CINÉMA

“Sur la branche” : la grande vadrouille des intranquilles

Publié le

22 juillet 2023

Après “La fête est finie”, Marie Garel-Weiss revient avec une comédie fraîche et bouleversante emmenée par un nouveau duo, bancal et décapant, campé par Daphné Patakia et Benoît Poelvoorde.

“Je ne sais plus quel est mon rythme, je suis arythmique”, s’essouffle Mimi (Daphné Patakia) face à une psy un peu trop curieuse qui lui suggère de trouver son rythme. Si elle a un tempo bien à elle, c’est que Mimi est sur le fil, ou plutôt Sur la branche, nouveau long-métrage de Marie Garel-Weiss, (La fête est finie, Qu’est-ce qu’on va faire de Jacques ?) qui place à nouveau sa focale sur la santé mentale. Mimi, donc, jeune femme sans âge et sans travail fraichement sortie de l'hôpital psychiatrique risque d’y retourner à tout moment, elle ne sait pas quand. Son temps est compté. Oscillant entre rire et larmes, intensité et flegme, elle fixe – un peu trop – chacun de ses interlocuteurs avec un regard au bout duquel on ne sait si elle va vous sauter au cou pour vous embrasser ou vous trancher la jugulaire. Cette instabilité attendrit malgré tout Paul (Benoît Poelvoorde), avocat sur la touche qui trouve en elle un nouveau souffle. Ensemble, ils tentent de sauver Christophe (hilarant Raphaël Quenard), petit arnaqueur mythomane mis à l’écart par une grande famille bretonne qu’il pressent être la sienne.  

Benoît Poelvoorde dans "Sur la branche"
Benoît Poelvoorde est Paul dans “Sur la branche” © Pyramide Distribution

A deux, c’est mieux

Du petit cabinet d’avocats encombré tenu par Claire (Agnès Jaoui) – loin du traditionnel parquet-moulures haussmannien – aux étendues bretonnes, en passant par l’hospice et les tours vitrées du quartier d’affaires de La Défense, ce duo bancal nous embarque dans une cavalcade en voiture déglinguée vers la justice et la liberté. Si ce charmant binôme investi d’une mission - en laquelle seule Mimi croit - nous emporte, c’est d’abord parce qu’il est drôle. Un comique entretenu à coups de styles improbables (mention spéciale aux tenues extrêmes de Mimi qui enfile son uniforme pailleté de super-héroïne lorsqu’elle arrête son traitement), de contrastes (quand Paul le fataliste rencontre Mimi l’émerveillée) et de situations absurdes à l’instar de la scène où Mimi et Christophe échangent pour la première fois, au téléphone. Le cabinet d’avocat devient alors un cabinet de psy et la conversation se conclut par un "bisou".

sur la branche
Benoît Poelvoorde et Daphné Patakia © Pyramide Distribution

Mimi la stoïque qui tente sans grande conviction de récupérer son lit dans une colocation aux allures de baisodrome est soudainement réveillée. La machine obsessionnelle est enclenchée. Quant à Paul, il est poursuivi par un autre duo très remonté : les sœurs Joubert. Elles ont la claque facile et on les comprend arnaquées. Si l’équation fonctionne c’est aussi parce que l'épopée de ces pieds nickelés est bouleversante. Pas tant pour l'interprétation des acteurs que l’on salue largement mais parce que, à la manière d'Albert Dupontel, Marie Garel-Weiss montre que le monde est peuplé de drôles de coucous et que les plus fous ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Qu’ils soient en col blanc dans des bureaux climatisés, diplômés en psychiatrie ou bourgeoisement attablés au bord de la mer, les personnages croisés au fil de leur échappée sont tous plus dingues les uns que les autres. Et c'est réjouissant.

En salles le 26 juillet.

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