ARTS

Dans l’atelier de Picasso, au château de Boisgeloup

Publié le

15 octobre 2021

Jusqu'au 24 octobre, Almine Rech célèbre les 100 ans de la naissance de César dans la résidence secondaire de Picasso, mentor du sculpteur marseillais. L'occasion de découvrir l'atelier du peintre cubiste et l’approche expérimentale multidirectionnelle qui unit les deux artistes, dans un havre de paix à une heure de Paris.

pouce de César château de Boisgeloup
Photo : Nicolas Brasseur. Courtesy of Almine Rech and Fondation César © SBJ / ADAGP Paris 2021.

On soupçonne peu le rôle de mentor qu’a joué Picasso dans l’œuvre de César”, souligne la galeriste Almine Rech entre deux toasts portés à son exposition-hommage au sculpteur marseillais, qui aurait eu 100 ans cette année. Almine Rech, c’est aussi la maîtresse des lieux au château de Boisgeloup, bâtisse du XVIIIe siècle acquise par Picasso et Olga Khokhlova en 1930, où se déroule l’Hommage à César jusqu’au 24 octobre prochain. Ce dernier admirait profondément Picasso, qui avait après Mougins, Vauvenargues et Cannes, jette son dévolu sur ce coin de Normandie, à 1h de Paris, pour y installer son atelier. Il y crée ses premières “sculptures assemblages”, figures en bois et en plâtre qui connaîtront ensuite, pour la plupart, des tirages en bronze, et quasiment toutes inspirées par sa jeune muse d’alors, Marie-Thérèse Walter. Un ensemble hétérogène qui sera découvert par César lorsqu'il s'installe à Paris, en 1943. Pour l'instant, c'est l'esprit de Picasso qui subsiste à Boisgeloup : entre les murs de pierres de ces anciennes écuries où trône le célèbre escabeau d’origine immortalisé par Brassaï, on imagine le maître espagnol pratiquer la taille directe, ses mains blanchies par le plâtre. A l'entrée de l'atelier, le fidèle fauteuil en cornes de César suggère qu'il est invité à regarder, prêt à s'inspirer.

Photo : Nicolas Brasseur. Courtesy of Almine Rech and Fondation César © SBJ / ADAGP Paris 2021.

Aujourd’hui, c’est un véritable bestiaire conçu par César qui se déploie à Boisgeloup. Dans les anciennes écuries, Le Coq en bronze soudé de 1947/1980 fait écho aux poules et hiboux emblématiques de l’iconographie de Picasso, de même que la célèbre Pacholette (1966/1991), qui fut longtemps considérée comme signant la fin de la période des sculptures d’assemblage de César. Au pigeonnier, c’est une Poulette en bronze qui semble avoir naturellement établi domicile à même le sol. Le peintre cubiste avait envisagé de faire l’acquisition d’une poule en fer soudé de César tandis qu’il visitait pour la seconde fois l’exposition « César, sculptures de 1955 à 1966 » à la galerie Madoura de Cannes, en 1966, commentant : « C’est un grand sculpteur, lui aussi. ». Picasso et César se rencontrent dans le Paris bouillonnant des années 1950. Ils fréquentent les mêmes cercles d’artistes à Montparnasse et Saint-Germain-des-Prés, alors que César occupe une chambre située sous l’atelier du sculpteur Alberto Giacometti. Si quarante années les séparaient, César et Picasso ont su créer une compréhension et un respect mutuel, notamment autour de leurs origines méditerranéennes.

atelier Picasso Boisgeloup
Photo : Nicolas Brasseur. Courtesy of Almine Rech and Fondation César © SBJ / ADAGP Paris 2021.

“Hommage à César”, jusqu’au 24 octobre 2021 au château de Boisgeloup, 27140 Gisors, et jusqu’au 12 décembre 2021 au Musée Picasso, 5,rue de Thorigny, 75003 Paris, www.museepicassoparis.fr

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