MUSIQUE

disiz dévoile "on s’en rappellera pas", un album qui explore la mémoire, la rupture et les métamorphoses

Publié le

21 novembre 2025

Avec on s’en rappellera pas, disiz signe l’un de ses projets les plus ambitieux, peut-être le plus intime depuis L’Amour. Ce nouveau disque, subtil et foisonnant, avance en clair-obscur, tel un carnet où chaque page ouvre sur un paysage différent : enfance, errances nocturnes, bégaiements du cœur, souvenirs éclatés et mirages contemporains. L’album réunit une constellation de voix qui élargissent encore son territoire musical : Theodora, Kid Cudi, Iliona, Laurent Voulzy et Prinzly. Une distribution qui témoigne de la liberté artistique de l’artiste, capable de traverser les genres sans jamais perdre sa singularité.

disiz ©Jérémy Beaudet

Un disque façonné dans le mouvement

Entre Paris, Bruxelles, Amsterdam et même l’île de La Réunion, le nouvel album de disiz a été enregistré dans une pluralité de studios dont on perçoit les atmosphères contrastées. Les morceaux semblent bouger, changer de densité, respirer différemment selon les lieux — comme si la géographie avait infusé la matière sonore. Le morceau d’ouverture, La rosée, donne le ton : une écriture fine, presque impressionniste, où les images se déploient par touches — blessures "cousues de fil d’or", aurores entrevues dans l’horreur, enfance attentive aux murmures du monde. Avec "Try Try Try", le dialogue avec Kid Cudi crée une parenthèse nocturne où les cœurs parlent en morse et où le mantra de la persévérance devient souffle vital. "Melodrama", partagé avec Theodora, plonge dans une douleur plus trouble, un méli-mélo sentimental aux teintes pastel mais aux blessures profondes. Dans "Babichou", Iliona apporte une douceur presque cristalline, tandis que "Surfeur", en duo avec Laurent Voulzy, glisse vers un conte amoureux teinté de nostalgie, à la frontière du rêve.

Un album de l’intime, mais aussi de l’époque

Si disiz parle beaucoup de lui, il parle aussi beaucoup du présent. L’époque traverse l’album comme une onde : violences sociales ("Le Récif"), vertiges chimiques ("Amsterdam"), fatigue morale ("Culpa"), ombres politiques. Pourtant, rien n’est frontal ; les constats s’insinuent à travers les images, jamais à travers les slogans. Dans "Paroboy", par exemple, il évoque une adolescence cabossée, abîmée par la rue, avec une tendresse désarmante pour ce personnage qu’il raconte comme on raconte un roman.

disiz ©Jérémy Beaudet

Un sommet émotionnel : la mère, la mémoire et l’oubli

Le morceau-titre, "on s’en rappellera pas", est sans doute la pièce maîtresse du disque. Une méditation lumineuse sur la mère — origine, refuge, monde fondé à l’intérieur du monde. On y croise des questions existentielles, un humour discret, et une réflexion poignante sur ce que l’Histoire retient ou efface : "Qui est Napoléon ? / on s’en rappellera pas". Cette tension entre la fugacité et la trace, entre ce qui disparaît et ce qui demeure, irrigue tout le projet. disiz y interroge le temps, l’identité, l’héritage. Le disque est moins un journal qu’un labyrinthe de réminiscences.

Un projet majeur dans son œuvre

"on s’en rappellera pas" est un album d’artiste adulte, lucide, traversé par l’usure mais aussi par une énergie neuve. Un album qui ne cherche pas à plaire, mais à dire — parfois à voix basse, parfois en éclats. Un album qui, malgré son titre, risque bien de rester.

"on s’en rappellera pas", disiz, disponible partout.

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