CINÉMA
Publié le
30 août 2023
"Neuf secondes. C’est le temps que je vous accorde pour décider de votre sort… " C’est avec ces quelques mots, lourds de sens, et lâchés méthodiquement, que l’acteur américain Denzel Washington se mue une nouvelle fois dans la peau du justicier Robert McCall. Presque dix ans après la sortie du premier volet de la saga Equalizer, et sous la direction du réalisateur et fidèle partenaire Antoine Fuqua — Training Day, The Equalizer, Equalizer 2 —, le lauréat de deux Oscars propose une performance aussi attendue qu’explosive, affrontant la mafia italienne dans le petit havre de paix du sud de la botte où il souhaitait couler des jours paisibles. Retour en cinq films sur l’ascension de l’ancien étudiant d’art dramatique devenu star hollywoodienne et, aujourd’hui, icône planétaire.
Il est à l’affiche de Equalizer 3 pour refermer le chapitre de la saga, qui a vu le jour il y a presque dix ans. Denzel Washington fait, de nouveau, vivre le personnage Robert McCall — ancien agent secret — en quête d’une retraite tranquille dans le sud de l’Italie. Ses nouveaux amis, sous le contrôle du crime local, l’homme protecteur décide de s’attaquer à la mafia. Un nouvel opus à l'intrigue toujours aussi bouillonnante, à laquelle l’acteur américain a adhéré sous la réalisation de son partenaire et réalisateur Antoine Fuqua, et un épilogue annoncé comme le confiait l’acteur hollywoodien à Empire, début août :“Je ne veux pas dire qu’il a trouvé le bonheur, et je ne veux pas tout dévoiler, mais il rencontre quelqu’un de charmant, dans une charmante ville et semble être en paix. Ça semble être le moment idéal pour s’arrêter. Presque dix ans après la sortie du premier film, ça marque la fin d’un chapitre. Je ne savais pas qu’il y en aurait trois. Je ne savais pas qu’il y en aurait trois. Je ne le savais vraiment pas lorsque nous avons fait le premier, je ne savais pas comment ça allait se terminer". Une expiration cinématographique qui marque le retour à l’écran de son duo avec l’actrice Dakota Fanning, presque vingt ans après le long-métrage Man On Fire (2004) de Tony Scott, dans le rôle d’Emma Collins, une agente de la CIA.
A 68 ans, l’acteur doublement oscarisé, sacré "Sexiest Man Alive" ("L’homme le plus sexy du monde") en 1996 par le célèbre People Magazine et dépeint sous les traits du "Monsieur Parfait d’Hollywood" offre une performance mêlant tous les ingrédients du héros charismatique et discret avant de tirer sa révérence. Celui qui se voyait journaliste avant de se lancer dans l’art dramatique, à la Lincoln Center Campus de l’université de Fordham (New York), est l’une des figures les plus emblématiques de sa génération. Engagé contre le racisme anti-noir, il est le second acteur Afro-Américain à recevoir l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans Training Day et celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Glory. Aussi humble que talentueux, celui qui trouve toujours la bonne formulation pour faire passer des messages de paix et d’unité n’a toujours pas son étoile sur la "Hollywood Walk Of Fame" à Los Angeles ("La promenade des artistes d’Hollywood"), preuve en est que le mérite n’a nul besoin d’être exhibé. Outre cette nouvelle super-production, de Malcolm X à Philadelphia ou American Gangster, retour sur une carrière cinématographique à succès.
Si le film Glory (1989) d’Edward Zwick a révélé Denzel Washington, lui octroyant même son premier Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, c’est bien le biopic sur l’itinéraire du militant politique pour les droits civiques et contre les discriminations, Malcolm X, qui a marqué sa consécration. Réalisé par Spike Lee — He Got Game (1998) et Inside Man (2006) —, cette production fleuve revient sur ses actions menées, la création de la Nation of Islam, son mariage ou encore sa conversion religieuse et, s’achève par une série d’images d’archives et de films plus actuels dans lesquels on peut voir Martin Luther King évoquant "la terrible tragédie" engendrée par son assassinat.
Adaptée du roman de John Grishman paru en 1992, L’affaire Pélican, réalisé par Alan J. Pakula, permet à l’acteur américain de revenir à sa vocation première : le journalisme. Denzel Washington y campe le rôle de Gray Grantham, journaliste au Washington Herald, approché par l’étudiante en droit Darby Shaw (Julia Roberts) au sujet de l’assassinat de son professeur et amant, Thomas Callahan. Une véritable plongée au cœur d’un secret d’état et d’un dossier explosif qui embarrasse fortement la Maison Blanche.
La même année, l’acteur américain forme un duo percutant et bouleversant avec Tom Hanks dans Philadelphia. Réalisé par Jonathan Demme, ce film est la première production hollywoodienne à traiter de l’homosexualité, de l’homophobie et du sida à travers un procès dramatique. Alors que le brillant avocat Andrew Beckett — campé par Tom Hanks qui remporte son premier Oscar du meilleur acteur pour ce rôle — est licencié par l’un des plus grands cabinets d’avocats de Philadelphie, car il est atteint du sida, il rencontre un confrère Joe Miller (Denzel Washington) qui accepte finalement de le défendre pour rétablir la justice. Si le film s’ouvre sous les notes du titre "Streets of Philadelphia" interprété par Bruce Springsteen, il soulève un tabou et une discrimination longtemps dissimulée. Un chef-d’œuvre d’interprétation et d’analyse.
Dans la peau du sergent-chef Alonzo Harris, qui opère depuis des années dans les quartiers les plus durs de Los Angeles pour la lutte anti-drogue, Denzel Washington donne la réplique à Jake Hoyt (Ethan Hawke), une nouvelle recrue en formation pour 24h. La musique culte "Still D.R.E." en toile de fond, signée Dr. Dre, anime l’intrigue de ce thriller policier porté par les rapports de force, les jeux d’acteurs, l’imagerie californienne, la sensualité fugace mais affolante d’Eva Mendes et le regard singulier d’Antoine Fuqua. Un rôle grâce auquel Denzel Washington remporte son second Oscar, mais cette fois-ci, du meilleur acteur.
Si l’on ne devait retenir qu’un rôle de l’acteur, ne serait-ce pas celui-ci ? Une vision réductrice, certes, qui s’explique par la précision et l’implication de Denzel Washington dans son interprétation de Frank Lucas, un baron de la drogue qui prend le leadership d’une organisation criminelle à Harlem, grâce à la "Blue Magic", au début des années 1970. Un nouveau biopic, réalisé par Ridley Scott, riche en suspens et porté par sa complicité à l’écran avec l’acteur néo-zélandais Russell Crowe (Inspecteur Richie Roberts) qui tente de remonter le fil d’un marché parallèle juteux. Une production qui ancre encore davantage Denzel Washington comme un acteur incontournable et bankable aussi discret qu’indétrônable.
“Equalizer 3”, en salle dès aujourd’hui.
Plus d'articles