Bruce Toussaint : "Avec ce livre, je pense à tous ceux qui se sentent orphelins quel que soit leur âge."

C’est un exercice considérablement différent de celui qu’il a l’habitude d’effectuer chaque jour, dans les studios de la chaîne d’information BFM TV. Cette fois, il ne présente pas les nouvelles quotidiennes à la télévision mais se livre, dans un récit personnel et bouleversant, sur le décès de ses parents. "Heureusement, elle n’a pas souffert est l’histoire d’un deuil impossible pour un fils qui dit au revoir à son père et à sa mère, à quelques années d’écart", confie Bruce Toussaint à S-quive. Paru en avril dernier aux éditions Stock, l’ouvrage de 216 pages est le premier livre rédigé par le journaliste. Les morts de Jean-Claude - son père - et de Mercédès - sa mère – survenues respectivement en mai 2016 et en octobre 2021 ont poussé le quadragénaire à écrire pour narrer une douleur universelle : le deuil. Seul ce sujet sera d’ailleurs évoqué. "Spoiler : aucune anecdote croustillante sur la vie des rédactions dans ce livre ! Aucune révélation sur le PAF et ses turpitudes. J’ai choisi de mettre cela de côté pour témoigner", écrit-il. Interrogé par S-quive, Bruce Toussaint explique que l’ouvrage Heureusement, elle n’a pas souffert est avant tout "une histoire de famille extrêmement soudée et véritablement aimante qui vole en éclat au moment où l’un et l’autre s’en vont."

Deux parents aux personnalités si différentes

D’un côté, Jean-Claude, mort à l’âge de 68 ans à la suite d’un cancer de la peau, est très réservé et taciturne. De l’autre, Mercédès, décédée à l’âge de 73 ans à cause d’un arrêt cardiaque, est très énergique et extravertie. Tandis que la mort du premier est plutôt lente et succède à des mois de souffrance, le décès de la deuxième est soudain et succinct. C’est dans la rue Dombasle du XVe arrondissement parisien que le journaliste et son fils ont découvert le corps sans vie de Mercédès Toussaint, espérant que les secours parviennent à la réanimer. En vain… Le présentateur de l’émission Le Live Toussaint explique, dans le livre, la façon dont il a vécu cette scène terrible et comment en un instant, il se rend compte qu’il ne pourra plus parler à celle qu’il aimait tant.

Annonce du décès, funérailles, incinération, enterrement, vente de la maison familiale… Toutes les épreuves successives adjacentes à la mort d’un proche sont détaillées dans les 216 pages de l’ouvrage. C’est d’ailleurs par tous les souvenirs qui ressurgissent dans une maison désormais vide que commence le récit : "Quarante ans d’existence et des poussières. (…) Cette maison était l’ultime vestige de notre famille. Je la quitte en regrettant d’être aussi ému."

Un manifeste pour plus d’assistance aux "survivants"

Outre la narration de ces deux évènements tragiques, Heureusement, elle n’a pas souffert présente une dimension engagée et militante. Son auteur profite effectivement de la publication de cet ouvrage pour partager des revendications relatives à la nécessaire assistance destinée aux endeuillés. "C’est un livre que j’ai rédigé en pensant à tous ceux qui se sentent orphelins quel que soit leur âge", précise-t-il. Alors qu’aujourd’hui, seuls trois jours de congés sont accordés à la suite du décès d’un proche, le journaliste milite pour porter ce nombre à 5 jours minimum : "Comment une société aussi protectrice (…) peut-elle imaginer qu’au bout de trois jours, on soit prêt à reprendre une activité normale ? Ces trois jours sont une honte", clame Bruce Toussaint dans son livre. De même, consacrant un chapitre à l’importance de la psychanalyse, ce dernier suggère une séance d’une heure chez un psychologue, offerte par l’État pour toute personne endeuillée. Comme le rappelle l’ancien journaliste d’i-Télé et de France 5 dans son ouvrage : "Il est temps de prendre en compte ceux qui restent."

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"Heureusement, elle n’a pas souffert" de Bruce Toussaint, aux éditions Stock.