"L’amour et les forêts", le glaçant portrait d’un pervers narcissique

A Caen, deux sœurs jumelles, Blanche et Rose — interprétées toutes les deux par Virginie Efira — sont aux antipodes. La première, réservée, et l’autre plus extravertie/ Lors d’une soirée, Blanche retrouve une ancienne connaissance, Grégoire Lamoureux, campé par Melvil Poupaud, le gendre idéal à première vue. Le coup de foudre est immédiat et tout s’accélère entre la professeure de français et le banquier. Elle tombe rapidement enceinte et ils partent s’installer à Metz. Loin de sa famille, fini les plages de la côte normande, maintenant elle réside proche de la forêt. Ce déménagement sera le début d’une série de mensonges, de manipulations et de violences psychologiques et physiques.

Une mise en lumière du pervers narcissique

Pour son sixième long métrage, Valérie Donzelli, accompagnée d’Audrey Diwan à l’écriture, adapte le livre éponyme d’Eric Reinhardt : L’amour et les forêts (2014), prix Renaudot des lycéens. Le film présenté à Cannes hors compétition cette année est sorti en salle le 24 mai dernier. Traitant d’un sujet d’actualité : le harcèlement au sein d’un couple, ce long-métrage est bouleversant de vérité. Au cœur de l’intrigue : deux couples heureux en apparence et pourtant si destructeur en coulisse. L’amour et les forêts met en scène avec justesse les mécanismes de l'emprise. Le spectateur se met rapidement à la place de Blanche, victime de ce harcèlement quotidien et entre en souffrance la seconde partie du film, témoin de la violence psychologique qu’elle subit. Il reste cloué à son siège face aux mots terribles utilisés par Grégoire et sa volonté de faire culpabiliser Blanche. Tous les critères d’un pervers narcissique sont réunis. Ses excès de colère nous effraient autant qu’ils nous révoltent. Les jeux de lumière ajoutent une tension ascendante plus le film avance. À travers ce thriller, Valérie Donzelli met en lumière une violence invisible mais bien réelle.

Un duo d’acteurs au sommet

Petit à petit, cette histoire d’amour, magnifiquement portée par son couple d’acteurs, se détruit. Virginie Efira est saisissante en épouse éprise de son mari. Loin d’avoir conscience de la toxicité de son couple, cette femme impuissante est face à un mari ultra possessif et manipulateur. Un rôle qui fut intense pour l’actrice récemment césarisée pour son rôle dans “Revoir Paris”. De son côté, Melvil Poupaud est terrifiant en mari manipulateur, obsédé par le contrôle de sa femme. On voit son évolution au fur et à mesure du film. D’un homme amoureux, il devient un monstre à cause de sa passion pour Blanche. Ses sentiments vont détruire son couple et sa famille. Avec ce film, Valérie Donzelli illustre parfaitement les émotions de la victime et du bourreau de la violence psychologique. On est ému profondément et on ressort de la séance la gorge serrée.

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"L'amour et les forêts", en salle depuis le 24 mai.