FOOD
Incontournable, cet envoûtant hotspot aux trois visages : bar à cocktails, néo-bistrot marocain et club, enflamme les nuits parisiennes dans un décor dépaysant.
Marrakech by night, n'aura jamais été aussi proche de Paris. Dans cette rue étroite de la Forge Royale (Paris XIe), non loin du petit square Majorelle, deux intrigants portails arabesques attirent le regard. Poussez les deux lourdes portes successives, c’est ici, à La Casbah, que les Parisiens viennent s'offrir un voyage gustatif et festif dans un cadre digne des mille et une nuits. Rhabillé par l’architecte d’intérieur Lola Ferrara-Wyszkop, ce Bistrosouk plonge ses noctambules dans un univers bohème et un brin rococo, rehaussé de pièces venues du Maroc comme des zelliges colorés, une amphore posée dans un coin, des tables en bois sculptées ou des corbeilles berbères. Un parfum d'exotisme flotte dans l'air, ou plutôt celui du cuir, qui rappelle les odeurs de tannerie de Chouara. Rien n'est laissé au hasard, pas même, l’originale playlist diffusant une version orientale de “C’est la ouate” ou “Harguetni Eddamaa” en acoustique, (pensez au sample du tube de Tonton du bled des 113). L'immersion est totale. On traverse l'immense bar à l'entrée, où sont servis de délicieux cocktails imaginés par le mixologue Nicolas Dieudonné, comme le rafraîchissant “Rouya” au gin, à la crème de pêche, au concombre et à l’ananas, ainsi que le shot maison, "Le grand Casbah", au mezcal infusé au thym, romarin, au thé à la menthe et au ginger beer. Recommandé par les serveurs, le “Camel kiss” déchaîne aussi les passions, composé de gin Plymouth, basilic, purée de framboises, fleur d’oranger, jus de citron, liqueur de fleur de sureau et ginger ale.
Accoudé au comptoir, Aurélien Delaeter, l’un des trois maîtres du lieu (parmi lesquels Benoît Chaldoreille, Aurélien Antonini), et membre de l’équipe Bonjour Bonsoir, à l’origine du Badaboom, Panic Room, et Safari boat, se délecte d’un verre. Plus bobo que baba, ce Parisien sympathique, aux avant-bras tatoués, claque la bise aux habitués et invite les nouvelles têtes à déposer leurs encombrantes affaires au vestiaire gratuit. Rappelons-le, en argot, “Casbah”, signifie “Maison”. Ici, ce mot est pris au pied de la babouche, pardon, de la lettre ! Plus intime, le salon en mezzanine, dont les murs reflètent les ombres des lanternes en laiton, crée une atmosphère conviviale, à l'écart des autres clients. Aménagée de confortables banquettes, cette cachette idéale pour un groupe d'amis, offre une vue sur le resto à travers une fenêtre ajourée façon moucharabieh, pour voir sans être vu. Justement, une souriante hôtesse nous y conduit.
Derrière les lourds rideaux rouges tirés de chaque côté, se joue un joyeux bazar. Une nuée d'imposantes lampes mordorées, suspendues au plafond, illuminent des tables noires de 56 couverts dispersées dans ce restaurant aux airs de terrasse de la Médina. Installés sur des chaises en osier, nous sommes accueillis, non pas par un thé à la menthe, mais un verre d’eau de carafe filtré et un joli bocal en céramique rempli de popcorn. Retour à Paris. On redécolle, la minute suivante, avec la carte ensoleillée du chef Yves Maleba qui twiste la cuisine marocaine traditionnelle avec des influences internationales. Ainsi, on se régale avec les alléchantes entrées dont : l’addictif houmous et son pain pita, un gyoza aux accents méditerranéens pimpé de kefta frit et ketchup de dattes, les savoureux poulpes sur une marinade de chermoula, les pastillas garnis d’agneau à s’en croquer les doigts, ou encore les beignets aux légumes frits avec sa sauce samouraï qui tue. On se débat tant bien que mal, fourchette et couteau en main, avec les falafels fugueurs afin d’éviter qu'ils n'atterrissent dans l’assiette du voisin. Convivial, ce menu propose aussi des plats à partager, inspirés des recettes de grand-mère, tels que le méchoui, signature de la maison, confit pendant 3h, et le généreux poulet au citron confit poêlé. Et mercredi, c'est … couscous party avec sa soirée karaoké-piano-jukebox !
On termine ce festin sur une douceur : un gourmand Paris-Marrakech, un trio de choux à la crème revisités avec mousseline à la maa ouard et craquelin amlou, qui vaut le détour. Et, si l'on peine à finir nos assiettes, pas de panique : un "camel bag" est prêt à être embarqué. Mais revenons à nos boulettes. À peine cette dernière entamée, l'ambiance change de décor : lumière tamisée et musique folklo à plein volume. Place à la mini-prestation de danse du ventre mené par un danseur, orientale en bas et SM en haut. Rythmé par les applaudissements, l’artiste déambule autour des tables, bascule ses hanches d'une chaise à l'autre, invite parfois un des convives à improviser quelques pas avec lui. Pour s'échauffer ? Car la soirée se prolonge au sous-sol pour les clients du restaurant (les autres devront s’inscrire sur la liste du site), sur une piste de danse disco, où le DJ fait grimper la température avec un set éclectique. Sous un plafond de boulette à facettes, un public sans âge se déhanche jusqu'au petit matin (5h précisément), dans cet ancien hammam, dont les derniers vestiges s’impriment sur son sol et son immense mur en mosaïque. Drôle de souk !
18-20 rue de la Forge Royale, 75011 Paris
Service de 19h30 à 00h30 du mercredi au samedi
Club ouvert du mercredi au samedi de 22h à 5h
Réservations : www.lacasbah.paris ou au 01 88 33 41 78