Pour Maison Margiela Artisanal, Glenn Martens démasque l’artisanat

Présentée hier, au Centquatre, la collection Maison Margiela Artisanal 2025, conçue par le directeur artistique Glenn Martens, s'inspire de l'architecture et de l'atmosphère médiévales des Flandres et des Pays-Bas. La verticalité et les volumes des silhouettes reflètent les structures (gothiques) des tours. Les formes statuaires évoquent les figures (saintes) des façades d'églises. Corsetterie, drapés et illusions d'optique accentuent l'anatomie et sculpturalisent le corps. Les intérieurs des maisons (Renaissance nord-européenne) sont abstraits dans leurs motifs et leurs techniques. Des images de papiers peints floraux en cuir gaufré peints à la main (flamands du XVIe siècle) sont imprimées sur du papier photocopieur utilisé en superposition. Elles apparaissent également sous forme d'imprimés et de gaufrages sur tissu. Le trompe-l’œil des vêtements peints à la main imite les coups de pinceau (du peintre symboliste Gustave Moreau) et transforme le corps en toile. La dentelle est utilisée comme un prolongement de la peau. Le drapé humide des sculptures en marbre est traduit en silhouettes voilées et répercuté dans des constructions anatomiques. Les masques, caractéristiques des codes d'anonymat de la maison, déplacent l'attention du visage vers l'artisanat. La botte Tabi, emblématique, est réincarnée dans une botte en cuir à bout griffe et une sandale compensée en plastique, tandis que la botte en cuir Santiago apparaît sans talon. La bande sonore est une déconstruction d'œuvres de Smashing Pumpkins.