ARTS

La galerie Maeght célèbre Saul Steinberg, l’illustrateur emblématique de The New Yorker

Publié le

7 octobre 2021

Jusqu’au 4 décembre prochain, la galerie Maeght met en lumière l’œuvre de l’artiste roumain Saul Steinberg. Dessinateur de presse au style affûté et efficace, il a notamment créé pendant près de soixante ans les pages et couvertures du magazine américain The New Yorker. Autour d’une vingtaine d’œuvres exposées—aquarelles, encres sur papier et collages—et réalisées de 1963 à 1977, il livre différents miroirs de la société de l’époque.


 Saul Steinberg, Wyoming winter, 1970, Aquarelle sur papier, 59 x 74 cm. © Maeght 2021

Il se définissait comme "un écrivain qui dessine". Célébrée par la Galerie Maeght jusqu’au 4 décembre prochain, l’œuvre de Saul Steinberg fait tomber les masques de la société de l’époque avec humour et satire. Saul Steinberg était l’un des artistes les plus appréciés aux États-Unis. D’abord reconnu pour ses comptes-rendus satiriques dans la revue italienne Bertoldo lorsqu’il étudiait l’architecture à Milan, il publie ensuite pour les magazines Life et Harper’s Bazaar. En 1941, alors âgé de 27 ans, il réalise son premier dessin pour The New Yorker, pour qui il réalisera près de 90 couvertures en soixante ans de carrière. A la fin des années 1940, ce créateur prolifique figure parmi les quatorze américains à être exposés au Musée d‘Art Moderne de New York.


 Saul Steinberg, Gogol's nose II 1964/65 Encre sur papier28 x 36 cm © Maeght 2021

L’artiste découpe et assemble des personnages et des paysages et crée sa propre calligraphie. Il fait de la parodie un moyen de communication pour livrer son regard sur "l’état de la planète", s’extirpant de tous les masques. "Un de mes propos est de secouer les préjugés des gens afin qu’ils regardent un dessin pour ce qu’il est et tâche de le comprendre. Je n’essaie pas de les faire raisonner, mais je tente de les faire vaciller en les mettant dans des situations sans contexte et qui peuvent recevoir plusieurs interprétations", disait-il.


 Saul Steinberg, Motel 1969 Mixte sur papier 60 x 74 cm © Maeght 2021

Tel le reflet d’une civilisation, il publie des dessins avec un humour inspiré de Kafka, de Lichtenberg et de Ionesco, entremêlant un esprit lucide qui rit de son malheur et en le métamorphosant en gaieté intelligente selon le journaliste et écrivain français Claude Roy. Saul Steinberg se déplace aisément dans une sorte de no man’s land qui séparerait littérature et peinture. Il compose des séries de scènes, des paysages, des natures mortes et des portraits en utilisant exclusivement le "rubber stamp", un caoutchouc qui symbolise l’oppression bureaucratique. Il met en lumière la société anonyme et l’administration sans visage. Élégante et sophistiquée, la ligne encrée de Steinberg est encore aujourd’hui étonnante d’intemporalité.

Saul Steinberg, Cartes postales, 1972, Aquarelle sur papier, 51 x 75,5 cm. © Maeght 2021 
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