INTERVIEW

Alex Montembault : "La musique, c’est comme un second langage qui m’a aidé à trouver des réponses."

Publié le

14 décembre 2025

Voix pure et cristalline incontournable du personnage de Marie-Jeanne dans la comédie musicale "Starmania", Alex Montembault a sorti son premier EP L’envie folle en novembre dernier. Entre introspection et pudeur, l’auteur-compositeur-interprète livre un projet sensible de 7 titres, entre balades sociales, identitaires et poétiques. Pour S-quive, l’artiste se livre sur son processus créatif et son message libérateur qu’il partagera à la Boule Noire les 12 mars, 16 avril et 6 mai 2026.  

Alex Montembault ©Gorka Postigo

Alex, si vous deviez vous présenter en quelques mots…

Je dirais Gémeaux ! J’ai envie de dire aussi indécis, sensible et curieux.

Vous avez dévoilé votre premier projet personnel en novembre dernier, L’envie Folle. Que représente-t-il pour vous ?

Je le vois comme un début de quelque chose mais aussi comme un aboutissement. C’est un projet que j’ai fait mûrir depuis un petit bout de temps dans ma tête avec des chansons que j’ai écrites il y a quelques années, comme "L’envie folle" que j’ai composée il y a 3 ou 4 ans. Ce projet m’a nourri pendant toute la durée de "Starmania" et j’y ai mis tout mon cœur.

Dans le titre "l’envie folle", vous dites : "J’aime pas les chansons des autres car j’envie ceux qui trouvent les mots". Est-ce que vous avez la sensation de les avoir trouvés dans ce projet ?

[Rires] Oui, en partie ! On a toujours la sensation d’avoir des choses à dire. J’ai trouvé une partie de mes mots dans cet EP mais je sais que j’ai d’autres choses à raconter qui le seront dans le prochain projet. En tout cas, j’ai mis le doigt sur certains aspects. Réussir à conscientiser une frustration, parfois, peut aussi nous nourrir. Ça m’a débloqué pour écrire des textes plus introspectifs où j’ai davantage pu raconter mes envies, mes émotions et rentrer plus dans le concret.

"Je me sens vivant aussi quand il n’y a que de la musique."

L’EP raconte aussi la difficulté de trouver une place ou de la prendre, ou de savoir qui on est ou ce que l’on souhaite devenir. Je pense notamment au titre "vanille choco". Est-ce que ce sont des interrogations qui s’apaisent en vous avec le temps ?

Quand on est musicien, réussir à écrire ça sur papier, ça enlève un poids montre. C’est une façon d’exorciser des questionnements et des doutes. Ça me fait plaisir que tu le vois de cette manière et pas juste à travers le prisme du gender fluide (ndlr, fluidité de genre), car c’est plus large que ça. J’ai la volonté qu’il s’adresse à tout le monde : trouver sa place dans une famille, dans une entreprise, n’importe où… A travers cette chanson, j’ai l’impression d’avoir trouvé des réponses. Il y a ce truc où, parfois, on sait donner de bons conseils aux autres mais on ne sait pas les mettre en œuvre pour soi, et j’avais ce problème par rapport à mon identité. Je savais où j’étais mais je n’arrivais pas à me sentir épanoui. Après avoir écrit et chanté cette chanson aux concerts, c’est un peu devenu une thérapie finalement.

Il y a de l’intime mais aussi de la pudeur. La musique a toujours permis votre libération émotionnelle, ou libération tout court, finalement ?

Oui c’est évident, je fais de la musique depuis toujours. J’ai commencé avec le piano, puis j’ai chanté avec mes sœurs, puis ensuite j’ai appris la guitare… Au fur et à mesure des années, j’ai élargi mon univers musical et ça m’a offert une palette très large. Selon les étapes ou les difficultés de la vie, je pouvais aller écouter du jazz, ou de la chanson française… La musique, c’est comme un second langage qui m’a aidé à trouver des réponses, à réagir face à certaines situations.

Le titre "xp" donne des frissons… ! D’ailleurs, il fait écho au smiley ?

Oui complètement. C’est un double sens : à la fois l’emoji et, dans les jeux vidéos, les points de XP, ce sont les points d’énergie et de force.

C’était une pause douce importante pour vous dans cet EP ?

Ça me tenait à cœur d’avoir un morceau instrumental, ça recharge les batteries. Ça permet à l’ensemble de l’EP de respirer, c’est aussi quelque chose que j’aime faire dans les live. Je me sens vivant aussi quand il n’y a que de la musique.

"Je parle de la violence sociale à laquelle on est confrontée au quotidien."

"Le monde n’a jamais été fait pour des gens comme nous", c’est ce que vous dites dans "olympe". Vous faites aussi écho à l’état du monde dans "ça s’arrête quand" … A travers des musiques aux titres simples et poétiques, vous évoquez une réalité plus sombre. Qu’est-ce qui vous révolte toujours en 2025 ?

Beaucoup de choses. Pour être honnête, je pense que mon rôle dans le spectacle de "Starmania" m’a fait réaliser que les problèmes que l’on rencontre aujourd’hui sont les mêmes qu’il y a 40 ans. L’histoire y dépeint d’ailleurs très bien toutes les horreurs et toutes les injustices dans le monde. Le spectacle a été écrit dans les années 1970, ça parle de dictature, de la construction identitaire… C’est encore hyper actuel. J’ai l’impression que d’avoir été baigné dans cette histoire pendant 3 ans, où j’étais plongé dans une violence réelle du monde, et de laquelle je faisais une sorte de déni auparavant, m’a fait sortir beaucoup de choses sur papier. Je parle de la violence sociale à laquelle on est confrontée au quotidien.

"au bout du tel" m’a fait penser à "Message personnel" de Françoise Hardy, entre douceur et pudeur, encore une fois, sauf que, vous, vous dites : "Je t’aime"… Est-ce que votre mère a écouté "au bout du tel" ? Quelle a été sa réaction ?

Au départ, cette chanson n’avait pas vocation à faire partie de mon EP. Je l’ai écrite parce que je n’arrivais pas à verbaliser… C’était vraiment une page de journal intime. Je l’ai faite écouter à ma mère en lui disant : "Ce sont des choses que je n’arrive pas à te dire… Et voilà, bisous quoi !". Elle était émue. Je viens d’une famille pudique, donc il y avait aussi beaucoup de retenue. On l’a réécouté, plus tard, ensemble et ça a ouvert une discussion qu’on n’avait pas forcément eu avant. J’ai pu lui dire que je l’aimais, chose que j’avais du mal à exprimer avant. Je me suis rendu compte que ce titre était devenu très important pour moi.

Qu’est-ce que vous esquivez dans la musique ?

[Rires] Ce qui est assez paradoxal quand on travaille sur un projet qu’on a envie de voir grandir pour toucher un public large, c’est que c'est difficile de ne pas s’accrocher aux chiffres. Comme je disais, il y a cette frustration, parfois, de voir les autres avancer plus vite. Donc j’essaie d’esquiver cette comparaison mais ce n’est pas toujours facile. Ce qui m’importe, c’est de toucher les gens avant tout.

Vous allez faire de belles dates en 2026, que peut-on vous souhaiter ?

Qu’elles soient complètes, par exemple ! [Rires] Mais surtout d’être aligné avec mes souhaits, d’avoir une année aussi riche que celle qui va se terminer. J’ai envie que ce projet sincère touche les gens.

"L’envie folle", le premier EP d’Alex Montembault, disponible partout. Il sera à la Boule Noire les 12 mars, 16 avril et 6 mai 2026.  

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