INTERVIEW

"Queen Surf Classic Festival", entretien avec des femmes tout-terrain

Publié le

2 septembre 2022

Elles sont nées au début des années 1990 dans le décor iodé et sauvage de Biarritz… Margaux Arramon-Tucco, Aimée Arramon-Tucco et Amaya Gomis lancent demain la seconde édition du "Queen Surf Classic Festival", un évènement inclusif et gratuit valorisant le territoire du Pays Basque et des thématiques sociétales axées sur la visibilité nécessaire des minorités et la lutte contre les violences faites aux femmes. Surf, musique, art et débats ponctueront joyeusement ces deux prochains jours au son des vagues et aux appréciables couchers de soleil. Bénévoles engagées et amoureuses de leur terre natale, les trois jeunes femmes soulignent les subtilités de la programmation.

Vous lancez la seconde édition du "Queen Classic Surf Festival" à Biarritz. De quoi s’agit-il pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi la session précédente ?

Le "Queen Classic Surf Festival" est un festival inclusif et gratuit qui se déroule sur deux jours à Biarritz. Nous l’avons lancé pour faire bouger les lignes au niveau local après avoir constaté une gentrification accrue au Pays Basque, une jeunesse précarisée et un manque de visibilité de la communauté LGBT. A travers le surf, l’art ou la musique, nous abordons des sujets sociétaux qui touchent les femmes sans perdre l’idée que tout le monde est le bienvenu pour partager, apprendre et discuter. De nombreuses associations sont présentes pour parler du tabou des règles, de l’écologie et même de la contraception masculine et nous sommes aussi soutenues par le label Vans.

C’est votre passion pour le surf qui vous a incité à créer ce festival ?

Oui, nous surfons depuis toutes petites. La plage sur laquelle nous avons grandi et appris à surfer, notre "Home Spot", est devenue inaccessible. On nous a un peu volé ce spot, comme à tous les autres qui surfaient sur cette plage et qui ont déserté. Nous voulons sauver, à notre petite échelle, les endroits dans lesquels nous avons passé les meilleurs moments de notre vie. Comme beaucoup de nos amis à Biarritz, nous nous sommes rencontrées par l’intermédiaire du surf. Nous disons souvent que le surf est, pour nous, une représentation de la société. C’est un microcosme et ce qui se passe dans l’eau est souvent, malheureusement, une représentation de la société. Nous souhaitons retrouver l’authenticité que nous avons connu depuis nos débuts dans ce sport. Aujourd’hui, tout le monde peut s’acheter les codes du surf. C’est souvent ceux qui ont pas mal d’argent et pas forcément les mieux intentionnés.

Quelles valeurs souhaitez-vous mettre en avant avec cet évènement ?

L’authenticité, l’ouverture d’esprit, l’inclusivité, la bienveillance et le partage. Toutes nos convictions peuvent paraître contradictoires car nous souhaitons ouvrir cette zone et la préserver aussi. Mais il s’agit de l’ouvrir de façon raisonnée. Nous souhaiterions que tout soit un peu fait mais... mieux fait ! Y a un peu de ça ! A la base, l’événementiel n’est pas notre domaine mais nous avons voulu faire ce festival, car nous pensions que si ce n’était pas nous, c’en serait d’autres ! Ce qui veut dire un événement peut-être payant… Donc l’idée, c’était de lancer notre festival, à nous, les natives de la région.

L’inclusion, la valorisation des minorités et la lutte contre les violences faites aux femmes, mises en exergue, sont des combats sociétaux qui vous tenaient à cœur ?

Oui car dans le monde du surf, les corps sont hypersexualisés. Il y a un vrai problème lié à la représentation du corps des femmes. Nous pensons que cette activité illustre les maux des femmes dans la société actuelle.

En quoi cet évènement est marqueur de singularité selon vous ?

Dans le milieu du surf, c’est le premier événement inclusif d’Europe. Il se revendique : mettre en valeur les minorités LGBTQ. Nous préférons dire qu’il est plutôt inclusif que féministe, car nous préférons employer ce terme.

Est-ce que le féminisme rime forcément avec engagement ?

C’est une remarque qui nous a été faite dans une interview pour une radio locale. Nous ne nous revendiquons pas spécialement féministes car ce n’est pas le sujet du festival. Quand on parle d’inclusivité, c’est parce qu’on ne veut pas mettre de côté "le mec misogyne". On veut lui dire plutôt de venir voir comment ça se passe. Bien sûr, le festival inclut cette dimension féministe puisqu’une association donne des tampons gratuits, par exemple.

Que diriez-vous aux spectateurs pour les inciter à venir en masse ?

[Rires] Attention, nous avons une jauge de 2000 personnes pour les concerts le soir ! On leur dirait : "Venez comme vous êtes !" comme McDonald’s ! [Rires] et aussi : "Restez chez vous si c’est pour critiquer."

Que peut-on vous souhaiter pour ce festival ?

Du beau temps car ça va être très compliqué ! [Rires] On n’a pas de scène couverte donc s’il pleut, on veut bien que l’on nous prête une grande bâche !

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