ARTS

L'amour fait sa révolution à l'Institut du monde arabe

Publié le

27 septembre 2022

Le musée célèbre, jusqu'au 19 février 2023, la création contemporaine queer dans le monde arabe, à travers l'exposition "Habibi, les révolutions de l'amour". Des récits d'émancipation et de liberté qui dépassent les genres pour atteindre l’universel.

Sous le ciel de Shiraz, Arthur, 2022
Sous le ciel de Shiraz, Arthur, 2022 © Alireza Shojaian

Parmi les onze chars ayant défilé de la place de la Bastille à Nation, à l'occasion de la Techno Parade - festival itinérant dédié à la musique électronique - celui de l’Institut du monde arabe portait fièrement les couleurs de sa nouvelle exposition. "Voyez, Habibi a déjà pris le pouvoir sur la ville !" s’en est amusé Jack Lang, président de l'Institut du monde arabe lors de l’avant-première mondiale de l’exposition lundi 26 septembre. L’affiche vive, puissante et presque enjôleuse, laissait déjà entre-apercevoir la représentation singulière des minorités sexuelles issues du monde arabe et de ses diasporas.

Sieste © Jeanne & Moreau

Depuis longtemps, la sexualité occupe une place centrale dans la culture arabe, comme en témoigne les nombreuses descriptions de scènes érotiques et récits de fantasmes nocturne narrés dans Les Mille et Une Nuits, chef-d’œuvre mis à l'honneur par l'IMA il y a dix ans. Cependant, l'évolution des consciences se heurte toujours à de sévères répressions dans certaines régions du monde. L’homosexualité, à titre d’exemple, peut toujours être punie "d’une peine allant « de quelques coups de fouets à l’exécution », explique Alireza Shojaian, peintre et activiste iranien. Ainsi, l'expression "révolution de l’amour" prend tout son sens. La sexualité ne cesse de bouleverser les nouvelles générations du monde entier, tout en faisant écho au passé du monde arabe, toujours empreint de fondamentalisme religieux souvent liberticide pour ces minorités qui peinent à exprimer librement leur(s) amour(s) et identité(s).

 Lalla Rami, Boulogne de Camille Lenain
Lalla Rami, Boulogne, 2020. © Camille Lenain

La question "des" sexualités est ainsi traitée par une vingtaine de jeunes artistes, dont les œuvres se déploient sur un riche étalage composé de photographies projetées dans une chambre de couple (Will you be angry at me if I keep falling each time, Jeanne & Moreau), des tirages argentiques saisissants et intimistes de personnalités queer (Série Djinn, de Camille Lenain), des gouaches à la gloire du plaisir féminin illustrant des scènes érotiques de l’acte, à plusieurs ou en solitaire (In the Realm, de Kubra Kadhemi), et bien d’autres. "Les artistes ne parlent pas qu’aux pays arabes, mais surtout au monde entier, il s’agit de créer un espace sécuritaire qui encouragerait les échanges sur ces sujets", précisent Élodie Bouffard et Khalid Abdel-Hadi, commissaires de l’exposition.

Salih Basheer
The home seekers, Essam, 2018-2022 © Salih Basheer

L'art et la culture permettent ainsi la timide esquisse d’une société inclusive et humaniste qui semble voir le jour, jusque dans l'intime, grâce à cette exposition émancipatrice. Une histoire racontée avec soin, notamment grâce au travail du studio Akakir. "Il était important que cette exposition puisse convenir à tout le monde – quel que soit son genre", insiste Nathalie Bondil, directrice du musée. À noter également que l’exposition ne cessera d’évoluer hors des murs de l’IMA au cours des cinq prochains mois, puisque des concerts, projections de films et tournages de podcasts viendront rythmer l’espace public parisien.

L’exposition Habibi, les révolutions de l’amour, est à découvrir à l’Institut du Monde Arabe jusqu’au 2 février 2023.

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