. Que signifie-t-il pour vous ?
J’aime les lacs, un mot qui claque. Et à partir de LAC, on arrive à "Loukoums" et "Art contemporain", qui font écho à mon amour des traditions orientales et de l’art. "Loukoums" évoque la douceur et la convivialité, qui reflètent bien l’esprit du lieu.

©Nicolo Revelli-Beaumont

Votre collection comprend des œuvres d’artistes tels que Katinka Bock, Philip-Lorca diCorcia, ou encore Saâdane Afif. Comment choisissez-vous les artistes que vous soutenez ?
J’ai commencé par la peinture abstraite, puis j’ai élargi à d’autres médiums : peinture figurative, photographie, sculpture, installations, vidéo… Avec le temps et les moyens, j’ai pu acquérir des œuvres d’artistes déjà très établis, comme Lee Ufan ou Miriam Cahn, mais aussi soutenir des artistes plus jeunes dès leurs débuts, comme Saâdane Afif ou Guillaume Leblon. La première exposition du LAC était conçue comme un manifeste de ma manière de collectionner : croiser des figures reconnues avec des artistes que j’ai choisies de suivre très tôt.

SLe LAC a été conçu par l’architecte belge Olivier Dwek. Comment s’est déroulée votre collaboration ?
Olivier Dwek
est un architecte belge spécialisé dans les musées et galeries. Il a très vite saisi ce que je voulais : un lieu épuré, très blanc, métallique, avec un esprit industriel. La grande verrière de onze mètres, qui existait déjà, a été entièrement refaite pour apporter une lumière exceptionnelle. Il m’a aussi orienté vers Chris Pype, qui s’est chargé de la lumière, et un autre entrepreneur belge qui a conçu la cuisine-bibliothèque. Je sais qu’on entend souvent des plaintes sur les chantiers, mais moi j’ai eu la chance d’avoir une équipe formidable. Le lieu était à l’origine un loft d’habitation : il a été complètement transformé après plus d’un an de travaux.

©Karen Assayag

Vous avez récemment présenté l’exposition Mémoires d’un retour à Paris de Gabriela Pez. Que retenez-vous de cette première collaboration ?
Gabriela Pez
est une jeune artiste cubaine, et c’était sa toute première exposition hors de Cuba. Elle a su accompagner personnellement les visites privées, que ce soit pour des groupes comme Les Amis des musées ou pour des visiteurs curieux. Elle a également donné une conférence consacrée à l’Amérique latine. Elle parle remarquablement bien de son travail, et l’exposition a été un beau succès : quasiment toutes les œuvres ont été vendues, et l’intégralité des recettes lui est revenue. C’était un moment fort, fidèle à l’esprit du lieu.

"Mon objectif, c’est aussi, et surtout, d'aider les artistes à être repérés, que ce soit par des journalistes, des directeurs de musées et d’institutions, des commissaires…"

Quelles sont les prochaines expositions prévues, et comment envisagez-vous l’avenir du LAC dans le paysage culturel parisien ?
L’exposition en cours présente les œuvres de mon fils, Nicolas Attal – alias Nico K. – poète, slameur et performeur qui s’est tourné vers les arts visuels depuis quatre ans. À la rentrée, je proposerai une nouvelle exposition issue de ma collection autour des polyptiques. Et début 2026, nous accueillerons l’artiste marocaine Hasnae El Ouarga, dont je suis convaincu du talent. À l’avenir, je souhaite que le LAC reste un espace vivant, accessible, exigeant mais généreux. Un lieu qui fasse exister des artistes, tout en favorisant la rencontre avec des publics variés – scolaires, amateurs, professionnels.

pause - danse, 2025Aérosol sur toile - 210 x 190 cm - Nico K.

Avez-vous un message à faire passer aux lecteurs ?
Ce lieu, c’est l’aboutissement d’un désir de longue date. Un désir de partage. L’envie de faire découvrir les œuvres que j’ai réunies, et de rendre visible le travail d’artistes émergents. Mon objectif, c’est aussi, et surtout, de les aider à être repérés, que ce soit par des journalistes, des directeurs de musées et d’institutions, des commissaires…

LAC Loukoums & Art Contemporain

80A Rue Bobillot, 75013 Paris

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