JOAILLERIE
Rééditions de bijoux iconiques, nouvel ouvrage et exposition unique chez Christie’s… dinh van a vu les choses en grand pour son 60ème anniversaire. Reconnue pour son audace, la maison fondée en 1965 et ses créations radicales n’ont jamais été aussi actuelles. En témoigne la présence de l'iconique bague Double au défilé rabanne printemps-été 2026. Portrait d’une marque et d’un créateur qui ne cessent de fasciner.
1965. Dans une France encore corsetée par ses traditions, un homme osa bousculer l’ordre établi de la joaillerie. À l’heure où la place Vendôme brillait de parures baroques et de diamants ostentatoires, Jean Dinh Van (1927-2022) choisit la voie de la simplicité radicale. Fils d’un père vietnamien et d’une mère bretonne, diplômé des Arts décoratifs et passé par Cartier, il ose un geste révolutionnaire : faire descendre le bijou dans la rue. Ses créations, inspirées des objets du quotidien (menottes, lame de rasoir, punaise, clé…) bousculent les codes d’un milieu engourdi par les conventions. Le bijou devient ici sculpture, objet de design, et même manifeste social.
Très vite, dinh van fascine. Car son fondateur a su saisir, avant tout le monde, le désir de modernité de toute une génération. Ses formes géométriques et ses lignes épurées s’inscrivent dans l’air du temps, celui du Bauhaus et du design minimaliste. Ses collaborations avec Paco Rabanne, Pierre Cardin ou encore ses affinités avec l’artiste César, l’ancrent dans une époque où l’art, la mode et l’architecture se nourrissent mutuellement. Là où d’autres voyaient en la joaillerie des accessoires précieux, lui voyait des objets portables au quotidien. Jean Dinh Van n’est donc pas seulement un joaillier, mais plutôt un artisan de l’ordinaire.
Soixante ans plus tard, cette liberté créative résonne encore. Le Maillon de 1969, le Pavé de 1974 ou encore Les Menottes de 1976 continuent de séduire pour leur simplicité et leur esthétique unique. L’exposition chez Christie’s et le beau livre publié chez Flammarion ne sont pas seulement un hommage au passé, mais rappellent que la maison dinh van est plus que jamais ancrée dans le présent. L'apparition de la bague Double au dernier show rabanne printemps-été 2026 souligne d'autant plus son audace et sa modernité.
Par ailleurs, des créatrices comme Charlotte Chesnais, Valérie Messika ou Sophie Bille Brahe revendiquent, chacune à leur manière, cet héritage d’épure et de lignes franches. Une volonté perpétuelle de faire du bijou à la fois un objet de style et un acte subversif.
Alors, pourquoi dinh van nous fascine tant ? Peut-être parce que, derrière ses bijoux, il y a toujours une idée qui vient bousculer les codes établis. Transformer des menottes en symbole d’amour, une lame de rasoir en pendentif d’élégance, une clé en talisman intime… La Maison a su faire d’objets communs des icônes universelles d’élégance, et rappelle qu’un bijou n’est pas seulement un ornement, c’est aussi un geste intime de liberté.