INTERVIEW
Publié le
10 juillet 2025
Après avoir galvanisé les festivaliers des Ardentes il y a quelques jours, les DJ Urumi et Durdenhauer dévoilent aujourd’hui leur titre en commun, "Hotty". Trance, groove, bounce… Le morceau galope sur des basses roulantes et des leads acides surplombés des vocaux insolents de la chanteuse britannique Jazmine Johnson. Alors que la saison estivale commence tout juste, le titre s’annonce comme étant le nouvel hymne bouillonnant de la scène techno. Il s’accompagne également d’un clip électrisant, réalisé en pleine tournée, qui capture les moments, en coulisses comme sur scène, style “brat summer” des deux artistes. Cela fait déjà quelques années qu’Urumi s’est faite un nom grâce à son énergie unique et son personnage ultra reconnaissable, distillé sur de multiples scènes de clubs et festivals. Durdenhauer, producteur autodidacte, s’est aussi installé dans le paysage musical grâce à ses sets puissants mêlant techno, trance et acid. Si leur énergie communicative les a faits connaître du grand public, c’est aussi leur amour pour le rap et surtout leurs interprétations respectives qui ont suscité l’intérêt. En 2022, Durdenhauer dévoilait son remix de "Praise the Lord" d’ASAP Rocky, devenu emblématique dans son genre, puis un an plus tard, Urumi sortait son projet RAP2RAVE, remixant des rappeurs tels que Hamza ou Ateyaba. Des succès qui ont participé à la renommée des deux DJ, qui aujourd’hui fusionnent leurs univers dans un titre qui fait mouche. Rencontre.
Vous mixez tous les deux aux Ardentes cette année. Comment appréhendez-vous cette scène ?
Urumi : J’étais déjà sur le festival l’année dernière mais j’ai eu des galères, la scène s’est écroulée, j’ai été reprogrammée le lendemain, alors pour se faire pardonner ils m’ont rebookée cette année. Je suis archi prête. En plus, j’ai l’honneur d’être “host” pour le festival, donc je vais pouvoir interviewer les festivaliers et les artistes. Et Durdenhauer joue juste après moi donc c’est trop bien !
Durdenhauer : C’est un peu un rêve de jouer aux Ardentes pour moi car c’est un festival qui regroupe aussi du rap et je viens de ce style-là. Je suis très content, se produire dans un festival aussi prestigieux, c’est trop cool et c’est très cohérent avec ma direction artistique. En plus, on va pouvoir être tous les deux sur scène pour jouer notre nouvelle track.
Le morceau que vous avez co-produit s’appelle "Hotty". Comment pourriez-vous le décrire ?
Durdenhauer : C’est dans le titre, c’est un morceau hot. A chaque fois que je le joue en club, il enflamme le public.
Urumi : C’est un morceau qui est hot et très féminin, avec la voix de Jazmine Johnson qui a des paroles assez sassy. Le morceau respire l’été, il est archi bouncy, avec des gros kicks, assez rapide. C’est un petit hit de l’été pour les meufs et toutes les personnes qui se sentent sexy, même les hommes !
Est-ce que tester un titre en festival avant sa sortie est une bonne manière de voir s’il fonctionne auprès du public ?
Durdenhauer : Oui, d’ailleurs le public n’est pas le même en club qu’en festival. Si le titre fonctionne en festival, les gens auront plus tendance à le rajouter dans leur playlist et à l’écouter chez eux.
Urumi : Pouvoir tester les sons avant leur sortie, c’est une chance car on voit directement la réaction des gens, si ça prend ou pas. Sur cette track, on a d’ailleurs senti dès le studio que ça prenait. C’est hyper encourageant de pouvoir tester nos morceaux. La cerise sur le gâteau, c’est de pouvoir le jouer façon XXL en festival après l’avoir joué en club.
Urumi : "Durdenhauer est l’un des seuls producteurs qui collabore beaucoup avec des femmes."
Quand est-ce que l’idée de faire un titre en collaboration est-elle arrivée ?
Durdenhauer : On a participé à un séminaire organisé par Ultra avec une quinzaine d’autres artistes qui ont une direction artistique similaire et qui peuvent potentiellement collaborer. On s’est retrouvés en studio avec Urumi et la vibe s’est comprise sans qu’on ait besoin de poser de mots dessus.
Urumi : Le son s’est fait très rapidement. C’était notre tout premier séminaire pour lui, comme pour moi, donc on était assez timides mais on s’est très bien entendus. Je pense qu’il n’y a que les sons avec Durdenhauer qui vont aboutir car humainement on s’entend réellement bien.
Que pensiez-vous l’un de l’autre avant de collaborer ensemble ?
Urumi : J’écoutais énormément ses sons. Le remix de "Praise de Lord" d’ASAP Rocky a d’ailleurs été un game changer pour moi musicalement. J’ai été honorée de me dire qu’on allait avoir une session studio ensemble. Son côté trance mélangé au rap me parlait énormément.
Durdenhauer : J’ai connu Urumi grâce à ma copine qui est très fan, et j’ai direct accroché à la vibe. Elle mélange deux univers que j’aime : le rap et la techno. Moi je viens du rap, je faisais même seulement des instrus rap. J’ai tout de suite vu qu’on était dans la même vibe.
Quels ont été vos rôles respectifs dans la création de ce titre ?
Durdenhauer : On a tout fait en même temps et ensemble. Dans ma manière de travailler, que ce soit l’écriture, l’arrangement ou le mix, je n’aime pas cloisonner ces étapes et j’aime tout faire en même temps. Même si ça rend un peu brouillon au début, ça s’affine au bout d’un moment. Le titre s’est vraiment fait à quatre mains et un seul cerveau.
Vous avez tous les deux un lien fort avec le rap, pourtant vous n’avez pas choisi de produire un titre lié à ce genre musical.
Durdenhauer : Même si ce n’est pas du rap, avec le vocal de Jazmine Johnson, on retrouve cette vibe de baddie. C’est un peu dans le même esprit que le rap.
Urumi : C’est vraiment un son trance pour les baddies qui sont un peu prises entre deux mondes, comme nous finalement, qui aiment bien la techno mais aussi les paroles. Mais vous venez de nous donner une idée ! Faire un son ensemble avec du rap, c’est quelque chose qu’il faudra réaliser !
Durdenhauer : "Il faut esquiver les gros tunnels avec les gens qui ne font que parler et qui ne nous laissent pas placer un mot !"
Urumi, vous avez lancé un collectif d’artistes 100 % féminines, Girls Do It Better, en 2016. Presque dix ans plus tard, pensez-vous tous les deux qu’il soit encore nécessaire d’affirmer la place des femmes productrices dans la scène techno ?
Durdenhauer : Je suis dans l’optique de donner beaucoup plus de force à ces artistes féminines qu’on n’entend pas assez. Il y a des artistes féminines hyper talentueuses, comme Urumi ou Carla Schmitt avec qui j’ai aussi collaboré. Quand quelqu’un est talentueux, que ce soit un homme ou une femme ça ne change rien pour moi.
Urumi : Durdenhauer est d’ailleurs l’un des seuls producteurs qui collabore beaucoup avec des femmes. Il nous donne énormément de force.
Vous avez également sorti un clip pour ce titre. Pouvez-vous me parler de sa réalisation ?
Urumi : C’est un clip qui a été fait de la manière la plus simple au monde. Il suit nos dernières dates de tournée. C’est un clip authentique, c’est ça notre vie et ce n’est pas autre chose. On est tout le temps en tournée donc ça me semblait logique d’axer le clip autour de ça. C’est un autre genre de “brat summer”, le brat summer des gens de la techno !
Quels sont vos projets ? D’autres collaborations ensemble ?
Durdenhauer : On a une autre collaboration, ensemble, avec une chanteuse qui s’appelle Ceres, qui va sûrement sortir aussi si tout se passe bien.
Enfin, que faut-il esquiver dans la musique selon vous ?
Urumi : L’alcool ! C’est le pire truc. J’aurais pu dire la drogue mais c’est tellement évident que je préfère dire l’alcool, il ne faut pas prendre ça à la légère.
Durdenhauer : Je dirais qu’il faut esquiver les gros tunnels avec les gens qui ne font que parler et qui ne nous laissent pas placer un mot !
"Hotty", Urumi et Durdenhauer, disponible partout.
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