INTERVIEW

Leslie Medina : "Je cherche l'universel pour le retranscrire en musique."

Publié le

15 avril 2024

Elle se mue dans la peau d’Ingrid, rôle principal féminin de la nouvelle série Netflix, baptisée Fiasco aux côtés de Pierre Niney et François Civil, qui sortira le 30 avril prochain. Après une projection, hors compétition, ovationnée lors de Canneséries 2024, l’actrice et chanteuse Leslie Medina s’apprête à monter sur scène, aux Etoiles (Paris Xe) le 24 avril prochain, pour présenter son nouvel EP, Les lotus poussent dans la boue, incluant le titre "Manquer à quelqu’un" composé d’un jet l’été dernier. A cette occasion, S-quive a rencontré l’artiste talentueuse portée par son art.

Leslie Medina

Vous venez de sortir le clip de "Manquer à quelqu’un". Un titre très intime sur l’urgence d’aimer et de l’être en retour, que vous avez composé et écrit seule… Il est marqueur d’une trentaine axée sur l’essentiel ?

Je pense que ça colle davantage aux conditions de création de cette chanson. On venait de terminer un séminaire dans le sud de la France et on créait plein de chansons avec un artiste avec qui je travaille, François-Henri. Il y a eu un moment où je me suis retrouvée seule au piano et il y a ce morceau qui est arrivé de manière spontanée, sans efforts, sans chercher forcément à en faire une chanson. Je pense que l’énergie globale de la chanson est venue aussi de ce moment-là, ce n’est pas lié à mon âge. J’avais noté dans mon téléphone cet état de tristesse et cette envie de "manquer à quelqu’un". Je suis revenue sur cette phrase le jour où j’ai composé et j’ai déroulé le fil. C’est plutôt une idée de solitude profonde que l’on ressent en soi.

Cette thématique de la solitude parle à beaucoup. Vous aviez envie de vous livrer davantage ?

De façon générale sur l’EP et avec ce titre aussi, je voulais être dans quelque chose de plus vulnérable et de moins attendu. Du moins, de ce que je pensais devoir faire. On a tous projections de la personne qu’on est censée être et j’avais cette pensée envers moi-même. Je me suis un peu détachée de certaines limites que je m’étais mises sur le premier EP. Sur le 2e, je souhaitais être plus authentique. Même dans l’écriture et les productions, je suis allée vers des choses qui me plaisaient davantage, tout en restant dans un registre très pop, et sans vouloir faire une musique trop niche. J’ai à cœur que la musique touche un maximum de gens. Il y a eu des prises de risques artistiques que je ne me serais pas autorisées avant.

"Au-delà de trouver quelque chose de très poétique dans mes mots, je cherche à trouver cette authenticité, ce qui est au plus proche de ce que je pense dans ma tête et de ce que je ressens dans mon ventre."

Vous serez en concert aux Etoiles le 24 avril prochain. A quoi peut-on s’attendre ?

Je ne sais pas… ! [Rires] On vient de terminer toute une semaine de répétitions. Le public découvrira, en avant-première, les morceaux de l’EP à venir. Je vais tous les jouer ! Il y aura aussi une nouvelle formation sur scène avec deux musiciens. On a modifié les versions de certains titres pour essayer de surprendre le public sur des morceaux qu’ils ont déjà, peut-être, entendus par le passé en concert. Il y aura une ambiance très rock !

Ce show symbolisera l’esprit de votre prochain EP, Les lotus poussent dans la boue ?

Ce live sera vraiment le pont entre mon 1er et 2e EP. On retrouvera l’énergie du 1er avec quelque chose de très volontaire et déterminé, mais aussi le lâcher-prise du 2e EP et ce côté plus vulnérable qui apprend de ses erreurs.

L’imagerie est très poétique. C’est aussi un des pans majeurs de votre projet ?

Je ne le fais pas en conscience mais je suis ravie si tu en as ressenti. Je pense que je suis très sensible aux mots et j’ai à cœur de trouver des images très visuelles quand j’écris. Je me projette beaucoup. Au-delà de trouver quelque chose de très poétique dans mes mots, je cherche à trouver cette authenticité, ce qui est au plus proche de ce que je pense dans ma tête et de ce que je ressens dans mon ventre. Je cherche l’universel pour le retranscrire en musique.

Vous êtes aussi à l’affiche de "Fiasco", la nouvelle série Netflix qui sortira le 30 avril prochain où vous tenez le rôle féminin principal, aux côtés de Pierre Niney, Vincent Cassel, François Civil… Si vous deviez nous pitcher la série et votre personnage ?

C’est histoire de Raphaël Valande, joué par Pierre Niney, qui souhaite faire un premier film sur l’histoire de sa grand-mère, résistante pendant la seconde guerre mondiale. Il y a beaucoup d’enjeux pour lui et la série est un peu le making-off de ce tournage qui est parti en vrille parce que rien ne s’est passé comme prévu. J’interprète Ingrid, rôle principal féminin du film, et je me retrouve embarquer dans ce projet qui tourne totalement au fiasco !

Sur Instagram, vous avez publié ce moment où Igor Gotesman vous apprend que vous avez un des rôles principaux… Et vous tremblez… ! C’est une réaction qui répond à des mois de castings ?

Je ne dirais pas des mois de castings mais effectivement le processus de casting a été assez long. J’ai fait trois castings avant d’avoir cette réponse positive et on a commencé à tourner début 2023. La première fois que j’ai passé l’essai pour Fiasco, j’y suis allée en me disant : "De toute façon, je ne l’aurai pas ! C’est évident, les autres acteurs de la série sont tellement connus qu’ils voudront aussi quelqu’un de très connu pour ce rôle". Finalement, ils m’ont rappelé pour un 2e casting et cette fois-ci, c’était Pierre Niney qui me donnait la réplique. Je m’étais dit que quoiqu’il arrive, c’était génial comme expérience ! Ils m’ont rappelé une 3e fois, on a refait plus de scènes, plus d’improvisations, plusieurs états du personnage et la façon dont je pouvais le travailler. Quand Igor m’a appelé, j’étais submergée par l’émotion parce que j’avais en conscience qu’être dans une série comme ça, c’était une chance énorme. J’étais surprise et hyper excitée de partager l’aventure avec eux.

"Je cherche l’universel pour le retranscrire en musique."

Vous alliez cinéma et musique. De quelles manières ces deux disciplines dialoguent dans votre vie ?

Sur un plan purement logistique, j’ai aujourd’hui totalement le temps de faire les deux. Quand on est actrice, on est qu’interprète donc on attend d’être appelée pour faire un rôle et pour avoir un tournage qui dure entre quelques jours et 1 ou 2 mois parfois. Le reste du temps, je ne voulais pas rester chez moi à ne rien faire. La musique a toujours fait partie de ma vie, j’ai toujours chanté. J’ai fait beaucoup de rencontres dans la musique aussi. Je ne voulais pas choisir entre les deux. Je suis productrice de mon projet de musique donc je me sens vraiment maîtresse de tout ce que je fais et c’est très agréable. Sur un plan plus personnel, le pont entre les deux, c’est vraiment le plaisir de raconter des histoires, de m’exprimer et de partager, que ce soit en concert avec un public ou sur un plateau de tournage. J’aime le côté introspectif de ce métier.

Leslie Medina

Selon vous, que faut-il esquiver dans la musique ?

Les relations toxiques ! [Rires] C’est très difficile, je trouve, et ça a été un long chemin pour moi, de bien m’entourer, de rencontrer des personnes qui ont la même vision, qui ne voulaient pas juste abuser ou me transformer et me modeler à leur image ou à leur rêve. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de chance, je suis très bien entourée, je me sens en sécurité avec les gens avec qui je travaille. Je pense que c’est le point de départ pour créer, être à sa place et être le meilleur artiste possible. Quand on passe du temps à se battre pour des personnes qui n’ont pas leur place dans notre vie ou notre carrière, on perd une énergie folle.

Et le cinéma ?

Se prendre au sérieux. Je pense qu’il faut garder son âme d’enfant, garder cette dimension fun et joyeuse, que le cinéma reste un plaisir. Parfois, l’attente des castings, des rôles peut ôter cela. Il faut le cultiver, justement avec d’autres activités artistiques, pour préserver cette innocence et cette joie.

 

Leslie Medina sera aux Etoiles (Paris Xe) le 24 avril prochain et à l’affiche de la nouvelle série Netflix, "Fiasco", le 30 avril prochain.

No items found.
No items found.
No items found.

Plus d'articles