INTERVIEW
Publié le
23 septembre 2025
Pourquoi cherchons-nous autant à créer le chaos qu’à le subir ? C’est la question que soulève l’artiste King Princess dans Girl Violence. Un "canon event" qu’elle traduit en musique dans ce troisième album, avant d’en révéler les dessous lors d’un entretien intimiste avec S-quive à l’hôtel Alba (Paris IXe). Rencontre.
Votre nouvel album Girl Violence est sorti ce mois-ci. Pourquoi avoir choisi ce titre ?
Le terme "Girl Violence" renvoie à cette forme particulière de violence entre femmes : sournoise, subtile, presque subliminale, parfois cruelle, mais rarement physique. C’est cette manière de se blesser mutuellement de façon presque invisible. J’y ai été confrontée dès mon enfance, notamment après mon coming out. Toute ma vie, j’ai eu l’impression que cette violence entre filles faisait partie de mon quotidien.
Qu’avez-vous traversé pour mener ce projet à bien ?
J’ai quitté Los Angeles pour m’installer à New York. Revenir dans ma ville natale a été une étape majeure pour moi. J’ai aussi changé de label. Mais surtout, j’ai enregistré cet album dans le studio de mon père, à la maison. C’était très important pour moi de passer du temps dans des lieux familiers. J’ai l’impression d’avoir complètement changé à travers cette expérience.
"Si cet album était une soirée, ce serait dans un club moite plein de lesbiennes, où tout le monde se déhanche corps contre corps."
Diriez-vous que c’est votre album le plus authentique ?
Je ne dirais pas que c’est le plus authentique, car pour moi tous mes albums le sont. C’est quelque chose qui compte beaucoup pour moi et chaque disque que j’ai sorti me représentait vraiment. Mais je dirais que celui-ci représente la prochaine étape de mon évolution artistique. C’est la suite logique.
Comment décririez-vous l’énergie de Girl Violence ?
Rock’N’Roll, baby ! C’est désordonné, chaotique, en colère, mais aussi sexy. Il y a un peu de tout. Si cet album était une soirée, ce serait dans un club moite plein de lesbiennes, où tout le monde se déhanche corps contre corps.
Qu’aimeriez-vous que vos fans retiennent de cet album ?
J’aimerais que chacun puisse s’y reconnaître. Qu’il puisse tenir le rôle d’un ami si tu traverses une rupture, une situationship, une période de doute où tu te demandes si une relation est faite pour toi ou non. Un ami qui te renvoie le reflet de tes propres histoires, de tes relations. Et peut-être qu’à travers ça, tu apprendras quelque chose, ou que tu y trouveras une forme de réconfort.
La couverture de votre album est orange. Pourquoi cette couleur ?
L’orange est une couleur intéressante. Petite, je ne l’aimais pas du tout. Mais j’ai fini par me rendre compte qu’elle peut être à la fois chaude et froide, ce que je trouvais fascinant. Et quand j’ai réfléchi à ce que représentait ce disque, il m’a semblé… orange.
"Je ne suis pas vraiment nerveuse, parce que venant de New York, je sais à quel point le public français peut être exigeant. Mais quand il t’aime, il t’aime vraiment à fond."
Y a-t-il une chanson qui correspond le plus à votre “vrai moi” en ce moment ?
Je dirais "Serena". Parce qu’elle porte le message que, malgré tout, et même grâce à tout, j’ai la chance d’aimer.
Quelles périodes musicales vous inspirent le plus, et comment apparaissent-elles dans Girl Violence ?
Je dirais surtout les années 1960, 1970 et 1990, un peu moins les années 1980. Mes parents écoutaient énormément de rock des années 1970, mais ils ont un peu “sauté” les 80s. Quand le grunge et le trip-hop sont arrivés dans les 90s, ça leur a beaucoup parlé, et forcément, ça a fini par m’influencer aussi. Ces inspirations se traduisent par de petits détails : un son particulier, une caisse claire, une manière d’utiliser la voix ou le piano… Ce ne sont jamais des références directes, mais des éléments subtils qui, une fois réunis, forment une identité. C’est vraiment ma manière de produire : construire à partir des détails.
Vous avez grandi à Brooklyn, dans l’univers musical du studio de votre père. En quoi cette immersion précoce a-t-elle influencé votre parcours artistique ?
J’ai grandi à Brooklyn et mes premiers souvenirs, c’est dans le studio d’enregistrement de mon père. C’était mon univers. J’ai passé beaucoup de temps à traîner autour des instruments, des musiciens… et bien sûr au côté de mon père.
Vous serez en concert au Trianon, à Paris, le 14 décembre prochain. Qu’est-ce que le public français peut attendre de ce show ?
Je ne suis pas vraiment nerveuse, parce que venant de New York, je sais à quel point le public français peut être exigeant. Mais quand il t’aime, il t’aime vraiment à fond. Il faut les conquérir, et j’apprécie ça. J’aime un public qui dit ce qu’il pense. Donc je suis hyper excitée. Ça va être un super concert, un vrai show rock, surtout que ça fait six ans que je n’ai pas joué en tête d’affiche à Paris. Pour moi, ça ressemble presque à un retour à la maison.
Quelles étapes de la tournée vous excitent le plus ?
Parmi toutes les dates de la tournée, Paris et Londres sont clairement celles qui m’impatientent le plus.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite de votre parcours ?
J’espère continuer à monter, à évoluer, à m’améliorer un peu plus chaque année.
"Girl Violence", de King Princess, disponible partout.