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STYLE
Jusqu’au 30 janvier 2024, la créatrice de mode Clara Daguin réinvente la Nativité à l’église Saint-Eustache (Paris Ier). Pour Noël, son oeuvre "Astre" mêle la féerie des fêtes à une atmosphère de recueillement. Reportage.
C’est en suivant un cours de stylisme de mode proposé par la Mairie de Paris que Clara Daguin a fait ses premiers pas dans le métier. Lauréate d’un appel à projet proposé par Saint-Eustache, en collaboration avec l’École des Arts Décoratifs (ENSAD) dont elle est diplômée, la styliste propose une crèche "fashion" qui brille de mille feux. Avec "Astre", modernité et sacré se rencontrent.
Sous l’orgue de l’église Saint-Eustache, au bout de la nef, la crèche de Clara Daguin ne passe pas inaperçue. Un panneau gigantesque déroule une nuit étoilée le long du mur de l’église. Sur fond de toile bleu marine, des LEDs clignotent, comme les guirlandes lumineuses d’un sapin de Noël. Tout en haut, l’étoile du berger scintille, elle aussi, de mille feux. Une immense voie lactée féérique, qui attire tout de suite l’oeil des visiteurs. On se prend à penser aux Rois mages, à leur long périple guidé par une étoile. En dessous, deux mannequins haute couture entourent une petite figure emmaillotée de LEDs. Marie et Joseph entourent Jésus, habillés d’une robe et d’un ensemble veste pantalon bleu nuit. Avec "Astre", la créatrice revisite le thème de la Nativité. proposé par Saint-Eustache lors de son appel à projet de Noël annuel. L’église a, en effet, choisi, depuis les années 1990, de mettre en avant les jeunes créateurs, en leur permettant de repenser la traditionnelle crèche. En collaboration avec les Beaux-Arts, le lieu a ainsi accueilli l’année dernière la crèche faite d’objets abandonnés de Prosper Legault. Cette année, la collaboration se fait avec l’ENSAD. Avec élégance, la styliste Clara Daguin habille le petit Jésus et ses parents, proposant une icône sacrée à la fois moderne, magique et merveilleuse.
La jeune créatrice française se distingue par son utilisation novatrice de l’électronique en haute couture, mais aussi de la lumière comme matériau à part entière. Sur ses pièces, elle coud des circuits de LEDs, qui animent le vêtement et augmentent ses volumes. Derrière ces réseaux de lumière, le savoir-faire traditionnel de haute couture apparaît à travers une grande maîtrise des coupes, majestueuses et sculpturales. La styliste, après un Bachelor de graphisme en Californie, sort diplômée en Design Vêtement de l’ENSAD, où le travail de sa professeur Elisabeth de Senneville l’inspire particulièrement. Elle crée sa propre marque en 2017 et multiplie les collaborations aussi prestigieuses qu’étonnantes. En juillet 2021, elle s’associe notamment avec le laboratoire de Google Advanced Technology and Projects (Google ATAP). Le défilé à l’ambiance futuriste propose alors une expérience de haute couture interactive absolument inédite. Elle révèle alors le "côté cyborg de l’humain" dont elle parle lors d’une interview pour France info Culture. En 2023, elle réalise la collection "Ballet Cosmique" en partenariat avec la maison Baccarat. La pièce phrase du défilé, la robe "Star", se compose de plus de 400 pampilles de cristal de la célèbre maison, équipées de LEDs intégrés. Les robes de Clara Daguin se parent de soleils et de constellations lumineuses. Une approche cosmique de la mode, qui rappelle les nimbes et les ostensoirs en or des catholiques, et ne pouvait que convaincre la paroisse. De "Star" à "Astre", toutes les étoiles s’alignent pour Clara.
"Astre", de Clara Daguin à l'église Saint-Eustache jusqu'au 30 janvier 2024.
