ARTS

Dessins érotiques et peintures obscènes ravivent les ardeurs de "L’enfer"

Publié le

3 décembre 2021

Pour son premier commissariat d’exposition, le peintre Olivier Masmonteil invite une cinquantaine d’artistes à imaginer leur "Enfer", en référence aux anciennes sections de bibliothèques dédiées aux livres et aux œuvres interdites ou immorales, dans le cadre d’une présentation à découvrir à la galerie Sabine Bayasli jusqu’au 15 janvier 2022.

Delphine Perlstein, La fessée, acrylique sur papier, 30 x 40 cm, 2021

"L’enfer, c’est les autres." Si Jean-Paul Sartre assimile l’enfer aux relations conflictuelles et aux situations d’aliénation avec autrui dans sa pièce de théâtre "Huis Clos" (1944), ce terme peut pourtant présenter un tout autre sens. L’enfer renvoie à la section d’une bibliothèque où sont conservés différents livres dont la lecture est interdite au public. C’est dans cet esprit que l’artiste Olivier Masmonteil a pensé l’exposition "L’enfer" présente à la galerie Sabine Bayasli jusqu’au 15 janvier 2022. Dans une atmosphère intimiste parsemée d’œuvres contraires aux bonnes mœurs, il présente le travail décomplexé d’une cinquantaine d’artistes. Photographies apocalyptiques, sculptures blasphématoires, peintures obscènes et dessins érotiques… Ces "curiosa", qui firent le bonheur des amateurs d’art lorsqu’elles n’étaient pas condamnées ou brûlées, prennent un plaisir extrême à perturber les esprits.

Marion Charlet - Banana  Moon - 2021 - Acrylique sur toile - 41 x 33 cm

L’œil est voyeur et se délecte de tant d’érotisme mais au-delà de cette appétence pour la luxure, il s’agit d’interroger les tabous contemporains et la liberté artistique dans notre temps présent. "J’ai remarqué que les artistes s’interdisent certains sujets de nus, plus qu’avant. On entre dans une censure qui n’est pas verbalisée. J’ai donc pensé mettre en relation l’art et l’idée de l’Enfer des bibliothèques qui est liée à la censure", explique la galeriste Sabine Bayasli. Les deux Enfers les plus connus restant celui de la Bibliothèque Vaticane et celui de la Bibliothèque nationale de France (fermé en 1969). Plusieurs générations d’artistes s’emparent de cet axe exposant un panorama riche et pluridisciplinaire. Cette présentation met en lumière la censure dont est victime la peinture elle-même et lève le voile sur les désirs et les non-dits de l’art d’aujourd’hui.

Thierry Carrier, Sans titre  (série l_enfer 3), huile sur toile, 33X24cm, 2021

Sabine Bayasli et Olivier Masmonteil ont eu l’idée de créer cet "Enfer artistique" propices aux évasions créatrices les plus osées et subversives. L’art n’aurait-il pas par essence le devoir de défier la morale ? "J’ai proposé à une cinquantaine d’artistes de réfléchir sur cette idée de l’Enfer et de créer une œuvre qui serait soit leur œuvre secrète, qu’ils n’assument pas ou veulent garder pour eux, soit une œuvre qui parle d’interdit érotique, religieux, esthétique, tous les sujets sont possibles", explique Olivier Masmonteil, qui dévoile une série d’images licencieuses accompagnées de grandes iris qui recouvrent les scènes. Chaque artiste imagine une scénographie singulière : les photographies troublantes d’Hélène Marcoz, par un subtil jeu de transparence et de superposition, montrent les pages d’un manga érotique ou d’un Dorcel Magazine en train d’être feuilletées, le livre d’acier de Stéphane Pencréac’h intitulé L’Enfer ne peut s’ouvrir qu’avec une clef maintenue dans le creux d’une bouche et renferme de belles lithographies sur papier de verre, entre autres. Les œuvres d’entremêlent avec une dominante de sujets érotiques voire pornographiques.

Olivier Masmonteil, Echo, huile sur toile, 35 x 27 cm, 2021
Frédéric Léglise, Belle endormie, huile sur toile, 55 x 46 cm, 2021
Sylvain Ciavaldini, Objet de désir 1, acrylique sur photographie ancienne, 14 x 9 cm
Diane Benoit du Rey, Nostalgie du paradis, huile sur toile, 50 x 61 cm, 2021
Lara Bloy, Leda, huile sur toile, 40 x 30 cm, 2021

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