INTERVIEW

IAMDDB : "C’est très important, en tant qu’artiste, d’être conscient du message que l’on diffuse, car c’est un mantra que les gens vont pouvoir se répéter."

Publié le

10 mai 2024

Le 29 février dernier, l’artiste IAMDDB a sorti son nouvel album LOVE is WAR, Volume 6, presque 5 ans jour pour jour après le précédent volume Swervvvvv.5. "'LOVE is WAR, Volume 6’ est l’introduction à la nouvelle IAMDDB", nous dira-elle ! S-quive a discuté avec l’artiste de son parcours, de la création de son nouveau projet, des étapes et épreuves qu’elle a dû surmonter pour y parvenir, de sa richesse musicale, ou encore de sa tournée qui arrive prochainement…

IAMDDB ©Romany Francesca

Miss DDB, "como vai" ?

La vie est cool merci ! Et toi comment tu vas ?

Je vais bien merci, mais je suis désolé, c’est tout ce que je sais dire en portugais, on va devoir continuer l’interview en anglais [Rires]. Quoi qu’il en soit, comment allez-vous depuis JAZB (Flying Lotus) ?

Waw… Depuis ce morceau, j’ai sorti 6 projets. Je me suis aussi développée moi-même, en tant qu’artiste indépendante et puis, je me suis simplement amusée en faisant de la musique, c’est super important !

Entre votre projet Swervvvvv.5 et LOVE is WAR, Volume 6, il s’est écoulé quatre ans. Qu’avez-vous fait pendant tout ce temps ?

Oui, j’avais plein de choses à remettre en ordre avec mon équipe, j’ai dû structurer mon business et moi-même en tant qu’artiste. Je n’avais rien à prouver, je n’avais aucune raison de me précipiter et je voulais créer un ensemble d’œuvres dont je pouvais être fière. Donc, j’ai vraiment pris le temps de ressentir chaque émotion que j’avais à ressentir, de surmonter les épreuves par lesquelles je devais passer et j’ai simplement grandi en tant que personne. Je pense qu’il est important de prendre le temps de devenir qui tu es, pour que l’évolution puisse aussi se ressentir dans la musique.

Quand avez-vous commencé à travailler sur LOVE is WAR, Volume 6 ?

[Rires] J’ai commencé à travailler dessus en 2020 !

Oh tout de même ! Dans "Brb Outrolude" de Swervvvvv.5, vous dites : "Prochaine étape : mode album". Qu’est-ce qui vous a fait passer le cap des 5 premiers projets qui étaient des EP à un album comme LOVE is WAR, Volume 6 ?

Pour moi, 2020 était une année dont je parlais depuis longtemps, et j’avais le sentiment que c’était le bon moment pour faire un album. Mais avec le Covid et tous les changements par lesquels je suis passée, c’était impossible. J’avais donc accumulé tellement de morceaux que je me suis dit autant faire le plus gros projet possible ! Je qualifierais tout de même LOVE is WAR, Volume 6 de "volume" mais vu qu’il fait plus de 45 minutes, on peut dire que c’est un album.

"‘LOVE is WAR, Volume 6’ est l’introduction à la nouvelle IAMDDB."

Il y a une atmosphère générale dans cet album, mais il y a des morceaux de styles différents. Parlez-moi de la création de "Stop Playing With Me" …

Il y avait une telle ambiance dans le studio. Quand on a commencé à faire le beat, je ne pouvais littéralement pas m’asseoir et si un beat me donne chaud, je sais que c’est le bon ! Donc je m’amusais et on faisait un son fait pour la scène ! Je pense que c’est important de faire de la musique sur laquelle tu peux vraiment bouger ton corps et t’amuser en concert. C’était l’intention derrière cette chanson. S’amuser et aussi faire de la rage en tant que femme car c’est vraiment catégorisé comme un "truc de mecs" tu vois.

Cette pause musicale que vous avez eue entre 2019 et 2023, vos problèmes avec votre ancien management qui sont derrière vous, etc. Est-ce que tout cela vous a permis de vous réinventer, d’évoluer ? Vous êtes une nouvelle IAMDDB, voyez-vous cela comme une renaissance ?

À 100% ! Être capable en 2024 de sortir ce projet en totale indépendance est une grande victoire ! D’autant plus, après tout ce que j’ai traversé. Et être propriétaire de mes masters est la chose la plus importante pour moi. Je suis vraiment fière de tout ça. Être indépendante en termes de direction musicale, visuelle et juste de la façon dont je veux avancer en tant qu’artiste. Je dirais que LOVE is WAR, Volume 6 est l’introduction à la nouvelle IAMDDB.

Il me semble que vous aviez un certain rêve en 2020, est-ce que c’est de ce rêve, que votre renaissance est née ?

[Rires] Je dirais oui à 100% ! Dès le moment où j’ai su que : "Ok, tu ne sais pas vers où tu vas, mais ça va te transformer et ce que tu as eu à surmonter avant ce moment, est mort et disparu". C’était une opportunité pour moi de me refaire confiance.

Donc qu’est-ce qui a changé dans la façon de vivre de cette nouvelle IAMDDB ?

Je ne fume plus, j’étais un gros "Ganja Baby". [Rires] Mais j’ai arrêté. Je suis plus calme qu’avant le volume 6. J'étais hyper active et en colère. Maintenant je suis plus détendue et capable de gérer les choses avec un esprit clair. Je pense juste que maintenant, je ne fais plus de la musique parce que c’est un "métier", j’en refais car j’aime vraiment ça et ça me guérit.

"Je suis vraiment impatiente de revenir à mes racines et d’arriver à un point où je pourrai faire un album complet de pur jazz. C’est mon rêve absolu."

Dans une interview que vous avez donnée au média Couleur3, il y a 3 ans, vous disiez ne pas vouloir produire d’autres artistes sur votre label. Votre position a-t-elle évolué depuis ?

Je trouve ça un peu égoïste de signer un artiste quand on l’est soi-même car tu as besoin de t’accorder de l’attention, et cet artiste aura besoin que tu lui accordes le même niveau d’attention. Je ne pense pas que je pourrais m’engager et donner 100% de mon temps alors que j’ai tellement de choses à faire pour moi-même. Donc, je m’intéresse davantage aux producteurs, ingénieurs du son, auteurs, etc…

Dans cette même interview, vous parliez de ce à quoi votre premier album allait ressembler. Vous disiez : "Il doit aller au maximum de son potentiel, il doit être commercialisé de la bonne manière, il doit avoir le bon effet acoustique sur le monde et résonner autour du globe car je suis de Manchester mais maintenant il est l’heure de voler comme un oiseau". Maintenant que votre album est sorti, pensez-vous avoir réalisé ce que vous vouliez ?

Waw… Je pense qu’en terme de réalisation d’un son commercial, j’ai assurément pu y parvenir, surtout en étant indépendante. J’en suis si fière. Je pense que j’ai, à peine, effleuré la surface de ce dont je suis capable en tant que musicienne. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais je pense que LOVE is WAR, Volume 6 est une excellente base pour commencer. Mais oui, il y a tellement de musique à faire et je suis une enfant du jazz, donc, je suis vraiment impatiente de revenir à mes racines et d’arriver à un point où je pourrai faire un album complet de pur jazz. C’est mon rêve absolu.

IAMDDB ©Romany Francesca

Précisément, vous disiez qu’il fallait qu’il soit commercialisé de la bonne façon. Et vous avez utilisé une manière assez spéciale de le commercialiser. Votre album LOVE is WAR, Volume 6 était exclusivement disponible plusieurs mois à l’avance sur la plateforme EVEN.BIZ, qui permet au public de l’acheter, en donnant le montant qu’il souhaite. Pourquoi avez-vous fait ce choix ?

J’ai fait ce choix car j’ai l’impression d’avoir investi beaucoup d’argent dans ce projet. C’était autofinancé et je mérite de récupérer une partie de mon argent. Ça m’a aussi donné l’opportunité de voir où sont mes fans, qui sont mes fans et ce qu’ils pensent de ma musique. Et ça me permet de gagner beaucoup plus d’argent que sur les plateformes de streaming. C’est vraiment un excellent moyen de montrer à d’autres artistes que nous pouvons vraiment vendre notre art directement aux fans. Nous n’avons pas forcément besoin des Spotify, Apple Music, etc... C’est génial, ça permet également à des personnes qui ne nous écoutaient pas à la base, de découvrir notre musique. Mais en termes de revenus, je pense que les plateformes comme EVEN sont exactement ce dont les artistes indépendants ont besoin parce que l’on devrait pouvoir faire des profits avec notre musique.

"J’avais peut-être dix à vingt filles qui ont jeté des soutien-gorge sur scène !"

Parlez-moi de la création de cet album. Vous m’avez dit que vous l’aviez commencé en 2020…

Ça a été un long voyage à travers plein d’émotions différentes. C’est pour ça que quand tu écoutes le projet, ça commence doucement, l’énergie s’accumule, puis on redescend, parce que j’ai l’impression que c’est une expérience émotionnelle. Je voulais que le public ressente l’ancienne DDB tout en étant présenté à la nouvelle. On est toujours dans les genres auxquels le public a été habitué mais d’une manière qui a complètement évolué. Pour moi, c’était vraiment le moment de faire de la musique qui résonne avec mon âme, avec mon égo et avec chaque partie du processus de guérison que j’ai traversé. Ça inclut la colère, l’amour, le chagrin, le fait de désapprendre et de réapprendre, de devenir et de perdre. C’est vraiment l’intention derrière LOVE is WAR, Volume 6. Je suis tellement reconnaissante d’avoir d’excellents producteurs et créatifs avec qui travailler pour m’aider à faire vivre cette vision.

Quelle est votre chanson préférée sur cet album ?

Ça dépend de comment je me sens. Si j’ai envie de m’éclater ça sera "BET". Si j’ai envie de douceur alors "SiRENADE". J’adore aussi "GENTLE" et "SAVED" mais je ne peux pas dire que j’ai une chanson préférée. C’est fou, c’est trop dur !

Y a-il une chanson que vous avez préféré réaliser alors ?

C’est une question de fou, c’est difficile ! J’aime toutes mes chansons, mais "SiRENADE" a une place spéciale dans mon cœur simplement car c’est la première chanson d’urban jazz que j’ai fait, après ne pas en avoir chanté pendant longtemps. Donc oui, je pourrais dire que celle-ci est ma préférée.

Parfois, quand on écoute un album ou une chanson, on peut deviner d’où vient l’artiste : si elle est anglaise, ou sud-africaine ou française, par exemple. Ce que j’aime à propos de vous, c’est que si je ne vous connaissais pas, je n’aurais jamais deviné d’où vous venez car votre musique est remplie d’un tas de sons et d’inspirations différentes. Et d’autant plus avec LOVE is WAR, Volume 6 !

Oui je te comprends. Je pense que je suis capable de dépeindre un message universel d’une manière qui concerne beaucoup de gens dans le monde. Tu n’as pas forcément besoin de savoir d’où je viens ou de savoir à quoi je ressemble, pour pouvoir ressentir ma musique. C’est vraiment l’objectif que j’ai pour chacune de mes chansons. L’une de mes plus grandes inspirations est Bob Marley. Ce que j’aime avec lui, c’est que peu importe la race, l’âge, la région, il peut te toucher juste avec des mots et des vibrations. Et c’est vraiment ce que je vise à faire. Faire une musique à laquelle on peut s’identifier, faire une musique qui peut guérir, mais faire aussi une musique qui rappelle aux gens de s’ouvrir et d’aller chercher ce qu’ils ont à chercher. Réclamez ce que vous avez à réclamer ! Rappelez-vous que vous êtes cette péta*** ou ce gars. Alors profitez de la vie et profitez au maximum de l’énergie.

Parlons de votre tournée. Qu’avez-vous à dire à ceux qui n’ont pas encore pris leur place ?

On part en tournée européenne, mais de nouvelles dates arrivent comme en Amérique du Nord où on en a déjà rajouté, alors ça va être une tournée mondiale ! J’espère que l’on partira aussi en Afrique et dans d’autres continents. Je suis tellement excitée par cette tournée. Je pense que ça va être une réintroduction de la performance live, du son, de l’expérience. Je veux vraiment en faire un spectacle immersif. Je demande au public de venir sans attentes, prêts à s’amuser. L’un des objectifs de cette tournée est de déconnecter les gens de leurs téléphones et de les reconnecter à l’expérience live. Je pense qu’ils passent trop de temps à capturer le moment au lieu de le vivre. Donc oui, j’ai vraiment hâte. On a deux concerts à Paris, l’un est déjà complet ! Je suis très très très excitée de revenir partager de la bonne musique et de l’énergie. Ça va être le feu et on aura des invités de chaque ville pour soutenir et montrer de l’amour aux artistes émergents, parce que c’est très important pour moi. Mais oui, les tickets sont en ligne alors allez les acheter !

IAMDDB ©Romany Francesca

Ça peut également être intéressant de voir l’évolution de votre public. Depuis Swervvvvv.5, il y a beaucoup de nouvelles personnes qui vont ont découvert votre musique. Une partie de votre audience est donc toute nouvelle…

À 100% ! C’est également pour ça que j’ai trouvé important de renouveler ma musique. Je dois évoluer avec mon temps et même si je ne veux pas suivre la tendance, je dois savoir comment m’y intégrer de manière authentique. Donc ça résonne toujours avec ce que je suis, mais avec la possibilité de toucher différents groupes d’âges et de personnes. La génération Z est l’avenir, donc c’est important d’y être "connecté", c’est important de comprendre les nouvelles tendances pour en faire partie.

Quel a été le concert qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?

Je me souviens d’un concert au Brésil. Les brésiliens sont vraiment fous ! Mais les parisiens leur ressemblent car vous avez une certaine énergie et vous n’avez pas peur de vous exprimer et de vous amuser. Je me nourris du public, et le public se nourrit de moi. Si vous me voyez m’amuser, vous allez devenir fou et si je vous vois vous amuser, ça va me rendre folle ! Donc oui, selon moi, le Brésil est le meilleur endroit pour se produire car à travers son énergie, il vous envoie énormément d’amour. Les brésiliens sont tellement ouverts, ils font partie des peuples les plus chaleureux que j’ai pu rencontrer.

"C’est très important, en tant qu’artiste, d’être conscient du message que l’on diffuse, car c’est un mantra que les gens vont pouvoir se répéter."

Avez-vous une anecdote à propos d’un concert que vous avez fait ?

L’un des tous premiers concerts que j’ai fait à Birmingham en Angleterre m’a vraiment marqué. J’avais peut-être dix à vingt filles qui ont jeté des soutien-gorge sur scène ! Et j’étais en mode : "Quoi ? Je ne suis même pas un garçon, pourquoi vous me jetez vos soutien-gorge ?" [Rires]. Mais c’était fou. Ça m’a fait réaliser que même les filles étaient attirées par l’énergie d’une manière physique, sexuelle, romantique, ce qui m’a époustouflée car je n’y avais jamais pensé. Mais elles avaient vraiment aimé l’ambiance. Et je ne vais pas te mentir, je me suis vraiment dit : "Put*** les filles vous faites vraiment ça ?" [Rires]. Mais c’était une super expérience, ça m’a fait beaucoup de bien.

Enfin, qu’est-ce que vous esquivez dans ou grâce à la musique ?

Je dirais que pour moi, la musique est mon lieu de guérison. C’est aussi mon lieu de confort, d’expression et de sécurité. C’est ce qui me permet de rentrer à l’intérieur de moi-même et de comprendre ce que je ressens par rapport à moi, à la vie, à l’amour, aux expériences. En ce qui concerne la musique, en tant qu’évasion, je dirais à nouveau que c’est une safe place. C’est très important, en tant qu’artiste, d’être conscient du message que l’on diffuse, car c’est un mantra que les gens vont pouvoir se répéter, donc c’est quelque chose qui me tient très à cœur quand je fais de la musique. Mais plutôt qu’esquiver quelque chose grâce à la musique, je dirais que celle-ci me permet surtout de me libérer, car c’est quand j’en fais que je me sens la plus libre.

Merci beaucoup pour cette discussion.

Merci à toi Jules, c’était un si bon moment. C’était un réel plaisir de parler avec toi et j’ai hâte de te voir au concert à Paris !

IAMDDB ©Romany Francesca

Les places pour aller voir IAMDDB en tournée : ICI.

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